Matin bleu et doux, vent
qui n'est même plus une idée
croiser des groupes de
touristes non cornaqués et se retourner sur des langues inconnues
(comme quasi toutes) et des rires
m'en allais, soigneusement
à jeun depuis 6 heures, me faire pomper un peu de sang pour un
examen, et tomber sur une tête de mule qui voulait, contrairement
aux autres fois, une ordonnance du laboratoire (ai téléphoné à la
clinique, ils la leur faxent)
m'en suis retournée, un
rien furax, et trébuchant d'une faim nerveuse, vers l'antre et mon
déjeuner
cour, soleil dardé sur
visage, chasser pucerons des rosiers (effet de la crise, dérisoire
bien entendu, mais un peu triste, nous n'aurons pas cette année
l'exposition de rosiers embaumant le petit cloître du palais), et
cochenille noire de l'olivier, contempler la peau de crocodile
mouchetée de brun de mes bras, siester
et partir en fin
d'après-midi vers le Centre Européen de poésie pour voir enfin,
après deux renoncements aux lectures qui s'y donnaient, Fl'âme,
l'exposition qui a succédée à celle des élèves de l'Ecole
d'art, exposition de photos de Vanessa Gilles : cantaores et
danseuses, en liaison avec les nuits flamencas qui
se déroulent actuellement (et que, par paresse ou autres raisons,
j'ai négligées jusqu'à maintenant),
(j'ai
volé, en cachette, quand j'étais certaine de n'être pas vue, sans
pouvoir choisir, et avec gros sentiment de culpabilité, quelques
images en attendant, puisque une fois de plus j'étais en avance..)
Je
venais surtout écouter la lecture, alternée, en français par
Aurelia Lisoie (du moins je le suppose - je choisis entre les deux
noms celui-ci qui me semble lui aller), voix de soleil-melon, et en
espagnol par Theodora Carla, voix de soleil orange à peau rugueuse
de r, accompagnées à la guitare par Antonio Negro
(expansif/sympatico), de jeu et théorie du
Duende de Garcia Lorca
J'ai
fait acte de présence au petit pot, plaisanté un moment, accepté
un verre de jus de fruit qui s'est révélé antipathique à
carcasse, me suis éclipsée et j'ai repris en rentrant le petit
livre édité par Allia pour retrouver un peu du long passage
(traduction de Line Amselem)que j'aime et qu'elles avaient coupé
pour tenir dans le temps imparti
.. hay una barandilla
de flores de salitre donde se asoma un pueblo de contempladores... -
il y a une balustrade
de fleurs de salpêtre à laquelle se penche un peuple de
contemplateurs de la mort ; un verset de Jérémie du côté le plus
rêche, ou élégant cyprès du côté le plus lyrique, mais un pays
où la chose la plus importante de toutes a une ultime valeur
métallique de mort.
La casula y la rueda
del carro y la navaja y las barbas pinchosas de los pastores y la
luna pelada y la mosca...
La chasuble, la roue de
la charrette, la canif, la barbe piquante des bergers, la lune
chauve, la mouche, les placards humides, les décombres, les saints
couverts de dentelle, la chaux et la ligne blessante d'auvents et de
miradors, sont parsemés en Espagne de toutes petites herbes de mort,
des allusions et des cris perceptibles pour un esprit alerte, qui
remplissent notre mémoire de l'air timide de notre propre trépas –
que nos llena la memoria con el aire yerto de nuestro propio transito
– Tout l'art espagnol lié à notre terre pleine de chardons et de
pierres dures...
Et
comme j'ai manqué Luis de la Carrasca, le cantaor, au Balcon,
mercredi, un peu de son spectacle de l'année dernière que j'ai vu
et surtout écouté au théâtre de l'Oulle, à côté de chez moi
5 commentaires:
vive le retour des couleurs Avignon...
On peut espérer que dans les restrictions budgétaires de cette année, Olivier Py ne s'est pas oublié lui-même !
deux ou trois spectacles et d'abord la cour d'honneur avec un Lear pour l'ouverture et tout plein de représentations
(vais tâcher d'oublier deux Lear que j'ai aimé er faire taire ma petite hostilité de toujours..)
ceci dit c'est un retour aux origines, puisqu'au tout début c'était Vilar et sa troupe (pas si mal !) uniquement
tout était bien....à part le jus de fruits
le pauvre était parfait, c'est moi qui ne l'était pas… pas grave
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