Me secouer, partir à
l'heure où d'ordinaire, favorisée que je suis, j'envisage de
rentrer dans le jour, un peu après neuf heures, monter depuis mon
bord de fleuve dans la ville,
tourner autour du palais
dans la lumière,
suivre le chemin de la
promenade des papes jusqu'à Utopia..
sourire, boire un café
qui a pour lui d'être chaud et accompagné de bouts de sucre qu'il
ne saurait colorer, s'installer au premier rang entre murs lie de
vin, sous les voutes longues de briques roses, entre des copies de la
Clairon et de l'accordée du village de Greuze, attendre que la salle
se remplisse, écouter les trois mots de présentation d'une jeune
femme et regarder ce que vous ne sauriez voir, étrangers à la
ville, sous le pont d'Avignon, premier
film de Florine Clap
précédé
d'un très beau et sensible portrait, improvisé un jour, quand elle
était étudiante, où son sujet en a émis le désir, Adieu
Viviane, portrait d'une
«glaneuse», lumineuse, décidée et fragilement touchante, désir
venu peut-être de l'imminence, que la jeune cinéaste ignorait, du
débarras de son effarant fouillis et de son entrée, qu'elle
refusait et redoutait, dans une maison médicalisée où elle s'est
laissée mourir.
Sous le pont d'Avignon
(pas certaine d'aimer le titre)
donc, un film produit par Avril film, qui le présente ainsi
Sous le pont d’Avignon
est le premier film documentaire de Florine Clap. La jeune
réalisatrice plonge le spectateur dans les entrailles de la cité
des Papes, dans une balade onirique, à la rencontre des présences
et des empreintes humaines qui survivent, fragiles, dans les rues de
la vieille ville.
Récits de vies, états
d’âmes offerts à cœurs vifs, Sous le pont d’Avignon est une
ôde à une humanité en plein état de grâce !
sur
le site du film http://www.souslepontdavignon.com
où trouver, entre autres, les belles photos de Hugues Held, que je
n'ai osé rapter, la bande annonce du film
un
film qui a bénéficié d'un financement participatif (suis passée à
côté), un film sur lequel mon attention a été attirée par les
bandes présentant ses «coulisses» mises en ligne sur le blog de
Michel Benoît comme
http://avignon.midiblogs.com/archive/2014/12/13/envirouno-de-tournejage-822173.html
petits films sur le
tournage provenant du site du film comme (pardon pour la pub
spécialement débile, cliquez sur croix)
ou, avec Michel
Gauthier, peintre au beau chapeau, qui était dans la salle, aimant
se montrer et parler, contrairement à certains autres passants du
film
Je ne
voulais pas faire un documentaire social et frontal sur les SDF, et
les artistes de rue mais un film déambulatoire poétique, pour
montrer Avignon sous un autre angle, à travers des personnages à la
marge qu'on croise sans connaître, et à travers les traces et
empreintes laissées par des anonymes dans l'espace urbain.
dit Florine Clap
et
l'on voit les petites rues minces dans le léger flou de la nuit, la
peau blessée des murs, quelques fresques plus ou moins éphémères,
un long moment, plus convenu, sur l’exubérance d'Avignon en
festival, mais qu'elle montre en suivant deux troupes du off-off, et
puis, si on ne voit pas Coincoin, mort trop tôt, on entend Romy –
trop défaite elle ne voulait pas être filmée –, prostituée de
tant d'années, se réjouir d'avoir évité à une jeune femme de
l'imiter et de se détruire, parler de ses habitués, on suit Tony le
beau congolais sans papier qui campe à la Barthelasse, vit depuis
longtemps en France qu'il aime, se désole, discrètement, comme un
constat, de ne pouvoir travailler normalement, rêver d'une famille,
Oscar qui dit, comme s'il les créait devant nous, et peut-être le
fait-il, ses poèmes dans la nuit de la place du palais, deux
musiciens roumains, père et fils, d'autres, le mur des offrandes
avec la voix de l'ami Michel, et puis les passants, la place du
palais sous un déluge, et ce jeune garçon employé par la
municipalité pour enlever les affiches déchirées ou pendantes,
donner un semblant de propreté à
la jungle des murs, arbres etc... au moment du festival, qui,
discrètement, en redresse une, tente d'en raccrocher une autre... il
n'y a que le mistral qui soit petitement rendu..
Petit
dialogue entre Florine Clap et le public, contre lequel carcasse se
rebellait et que n'osait quitter depuis mon premier rang (d'ailleurs
j'échangeais par quelques mots à mi-voix avec elle et elle
incorporait sa réponse à celle qu'elle adressait au dernier
intervenant)..
et
retour dans la lumière, ayant passablement aimé, souhaitant qu'elle
puisse, comme elle le souhaite, voudrait le faire en 2015, éditer un
livre et un DVD pour que le film, qui n'a pas de distributeur, qui
n'est montré que dans quelques séances à Utopia ou dans des lieux
amis, soit vu.
Sur
ma place, pour désennuyer un peu deux des jeunes-femmes dans leur
baraque, acheté du vinaigre de miel et quelques fruits confits, et
puis me suis lavé les cheveux et j'ai passé le jour un peu à côté
de moi.
9 commentaires:
On espère qu'avec un nom comme le sien, prédestiné pour le cinéma, elle recueillera, outre les bravos, l'attention d'un distributeur qui sorte son film au-delà de l'utopie d'Avignon...
merci - oui joli nom pour une cinéaste
Hors des sentiers battus. Sympathique ballade.
Tu as capté la cascade de lumière !
:D)
passé le jour à côté de moi...****
du vinaigre de miel ? tiens tiens !
en fait parfumé au miel
Partout
si pure
cette lumière d'hiver
présente
jusqu'en la lenteur du conté.
très joli, merci
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