Le vent nous a quittés,
nous laissant température presque douce, presque, comme une
promesse, accompagnée de la grimace grise des nuages
Jour cahin-caha, avant de
partir, juste avant que le
crépuscule s'enfonce en noir,
vers le théâtre du Chêne
noir, pour trembler devant le double assassinat dans la rue Morgue
un
spectacle du collectif 8, créé en novembre au Théâtre National de
Nice, programmé ensuite par la Criée expatriée à la Friche de
mai,
adaptation
théâtrale par Gaële Boghossian de la traduction de Baudelaire,
mise en scène par elle et Paulo Correia, dans un décor de
Jean-Pierre Laporte (une boite au sol, au plafond, aux trois parois
de lattes de bois blanc, dans lesquelles s'ouvrent à volonté des
fenêtres, une porte, une trappe pour la machine à écrire..),
création vidéo de Paulo Correia, installée par Thomas Cottenet.
jouée
par Jonathan Gënsburger (Poe), Alexandre Zambeaux (Dupin) et un
figurant pour le marin français, les témoins du meurtre sont
filmés, apparaissent dans des vidéos et restent anonymes.
J'avais
trouvé, avant de partir, sur le site du théâtre, un lien vers une
vidéo-bande-annonce
et
ma foi c'est très réussi.
S'en
tiennent au texte, avec quelques passages de dialogue.
L'introduction
et le petit épilogue, reprenant des passages de textes de Poe, sont
dits dans le noir par Jonathan Gënsburger éclairé par une ampoule
pendantau dessus de sa tête, le texte et des images fuyantes,
angoissantes, un peu premier degré, mais volontairement, et rythmées
comme pour suivre ce que la langue a de poétique peuplant les
parois, glissant sur elles.
Les
chapitres sont marqués, annoncés, et Poe en dit et tape les
premières phrases sur sa machine, texte renvoyé sur les murs.
Au
moment de leur installation, Dupin ouvre la porte, et pendant que Poe
évoque ses connaissances variées une avalanche de parallélépipèdes
évoquant des livres s'engouffre, s'étale – et, même si relaté
ainsi cela semble un peu ou très sot, c'est très réussi.
Jeu
des comédiens entre l'illustration stricte de l'action décrite, le
rapport entre l'auteur et son personnage, une petite chorégraphie
pour servir de base au texte, et quelques petites gamineries.
Retour,
toute contente, sur des jambes ankylosées, dans une petite pluie qui
nous était venue pendant le spectacle, qui a pris force avec le vent
de la rue Peyrolerie, cinglant le visage de la Brigetoun tanguante un
peu, juste assez pour que charmantes enfants me proposent leur aide
que j'ai refusée gracieusement.
6 commentaires:
Poe ne manque pas de ressources... et la nuit les corbeaux le saluent.
c'était vraiment un bon spectacle, moins violent et brouillon que ne le laisse penser la vidéo (Dupin n'était pas joué par même acteur, est ce ce qui rendait le comique plus apparent ?)
Le vent entre douceur et aigreur. Le vent girouette. Le vent pirouette.
Cela me plairait , je note ...
et ton plaisir ragaillardit ce retour en solitaire dans les petites rues inquiétantes de la nuit
oh pas si inquiétantes, et très familières
et oui peut être, sont en tournée et me semble que c'est le genre de spectacle (très court en plus) qui plairait au Théâtre Liberté
le théâtre est aussi dans le ciel gris derrière les arbres
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