images sans importance,
quand oeil transmettait un ordre aux mains, quand elles trouvaient
l'appareil, quand n'y avait paroles à dire ou écouter, profil ou
face à regarder, esprit en allé dans le vague..
en commençant par une
route, jeudi,
quand on part à travers
Provence et Languedoc, avant de grimper, et de franchir cette
frontière insensible, vers Milhaud à partir de laquelle les tuiles
deviennent lauzes, les maisons prennent belle géométrie (ou sortent
navrantes de catalogues pour les plus jeunes)
quitter l'autoroute à la
sortie intitulée Saint Germain du Teil, et monter vers le village du
même nom, découvrir que le ciel de Lozère pourrait rendre jaloux
celui d'Avignon, découvrir en descendant de voiture que le vent est
un rien moins violent que le mistral qu'avions ces jours ci, mais
encore de belle force et extrêmement froid, comme une surprise un peu rude et vivifiante
prendre possession de mon
petit domaine, ouvrir la porte de derrière sur le fumoir, être
dissuadée d'y rester trop longuement, sans châle ou manteau
et partir en quête de
compléments pour le dîner des deux soeurs, en jetant un oeil plein
d'envie sur les provisions de bois jouxtant presque chaque maison
(mais pas de cheminée, incapable de faire du feu, et d'ailleurs
maison surchauffée)
laisser le soir tomber –
dîner presque tôt, se coucher après les poules mais pas tant
Et donc, vendredi, se
réveiller avec petit jour, regarder la lumière et les couleurs s'installer, se rendormir un
peu, comparer les goûts des confitures amenées, et comme il est encore trop
tôt, laisser pour la soeur la table prête et s'en aller pour que le
reste de petit vent frais finisse de me mettre en vie, pour regarder la
vallée s'ouvrir, l'herbe jaune d'hiver se
couler dans les creux, pour voir que si les brebis à tête noires ne sont
pas là, des chevaux tout aussi placides occupent leur place (mais ne les prendre en image que plus tard, quand nous serons familiers)
Puis s'en aller en
voiture, pour la jubilation du frère, rouler sur des petites routes
à travers bois, maisons à la belle géométrie, buchers, croix,
bois encore, tours endommagées, manoirs et petits châteaux, grosses
fermes, hameaux si beaux qu'on se dit qu'on n'oubliera pas leurs
noms (et ce soir les chercher en vain ces beaux noms, juste que l'un
était le Mas de je ne sais quoi), voir un chevreuil franchir la route en deux bonds, regarder en fait surtout le
bonheur de mon voisin, rejoindre le Tarn au sabot de Malepeyre, voir
qu'il n'est plus temps pour le point sublime et Sainte Enimie, et
revenir vers La Canourgue et, là haut, Saint Germain pour un déjeuner
avec belles, bonnes et intelligentes personnes
et, l'après midi, pendant
qu'ils discutent, décident, faire des allers et retours entre le
groupe du frère où je suis, tête étrangère et disponible, trop
populaire (sauf pour J J qui a décidé de me snober) et où je mets
la pagaille, et l'antre de rechange, découvrir le wifi qui fonctionne
avec des ratés, lire un peu du Volodine emporté (Bardo), retourner
vers le groupe, s'arrêter devant l'arbre qui fait face à la garderie d'enfants pour sa guirlande lumineuse en souvenir de Noël, devant les troncs
envahis de lierre ou portant petite jupe de feuilles mortes…
jusqu'à la fin du jour
avec, de chaque côté de notre demeure provisoire, les délicates rougeurs que
laisse le soleil en se couchant derrière l'église, hors de vue...
thé, whisky, conversation
détendue des deux soeurs, tiédeur, raviolis de la Drôme, crème fraiche,
oreillettes, banon en petite forme, Arte avec distraction,
et le samedi sera pour
demain.
8 commentaires:
Dans cette belle campagne ...un petit air de la maison des champs du Nord de la Drôme où suis encore dans la froidure et les feux de bois, la cheminée qui fume selon les vents !!
Bon retour Belles images
la drômoise saluait les plaques de neige au nom de celles de la Lance
merci de m'emmener en voyage. sortie de routines et rêveries
Enfin...
Belle pérégrination ! J'aime ces photos de crépuscule, notamment la dernière avec les moulins modernes...
Les troncs ne sont pas "envahis" de lierre, car les arbres et le lierre sont amis depuis toujours, la croyance populaire seule a prétendu le contraire...
J'aime votre ciel à la Magritte suivi du "tableau" aux deux tours..et puis toujours votre mélancolie..
Dominique ! un commentaire qui me fait encore plus plaisir quand je sais le mal que vous vous êtes donné - touchée
Marlène pour les arbres je sais, mais j'avais l'impression, en sympathie, qu'ils s'emmitouflaient comme moi
cette violente envie d'Aveyron, un de mes chez-moi, que vous créez par vos lignes et photos,
et moi coincée ici avec mes trucs à faire
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