Parce que trop cloîtrée
m'étais, parce que la pluie était installée, parce que nous étions
le 30 novembre, premier jour de la foire de Saint André, parce que
c'est un prénom que j'aime, parce que je pensais à la solitude des
forains en ce premier matin tristounet, ai pris ma doudoune neuve, ai
pris un parapluie, et m'en suis allée
jetant un coup d'oeil aux
chalets «de bouche» - du moins à ceux qui étaient ouverts -
marchant avec réserve pour ne pas être arrêtée par les
commerçants désoeuvrés, pensant que les malheureux en outre, pour
respecter je pense les terrasses des restaurants, tournent le dos à
la rue... juste noté que rien ne me concernait là
m'en suis allée au long
de la rue Joseph Vernet, préférant le dynamisme anonyme ou les
coulées de feuilles aux médaillons du marché
jusqu'à Saint Martial, le
boulevard Jean-Jaurès, pour suivre les échoppes qui s'alignent le
long du square, et sur l'autre rive..
ne trouvant vraiment rien,
malgré mon désir de petit soutien, que je puisse me résoudre à
acheter (sauf une mini-bourse de mauvais cuir, pour dépannage futur,
je perds toujours mes petits porte-monnaie)
pour m'arrêter, fascinée,
badaud parmi autres badauds - ô la nostalgie qui dort dans les
citadins - devant les poules, tomber amoureuse, ou presque, du
plumage mousseux des grises,
et puis tourner, ne pas
longer les remparts pour voir si des petits chevaux ou ânes étaient
là cette année,
tourner le long de la cité
administrative, saluer les aigles de pierre qui s'ennuient, avec
l'humilité que leur devait l'amie des poules grises,
et retrouver la place des
Corps Saints, les santonniers, satisfaite de penser qu'il me sera
plus facile de résister à la tentation cette année où je ne
passerai pas devant eux presque quotidiennement, navrée pour
eux – ils rouspétaient un peu, espéraient que l'initiative qu'ils venaient de prendre - mettre de petites affiches renseignant les
visiteurs de la place de l'horloge - leur enverrait quelques groupes
animant les échoppes, discutant, attirant les autres…
mais ils ont suivi, assez
logiquement, la crèche de Carbonel, installée cette année dans
l'église des Célestins, rendant l'hôtel de ville à une
républicaine laïcité
et elle fera venir les
amoureux des santons comme moi qui, épaules poussant doucement
autres épaules, me suis frayée place pour voir, sourire, regarder..
suis incurable, les santons sont la seule chose que j'aime dans ces
fins d'année
Tout de même, en sortant
me suis attardée chez Isoline Fontanille
http://lousantonejaire.over-blog.com/page-854104.html,
ai sélectionné mes envies, ai fait grimace, ai cédé quand même,
tout de suite à une des deux plus raisonnables, avec le vagabond, me
suis promis de ne pas revenir pour lui et surtout pour Flouret et son
ânon (pourtant..) ou le plus récent chasseur.. (on verra si reste
sage – peut être un cochon gourmand..)
et suis repartie, mon
petit trésor enfoui dans mon sac, toute joyeuse, marchant aussi
vivement que le pouvais parce que midi approchait.
Place de l'horloge il y a
des boutis, les chocolats à l'huile d'olive qui me laissent rêveuse,
des bidules que j'aime pas, quelques potiers (les cadeaux, sapins,
décors sont aux Carmes) et là, j'y passerai parce que c'est mon
chemin, et m'y arrêterai parce qu'il y a - j'aime leurs confitures
peu sucrées, leurs mélanges - les gens de l'Isle sur la Sorgue «nos
saveurs provençales»
Retour dans l'antre,
démailloter mon pêcheur, lui dire de patienter, que ses compagnons
viendront bien plus tard... cuisine, déjeuner, musique, lecture,
paresse.
9 commentaires:
Merci de partager avec nous cette magie de la crèche provençale !
L'âne (un peu cher !) est joli : il manque les poules, non ?
Finalement, les animaux vrais ou en pierre se font concurrence...
Si l'on n'honore aucun des marchands, on peut toujours ramasser des feuilles. Il y en a tant et c'est gratuit avant que le vent ne les avale.
oui l'âne est un peu cher et le chien du chasseur encore davantage
en cherchant bien il doit y avoir des poules
quand à l'aigle, me fait trop peur
Pierre, et pour ça pas besoin de sortir de l'antre, ma cour suffit
Vent fou sans crainte avec "baleines renforcées"!! les buches s'envolent hors du foyer parait -il les jours de mistral
Merveille le petit âne tendre ,à craquer
Oh, vous, vous,
vous me faites craquer, Brigitte, votre pêcheur, votre Rom et sa danseuse, et même la poule grise à la robe mousseuse. Ne suis pas très "crèche", mais les santons, j'avoue que je craquerais aussi.
Oh oui, le camp des Roms avec la danseuse et le guitariste, et puis l'ânon gris, mais oh, votre joli pêcheur, j'aurais craqué aussi, je reviendrai le voir !
zut ai supprimé par mégarde le commentaire de Gérard
Vagabond bien moins cher que Flouret et son ânon .
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