Le second platane de la
place, mon voisin, mon préféré, le plus beau n'a pas encore subi
l'intervention des élagueurs et posait ce matin sa résille sur le
gris clair du ciel
journée tiède pour
l'hiver, bien assez fraiche pour la Brigetoun.. qui bien trop occupée
à apprendre avec application et anarchie, ranger un poco, en reste
paresseusement pour nourrir Paumée à ce dîneur, que j'aime
modérément, du moins le texte, tant pis, fallait pas si mal faire,
paru chez les cosaques des frontières (tant beaux textes et nouveaux
talents là que je me sens un tantinet déplacée, devrais me borner
à suivre) http://lescosaquesdesfrontieres.com
Ce serait –
16 – le dîneur
Ce serait un homme
vieillissant, comme le laisse penser ce crâne qui émerge, en
grisaille ombrée, de l’entrelacs des fins traits de crayon qui se
resserre, s'intensifie pour que l'on devine les yeux penchés sur la
main, la cuillère posée dans la nourriture, stoppée par une
rêverie ou la fixité du dessin.
Ce serait l'oreille niée,
la bouche noyée, dont on ne devine pas l'expression.
Ce serait hésiter entre
la première impression d'une présence imposante, d'une gloutonnerie
concentrée, et la sensation d'un flottement, d'une indécision, d'un
esprit en allé.
Ce serait cette douceur
ronde, ce corps envahissant et imprécis.
Ce serait la courbe noire
des épaules, répondant au noir de la bouteille ancrant l'image.
Ce serait ces épaules
courbées, le buste massif penché vers la table, l'assiette.
Ce serait la présence de
la grande tache blanche de la serviette, s'affirmant sur la dentelle
noire du dessin, qui ramènerait aux petits bourgeois installés
devant cette tâche importante, ce droit de l'homme installé, se
nourrir.
Ce serait une solitude
taiseuse, quelles que soient les éventuelles présences autour de la
table ou dans la salle.
Ce serait le goût que
j'ai pour les dessins de Seurat.
Ce serait, dit la légende
du catalogue de l'ancienne, grande, belle exposition Seurat au
Grans-Palais, le dîneur, un dessin de 1883 ou 1884, acheté
par Signac qui y aurait reconnu le père du peintre, notant dans une
lettre le bras artificiel qui se fait oublier, perdu hors cadre sous
l'ébauche d'épaule descendant, s'écroulant dans la grisaille, à
la droite de l'oeuvre.
Reproduction d'un
dessin de Seurat
catalogue de
l'exposition au Grand Palais de 1991
Edition des Musées
Nationaux
7 commentaires:
chacun son style, sa richesse, son regard. comparaisons inutiles. la pluralité des nuages fait la beauté et le rythme du ciel
Oui, la comparaison empêcherait toute création.
Impression de tristesse massive et dure dans ce geste esquissé d'un homme las
merci de vos passages
je ne comprends pas très bien le lien - suis petit crâne décidément ce matin
impression partagée, Arlette
En espérant que la coupe ne sera pas trop rase. Risque d'enrhumement.
à moins qu'il y échappe cette année (l'élagage n'est fait que tous les deux ou trois ans)
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