Parce que cela flattait ma
dive paresse, ma compagne,
ai décidé de rester en
bordure du jour, dans le flou -
Parce qu'il me reste un
petit goût pour ce rite (et parce qu'après échange avec Angèle
Casanova, il en avait été ainsi décidé)
me suis limitée – ou
presque, à part lavage cheveux massage pieds, cirage énergique des
bois, et voyages sur google street en écoutant musiques diverses -
en attendant la nuit, la musique et la voix d'un violoncelle, à la
lecture, comme le puis, des vases qui continuent à communiquer.
pour moi une fois encore, dernière ou non selon ma fantaisie, pour moi comme
chaque fois, puisque Angèle doit, en principe, donner sa lecture sa
recension - et ce sera certainement moins à la
va-comme-peut-ou-peut-pas - sur
http://www.gadinsetboutsdeficelles.net/spip.php?rubrique4
ou http://vasescommunicantsliste.wordpress.com
Entre
à partir d'une phrase
de Camus : seule la musique est à la hauteur de la mer, et de
deux photos de François Bonneau
François Bonneau
http://leportraitinconscient.com/2014/11/07/seule-la-musique-est-a-la-hauteur-de-la-mer-vasesco-novembre-2014/
un poème, poème qui
évoque un retiré en son château intérieur, ou plutôt son phare,
toutes distances abolies pour ses pensées qui s'élancent sans
obstacle – j'arrête cette tentative dérisoire
juste, pour qu'humiez le
parfum de ces vers
Ses rames, dans un
coin, sont des supports aux trapèzes d’araignées.
Il ne les regarde plus.
Son château intérieur s’appelle «Si seulement».
Si seulement il
trouvait la porte de son phare.
Si seulement il la
franchissait.
et
l'obsession de la boite,
et entre deux boites passer, grandi, des pensées sombres aux idées
lumineuses.. (résumé indigne, Brigetoun !)
ne pas supporter
l'enfermement et s'il se produit vouloir que la fenêtre soit voilée
pour y projeter des rêves d'espace, d'une île, ou si la porte est
enfin ouverte,
Je n’aurai que mes
bras et mes mains, qui m’ont si bien servi dans cet exercice
pénible à me hisser au niveau des toiles d’araignée pour voir un
peu mieux au milieu de cette opaline aux reflets verts et célestes.
Je roulerai mon corps jusqu’à la rive. Je me calerai dans la mer
et je m’aventurerai au milieu des petites ondes grisâtres. La
musique de la mer s’occupera de moi, bien sûr en orchestrant des
courants bénéfiques….
Celui qui lit. Celle
qui ne veut plus écrire… Celui qui veut écrire.
et à l'aube je me
casserai les plumes
parce
que je ne dois plus écrire, je le rêvais.. un beau texte comme un
poème
que je
voulais être seule, que je partais,
je ne ris plus. je ne
pleure plus.
je brûle.
j’ai commencé par allumer la cheminée
avec mes dictionnaires. j’ai enfourné mes anthologies, mes poésies
et mes précis de littératures. j’ai ajouté sans dégoût mes
romans posthumes, ceux sous pseudo, les anonymes et mes albums
illustrés. je ravivais les flammes à la lueur de mes cahiers.
et
celui qui...
texte
haletant, celui qui ne comprends pas tout, lisant, celui qui doit
faire attention, et passent la feuillée, une main coupée, un
transsibérien, le vent, la boue que l'on façonne..
Celui qui… peut,
enfin, se mouvoir seul… Que de temps… il en faut du temps… et
la vitesse ne sert à rien… qui ne compresse que de l’air… de
la boue, cet être inerte… on écrirait sur ton front… celui qui
lit… tu l’effaceras un jour, golem moderne, pour… celui qui
écrit…
à partir de
«questionnement Hantaï» de William Mathieu
Sébastien de
Cornuaud-Marcheteau
http://mariannedesroziers.blogspot.fr/2014/11/vases-communicants-avec-sebastien.html
le bruit du glas un
texte écrit avec seulement la moitié de l'alphabet, et le tour de
force s'oublie – un homme, Gabriel, lit une lettre, lettre d'un
légiste à propos d'Isabella, et le texte est goûteux, avec un
plaisir des mots, des mots parfois juste un peu trop délaissés, pas
rares, juste pas usés, recherchés pour leurs lettres,
Si gît là Isabella,
Gabriel l'adulera. Sur l'autel érigé à la déesse des Arts, il
idéalisera la beauté altière de sa libellule astrale...
Elle sera sa bergère,
et lui sera le bélier, le sigisbée béat de la seule titulaire du
sérail.
et
Marianne Desroziers
http://www.labyrinthiques.fr/2014/11/07/couleurs-et-matieres-marianne-desroziers-vasesco/
couleurs et matières
un
poème, poème adressé à un enfant devenu homme, qui se cherche
dans sa peinture, poème attentif, amoureux de cette peinture
Tu tâtonnes, hésites,
Prends appui sur les
parois
Ses aspérités te
rassurent
La vie naît sur tes
murs
à partir d'un grafiti
ou d'une fresque éphémère
Danielle Masson
http://wanagramme.blog.lemonde.fr/2014/11/07/vases-communicants-novembre-2014/#xtor=RSS-32280322
Mais à Clacton-on-Sea
ils ont chassé Banksy
le
récit d'une hirondelle qui s'est trouvée face à cinq pigeons
anglais (puisque ne pourraient être d'ici) parce qu'une amie l'avait
persuadée de cette excursion lointaine depuis l'Afrique, au lieu de
s'arrêter à Saint Maximin, récit plein d'ironie.. prolonger
excursion jusqu'à l'épuisement total pour trouver anglais aussi
rébarbatifs que les pigeons représentés sur le mur (bon c'est plus
long, plus goûteux)
L’atmosphère
était pesante, les habitants parlaient de roumains, de polonais qui
leur mangeaient la laine sur le dos. Tout d’un coup, ces anglais
plus que ronchons il les transforma en pigeons levant pancarte et
voulant bouter hors de la ville autrefois florissante les
étrangers.
Et qui devient l’étranger à chasser, moi,
Annabelle, la pauvre hirondelle qui avait volé beaucoup trop loin.
et
Wana Toctouillou
http://jetonslencre.blogspot.fr/2014/11/les-vases-communicants-novembre-2014-37.html
une série de grafitis
bruxellois beaux et savoureux ou plutôt des oeuvres de rues ou
sculptures
A Bruxelles se montre
un art vivant
On peut voir dessinés
un tas de porcs dormant..
et ce
refrain Mais à Clacton-on-Sea ils ont chassé Banksy
Olivier Savignat
http://carnetdemarseille.com/les-vasescommuniquants/
six poèmes, tercets,
nommés cosmogonies à partir d'une photo d'Eric Schulthess,
poèmes simples et délicats, comme ces détails qui contiennent le
monde
Chaque étoile de la
terre
mirant longuement
le désert des cieux
et
Eric Schulthess
http://sousmesdoigtslapluie.wordpress.com/2014/11/07/le-fils-du-guerrier-par-eric-schulthess-vases-communicants-de-novembre-2014/
le fils du guerrier
le fils du guerrier
avait trouvé la feuille dans la poche de la défunte, premier
vers du poème, et belle introduction à la description de cette
morte, sur la terre gelée et crissante, une morte de guerre, et aux
pensées du fils du guerrier.. de la fin de la guerre aussi, et des
morts parmi lesquels il ne fut pas, et de la poésie brusque, parce
que
Une poétesse, il
s’était dit en dépliant la feuille pleine de ratures.
Émerveillé que des
mots simples puissent naître du chaos.
Il n’en avait jamais
lu des poèmes de poétesse.
Se souvenait de poètes
récités au lycée cette année, mais point de phrases de dames.
jazz
sphère mot
qui lance chaque paragraphe de ce texte inspiré par une fresque, un
portrait de Monk, fresque où bientôt s'impose seule la sphère
jaune où il s'insère - et je découvre que ce mot est son second
prénom, ignorante que je suis.. de ce détail, Theolonious retenant
mon attention, et sa musique davantage à laquelle est vouée ce beau
texte que vous conseille de découvrir
Sphère. C’est bien
plus tard que tu l’entends avec John Coltrane au saxo alto, Blue
Monk, esquissé en ombre bleue tremblante, et que tu es sonnée,
le choc de deux génies, le grand jeu des solos, qui se cherchent en
duel, la partition piano sur laquelle le saxo refuse de s’aligner,
Coltrane verse en mode personnel, dans cette précipitation et
accumulation de notes qui donnent le vertige, alors le piano enchaîne
en ligne d’égo rivale, au jeu du chacun-son-tour, mais à peine un
partage, ils cherchent à s’impressionner par leurs glissando,
collaboration de cinquante-sept au Carnegie Hall, une proximité au
bord de l’abîme,
et
Dominique Hasselmann
http://www.christinesimon.fr/spip.php?article278
jazz qui souffle
Jazz qui souffle,
pousse, prie, crache, éructe ou caresse, embrasse, embrase,
s’insinue dans les sinus, étonne les oreilles, vrille ses marteaux
ou mailloches dans les encoches de la tête et du corps, martèle les
jambes et les pieds, dynamite le cœur et les poumons, fait vaciller
les tympans dans son cymbalum aigu, danser les labyrinthes
fusionnels, vibrer l’ossature impalpable des gestes immobiles,
dériver la barque des sentiments naissants ou éloignés…
jazz qu'épouse ce court texte qui pulse si bien... (aime)
camping
Angèle Casanova
http://www.pendantleweekend.net/2014/11/vase-communicant-52/
je campe ma vie
illustrée
par Manufrance
succession
de cycles, trop présente/absente – parce que la peur (dont elle
parle bien) fait disparaître, jusqu'au renouveau – vie campée,
vie de quelques uns qui restent en coulisse, vivent lentement,
jusqu'à retrouver regard neuf,
Ma queue sanglante,
abandonnée là, seul souvenir de mon passage. De mon existence. Sans
queue. En larmes. Pleine d’espoir. En l’avenir. Malgré cette
boule d’amertume qui me fait dire que non il n’y a pas
d’espoir, que je ne suis faite pour rien que pour camper ma vie et
courir vite. Alors j’avance. Je participe. En surface. Mais en
profondeur, je suis ailleurs. Et j’y reste. Et je campe. Ma vie.
et
Piero Cohen-Hadria
http://www.gadinsetboutsdeficelles.net/spip.php?article241
lecture au camping
suivre
avec lui le maître, un enfant de dix ans qui ne savait pas lire
(obstinément, malgré le soin que prenait le maître) mais qui
aimait chanter et chantait bien sur le chemin du camping, pour cette
presque fête, une sortie scolaire, il y a dix ans...
Nous passions devant,
et Guy chantait, je ne sais pas exactement quel refrain il avait
entonné, c’était un 5 novembre, tout comme aujourd’hui, il
était dix heures et demie, le soleil était à nos dos, et passant
devant l’hôtel j’y pris un prospectus. Sans y penser.
lire
le texte sensible pour trouver la petite surprise finale que l'on
attendait un peu, mais qui fait tant plaisir
combustion
Angèle Casanova (à
nouveau, je m'incline)
http://camillephi.blogspot.fr/2014/11/vase-communicant-de-novembre-avec.html
le feu
en partant d'un passage de
Bachelard, souvenirs délicatement et attentivement écrits,
souvenirs du feu, du père et de son accident du travail, du froid
matinal et du chat avant que la chaleur soit créée, du jeu du doigt
et de la flamme d'une bougie, d'une bouilloire qui tombe...
La boulangerie brûle
au coin de la rue. Les flammes s’élèvent haut dans le ciel. Et
rejettent des fumées noires et grasses. Toxiques. Les gendarmes font
la circulation, dévient notre chemin vers un parking qui nous
permettra de retrouver la rue principale un peu plus loin. Les pains
vont griller. C’est sûr. Lorsque nous repassons dans l’autre
sens, le soir, la rue est déserte. Le feu est éteint. La maison
s’est effondrée sur elle-même. Les murs noircis saillent en pans
agressifs. Une vague fumée s’échappe encore des cendres.
et
Camille
Philibert-Rossignol
http://www.gadinsetboutsdeficelles.net/spip.php?article242
la première allumette
une
série de belles photos, une série de textes ciselés pour dire
l'errance, la perte, la difficile avancée
Débiter les immenses
hêtres brésiliens à la tronçonneuse, à la hache, à une cadence
crescendo, pour obtenir 807 mille cure-dents et des poussières dont
les extrémités, quand elles seront souffrées, les métamorphoseront
en autant de belles allumettes / cacahuètes / c’est chouette... Et
de s’enfoncer dans la nuit en levant haut les jambes à chaque pas
pour ne pas être capturée par la boue que l’on ne distingue pas,
en reprenant son souffle pour ne pas être repérer par les
chouettes, s’engloutir dans la nuit avec, comme cap unique,
l’étouffé fracas des lames océanes quand bientôt, bientôt,
bientôt et de mollarder dans cette satanée boue…
une
sieste tardive parce que me sentais un peu trop fiu ou floue ou prête
à sombrer dans sommeil, yeux tombant dans les orbites - endosser
robe vert assourdi pour espoir timide
et
départ vers l'opéra, dans la belle et froide nuit, pour un concert
symphonique sous la direction de Samuel Jean.
une
entrée en musique avec un compositeur que ne connaissais pas, honte
ou malchance heureusement corrigée, un bref Hiver (N°2) d'une
suite en hommage à Vivaldi, le prêtre roux, de Pierre Thilloy,
néo-classique mais de belle qualité et force,
concerto
grosso de 13 minutes environ pour ensemble de cordes, deux flûtes
traversières, deux hautbois, deux clarinettes, deux cors, deux
clarinettes, deux bassons et deux trompettes
avec
salut du compositeur
Puis
le concerto pour violoncelle et orchestre en fa mineur de Schumann,
avec en soliste Gavriel Lipkind. (tunique longue et ample en velours
frappé, crinière bouclée s'agitant et belle attention au chef
d'orchestre) filant d'une traite, sans marquer de pause entre les
trois mouvements, sonate, lyrisme méditatif, rondo énergique,
musique d'inquiétude sourde, qu'accompagne, d'où s'élance le chant
ample et tendu du violoncelle -
Je
n'ai pas trouvé d'enregistrement par Gavriel Lipkind du concerto de
Schumann, alors si ne l'avez jamais (comme moi) écouté jouer, un
peu de Ligeti
premier
bis, le prélude aux suites de Bach, je crois, musique amicale et en
second, très beau et non identifié par moi, une musique lente et
profonde, plus proche de notre temps, du grave velouté à la clarté.
Entracte
trop trop long comme toujours – sortir sur balcon pour imaginer un
cigarillo - et pour rester dans le romantisme, et grâce à la chance
dans le peu que j'aime de cette musique (finalement je réalise que
ce peu ne l'est pas tant que ça) et que j'aime beaucoup, comme une
amie que l'on a plaisir à retrouver, la symphonie n°4 italienne
de Mendelssohn
allegro
vivace envie de danser–
andante con moderato – con moto moderato délices
– saltarello , presto euphorisant.
De
quoi m'en retourner joyeusement sereine vers la bintje écrasée, le
cabillaud et le sommeil recroquevillé.
5 commentaires:
Alors voilà que vous n'avez toujours pas décroché : qu'il s'agisse des "Vases" ou de la musique.
Mais celle-ci s'évase toujours...
en l'occurrence cette musique là s'évasait largement et énergiquement
Belle diversité en une journée !!! Brume persistante ce matin dans la Drôme et toiles d'araignées perlées en écho" du Phare"de tes vases
J'aime le violoncelle, si proche de la voix humaine.
moi aussi
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