commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, mars 03, 2015

Le bleu est venu plus tard


mais ce matin la rue portait les traces d'une eau qui s'y était laissé choir, qui restait en suspens dans l'air
et seules quelques trouées apparaissaient dans la couverte blanche et grise.
Avancions cependant dans une tendresse naissante, et je portais en moi une envie de sourire, une petite liesse sans raison, bien protégée de toutes questions
Sur le chemin de mon retour, place de l'horloge, quelques corps en manteau se délassaient devant le Cid café et le café de l'hôtel de l'horloge, les terrasses vides attendaient en grande patience sur la gauche, sauf deux qui hésitaient, attendaient que le sec s'affirme, que la place se peuple..
et en descendant la rue Saint Etienne, une fois encore, me suis interrogée sur les deux longs volets fermés, jouant avec des ce serait que rejetais aussitôt sur le chemin de l'antre.
Ce ne serait pas un malade, je l'aurais entendu depuis le temps
ce ne serait pas, pour la même raison, un pauvre être séquestré
zut, ça permettrait une histoire
je sais, ce serait une grande et haute, très haute, comme le sont les salons de l'étage noble, où seraient entassés – il faudrait, pour les découvrir, se munir d'une torche électrique, faute d'un chandelier qui serait plus en situation, pour aller sans heurt vers les deux hautes ouvertures, tenter de les pousser, forcer jusqu'à sentir flamber les veines du front, et dans un grand craquement faire entrer la lumière - des damas, des tapas, des miroirs, des statues sauvages et des marbres antiques, des tapis achetés à Constantinople ou Alep, de grands paquets crevés qui laisseraient voir des azulejos, des cornes de narval sculptées, un ours inuit en serpentine, des bijoux tunisiens, une bibliothèque de style Adam qui occuperait tout le mur du fond, d'autres objets, merveilleux ou d'un atroce mauvais goût, souvenirs d'un capitaine éternellement parti sur la mer sombre, vers la lumière, qui ne serait plus revenu depuis 1856, ayant coulé sur des rocs, ayant rencontré le vaisseau fantôme, ayant été pris à l'abordage par des pirates près de Java, ayant trouvé si délicieuse île, toute petite, dans les îles sous le vent, qu'il s'y serait établi avec son équipage, laissant leur navire pourrir lentement devant la plage, fondant une petite colonie, faisant beaux enfants avec belles polynésiennes, se faisant amis des hommes, après quelques combats qui avaient fait fondre les deux groupes, accueillant les européens de passage au long des années avec une amabilité distante, et s'effaçant de la mémoire
pas très vraisemblable ma belle, non pas très.

5 commentaires:

annajouy a dit…

derrière les volets clos la chambre des secrets... ;-)

Brigetoun a dit…

grand merci pour votre passage

Brigetoun a dit…

commentaire de Dominique Hasselmann effacé par ma maladresse

Se projeter de l'autre côté (du mur, de la fenêtre, de l'horizon...) est un principe d'invention.

Ne dit-on pas que l'imagination est la fée du logis ?
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et ma réponse
elle améliore mais elle maquille aussi les choses à corriger

jeandler a dit…

Le bleu revenu, les terrasses retrouvent leurs aises.

arlette a dit…

Et toutes ces merveilles endormies reprennent vie par ta baguette magique