Notre soleil local, vexé
peut-être de comprendre que son éclipse ne serait guère ou pas
visible et que tout le monde s'en moquait, avait décidé de se
voiler, tant que la pluie est venue en fin de matinée.
J'avais rendez vous avec
ma jeune banquière pour confronter ou comparer nos réflexions sur
un changement (tarabustée, agacée suis depuis plusieurs années,
depuis qu'ai réalisé que l'assurance vie souscrite auprès d'une
banque locale était en fait chez HSBC, banque contre laquelle
j'avais une dent avant même qu'elle fasse parler d'elle),
rendez-vous vite expédié puisque nous avions conclu, avant de nous
voir, chacune, que la prudence et l'éthique sont fort belles choses
mais que, compte tenu de mon âge, cela me coûterait un an, ou
davantage, de cette relative aisance dont je profite avant d'être
pauvre petite vieille dépendante... rentrée soulagée, jour en
lectures et petites activités,
avant de partir à
l'opéra, dans l'espérance, qui n'osait être franche, de trouver
régal dans la beauté sombre de Simon Boccanegra, un
des quatre opéras de Verdi que je préfère (parmi ceux que je
connais) avec Fasltaff, la force du destin et Otello - rédaction en
prose par Verdi à partir du drame d'Antonio Garcia Gutierez, avant
d'être mise en forme par Francesco Maria Piave, livret remanié par
Arrigo Boïto
Chronique
sociale et politique, drame romanesque.. société en mutation entre
idéalisme et pragmatisme politique, heurts des intérêts
particuliers et collectifs, complots, manoeuvres politiques, et drame
familial... etc…
Gènes,
Simon Boccanegra, corsaire, candidat des plébéiens, élu doge d'une
ville sous l'oppression des patriciens.. hanté par la disparition
de sa fille (dont la mère était fille du doge, le patricien
Fiesco), devenu vingt cinq ans plus tard puissant aux prises à une
révolte, à des blocages, des trahisons... La fille reconnue, prise
entre l'amour de son père et son inclination pour Paolo, le fils
d'un homme qu'il a tué, lequel Paolo l'enlève, ce qui provoque un
soulèvement du peuple, Boccanegra étant accusé de cet enlèvement..
affrontements entre patriciens et plébéiens... et sur cette base
les deux actes suivants avec complots, révolution etc.. et
réconciliation trop tardive pour que le poison ne fasse son effet.
un
superbe rôle interprété par George Petean
et
la mer, avec ses miroitements, est dans la musique.
Une
production de l'opéra de Tours, orchestre dirigé parAlain Guingal,
le
choeur de l'Opéra toujours bon (et merveilleux dans le choeur des
plébéiens du prologue, comme des vagues sourdes dans la nuit)
une
mise en scène de Gilles Bouillon, apparemment simple, rigoureuse,
aisée avec de belles images, un décor de Nathalie Holt sobriété,
géométrie, tentures, plateau quasi nu, lumières, une fausse mer en
ondulation d'une forme blanche ombrée de bleu,
et
des costumes de Marc Anselmi, moderne intemporel, noirs manteaux et
tenues vaguement militaire, gris pour les plébéiens, grand manteau
rouge ou bleu pour le doge, et robes longues, princesse, pour Amelia
avec,
donc George Petean, baryton, dans le rôle de Boccanegra, rôle qu'il a déjà
chanté plusieurs fois, force, éclat,
Wotjek
Smilek dans le rôle de Jacopo Fiesco (un faible pour ce personnage)
belle basse et silhouette grande et fine
Barbara
Haveman dans celui d'Amelia, la jeune fille, un très joli soprano,
presque mezzo, souple, musicale
Lionel
Lhote en Paolo Albiani, celui qui appelle Boccanegra, celui qui voit
en lui un tyran, celui qui trahit, le méchant, mais que l'on ne peut
qu'aimer pour sa voix et son jeu, baryton chaud, velouté, peut être
la voix que j'ai préférée
et
bien entendu un ténor juste un peu trop fort, juste un peu trop
trompetant, (suis de parti prix parce que finalement pas tant que
ça...) pour Gabriele Adorno
saluts,
applaudissements,
et
retour dans les rues qui décidément ont opté pour le printemps.
PS
Juste avant de partir, ai trouvé une vidéo (mais de tout l'opéra,
ma foi si avez le temps... je l'écouterai plus tard) d'une
représentation à Rome, où George Petean interprète Boccanegra
4 commentaires:
Tout ce battage pour une éclipse battue en brêche par les particules fines (élementaires, mon cher Watson !).
Le soleil est revenu l'après-midi, après avoir fait faux bond : la mise en scène avait quelque chose d'une bouche noire.
aime beaucoup cette seconde phrase !
Bel encorbellement et vue plongeante , tu étais bien placée
Quant à l'éclipse ??? elle s'est éclipsée timide devant tant de tapage
comme toujours pour l'opéra - balcon centre droite (zut) - et là avec des voisins en parfait accord
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