Ouvrir les volets sur le
jour, sur des carreaux humides, sur petite pluie musicale et
obstinée, rester dans l'antre - tête sous l'eau, se laver les
cheveux.
Sortir en milieu
d'après-midi pour formalités - surprise d'un ciel bleu avec fuite
de nuages en grand élan – marcher, constater que c'est en fait une trouée
dans un gris moutonneux, avec des affleurements bleutés comme le
seraient des ombres douces au creux de l'aisselle d'une aile de pigeon... et
que le froid est là, venu, enserrant mes tempes, me rappelant que
petite vieille doit se couvrir la tête.. écourter, rentrer avec
début de malaise et bonnes résolutions pour ces mois d'hiver.
Thé avec une goutte de
rhum, se rencogner tout doux
Bénir les cosaques des
frontières http://lescosaquesdesfrontieres.com,
qui veulent bien m'accueillir, et me permettent, sans honte, d'y
piocher un ancien ce serait pour
palier au vide de mon crâne.
Ce serait –
11 – regarder le volcan
Ce serait à Saint
Eustache, ou Sint-Eustatius – je ne me sentirais pas encore digne
de l'appeler familièrement Statia – ce serait sur le rempart noir
du fort Oranje, regarder la ville, la baie, tenter de repérer grâce à
ses mats le seul voilier, notre bateau, vieille coque amarrée entre
deux grands trucs rutilants pour pèche sportive qui l'écraseraient,
du moins c'est ce que j'aurais pensé, fière de lui et jalouse pour
lui.
Ce serait savourer la
beauté presque intacte de l'île, l'absence, du moins dans ce que
nous aurions vu jusqu'alors, de ces hôtels de plage rutilants qui me
donnent si grande envie de fuir.
Ce serait écouter la voix
me traduisant par moments les explications de notre guide improvisé,
noter la présence française – sans doute évoquée pour moi –
le manque de jugement du dominicain Jean-Baptiste Du Tertre,
engranger dans un coin de ma mémoire ce qui d'ailleurs était facile
à deviner, la canne, la Compagnie, et puis, ce que j'oublierais sans
doute rapidement, et pourtant.. l'existence de la plus ancienne
collectivité juive d'Amérique, et que l'île fut appelée, à cause
de sa richesse, Rocher doré, malgré la noirceur des pierres de lave
du rempart..
Pour le reste, que je
découvrirais mouvementé, passionnant plus tard, sur Wikipedia,
j'écouterais peu, je songerais à cette découverte, en arrivant, la
beauté, la forme presque parfaite du volcan, tombant dans la mer, au
dessus de nous – je trouverais son nom, cette syllabe, Quill, un
peu légère, presque guillerette, en pensant à sa massive présence
et à la raideur rigoureuse de ses pentes – et je guetterais avec
crainte le moment où l'un de mes compagnons émettrait l'idée d'y
faire une excursion.
Mais il serait question de
se limiter aux jardins botaniques..
Séduite et soulagée, je
regarderais le petit pont, la mer, ses nuances, je fermerais les
yeux, je boirais le soleil, adossée à une porte de fer, la
caressant du bout des doigts, écoutant distraitement les voix.
5 commentaires:
La mer, de l'autre côté du pont...
la chartreuse sous l'eau ? sourire
Quand le temps est à la pluie
autant rester la tête sous la douche
l'eau plus chaude.
La pluie musique ..c'est beau ..je reste au concert
j'aime autant ce soir où ce sera musique sans pluie (enfin on verra, ça dépend de la musique)
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