le 8 mai 2015 suis sortie
paresseusement, après la seconde tasse de café matinale, dans la
cour, pour encourager la frèle tige qui supporte La rose qui
s'annonce et qu'avec mon pessimisme actuel je vois comme durablement
unique, à lui transmettre, sans mollir sous son futur poids, la force
d'éclore enfin, même si elle doit être minuscule.
Le 8 mai 1945, après
avoir été libérée, dix neuf mois auparavant, avoir traversé un
gros bout de Méditerranée (et avoir été enclose dans le gilet de
sauvetage d'un grand, forcément grand, officier pendant que Tit'Anne
l'était dans celui de notre mère – je disais maman – parce
qu'un sousmarin semblait roder sous nous), après avoir joué avec
mes cousins et cousines dans le jardin de la villa surpeuplée de La
Pérouse (on dit maintenant Tamentfoust) ou avec mon bienaimé
Mamadou au milieu des uniformes déclinant les kakis, des corps de
toutes couleurs ou presque, des langues diverses, au camp de mon
autre grand-père, après avoir attendu à Alger dans l'impatience de
ma mère, après avoir, sur un paquebot bourré et dans un train
surchargé, gagné Paris au début de l'année, et l'appartement des
grands-parents (qui étaient dorénavant à Kandy parce que la guerre
en extrème orient n'était pas finie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Combats_en_Indochine_(1945)
et mon grand père, entre deux réunions, comparait dans une lettre
ma supposée roublardise à celle de ma mère au même âge – je me
demande ce que j'avais encore fait), je regardais le ventre qui
allait me donner une seconde petite soeur quelques jours plus tard –
intéressant n'est-il pas ? Jacques, lui, devait être en Allemagne,
mon plus jeune oncle à La Flèche, les autres je ne suis pas arrivée
à reconstituer.
le 8 mai 2015, avais envie
de rien, des gouttes ont commencé de tomber dans la cour, j'ai
attaqué une partie des piles de repassage-défroissage, pendant que
le soleil revenait nous visiter.
Et, aveu, pendant une pause flemmarde, la découverte d'un indulgent RT de Claudia Patuzzi m'a renvoyée vers un des billets de mon alphabet d'août 2013, puis, avec une satisfaction narcissique - auto-indulgence qui m'étonne et que j'ai savouré, découragée par mon incapacité actuelle -, la lecture de la totalité dudit alphabet (à rebours, en cliquant sur le tag)
Et, aveu, pendant une pause flemmarde, la découverte d'un indulgent RT de Claudia Patuzzi m'a renvoyée vers un des billets de mon alphabet d'août 2013, puis, avec une satisfaction narcissique - auto-indulgence qui m'étonne et que j'ai savouré, découragée par mon incapacité actuelle -, la lecture de la totalité dudit alphabet (à rebours, en cliquant sur le tag)
4 commentaires:
Vous avez donc été "libérée" en vrai...
L'Histoire peut donc nous toucher autrement que par des souvenirs purement mis en images à la télé ou sur Wikipédia !
il suffit d'avoir accumulé des ans
mais elle devient alors fortement anecdotique
La vie est un long alphabet décompté avec plus ou moins de bonheur, arrivé au Z il suffirait de repartir à l'envers. Certaines lettres sont à sauter comme le V de violence et le G de guerre, et d'autres méritent qu'on s'y arrête plus longtemps comme le A
Le temps présent est une sorte de passé et le souvenir s'entre-mêle comme une trame qui va vers d'autres évènements comme dans un labyrinthe
Michel Butor il me semble le disait mieux que moi dans "L'emploi du temps" ( vais le rechercher )
Ton alphabet fait suite aussi ...Pensée du matin
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