commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, mai 01, 2015

Poètes en rude vie

A l'heure du café et du miel, sous le ciel qui s'allume en bleu fort haut au dessus de la cour, souhaiter bonne route à ceux qui se mettent en route pour la Lozère – avec petit remord passager d'une désertrice.
Laisser passer le jour, pendant que le ciel se masque et puis, en fin d'après midi endosser chandail et imperméable, 
réaliser en sortant que la lumière perce, faiblement au dessus du fleuve,
plus nettement dans d'autres directions, et m'en aller vers la rue Figuière, parce qu'en passant mercredi matin devant le Centre Européen de poésie,
j'avais vu des rectangles brunis comme vieux livres ouverts, sans attrait immédiat (un peu comme les premières images d'un dessin animé tiré d'un conte, avec fées scintillantes) , et puis une affiche qui annonçait une lecture pour ce jeudi soir, lecture de poèmes d'une poétesse dont je ne connaissais pas l'existence, et que les renseignements trouvés sur internet m'avaient donné remord de ne pas davantage fréquenter cet endroit http://www.poesieavignon.eu/2015/04/notre-programme-davril/ 
les panneaux étaient ceux de l'exposition Poètes en prison montée par «les Vilains Bonshommes», cercle de poésie réunissant des détenus du Centre Pénitentiaire du Pontet (le successeur de la prison Sainte Anne), pour évoquer des poètes ayant connu, à titres divers l'incarcération, chaque panneau réunissant un portrait, une petite notice biographique, un poème.. les poètes retenus étant Giovane, un jeune prisonnier du Pontet, Villon, Marot, Desnos, Nâzim Hikmet, Anna Greki, Albertine Sarrazin, Mahmoud Darwich, Abdellatif Laâbi, Yannis Ritsos, et Adonis
Les prisons s'agrandissent / Les poètes
Descendent vers la poésie
Vêtus de bure, dans les recoins... («de l'invasion» long et beau poème lu dans l'après midi et qui n'était pas celui figuré là - mais suis navrée, blogger bouffe la mise en page et le retrait des deuxième et troisième vers)
Petit tour, adhésion, achat billet, petit public sympathique mais réunissant des gens qui se 
connaissent, Brigetoun en retrait..
et, autour de petites tables, devant un espace meublé d'une table, d'un lampadaire, d'une harpe, d'un siège auprès duquel sont posés un accordéon et un objet non identifié qui servait à certaines percussions, accueillir deux jeunes femmes coiffées d'un feutre, venant évoquer, dire, Papusza (ou Bronislawa Wajs) poétesse et chanteuse rom de Pologne
J'avais fait connaissance avec son histoire dramatique grâce à
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/papusza-poetesse-reniee-par-son-166245 (un peu long, mais si vous avez le temps, vous aimerez cette femme, je pense) et au postcast d'une émission sur France Culture écoutée en vaquant ce jeudi matin, émission à propos du film de Dominique Prusak et Anna Szmuc «Papusza (la poupée)» http://www.franceculture.fr/emission-sur-
Très jeune, elle dit la bonne aventure, chante, danse, improvise des épopées... et joue de la harpe comme sa famille musicienne. Papusza devient poétesse mais n’en fait pas cas. Elle suit sa bonne étoile malgré les deux mariages successifs qu’on lui impose.
Rescapée des rafles et grands massacres nazis de la seconde guerre mondiale, Papusza échappe aussi aux vengeances ukrainiennes nationalistes et anti-polonaises de cette période. Dans beaucoup de ses poèmes, elle raconte le chaos quotidien de la guerre et elle sublime la forêt qui constitue le refuge instinctif de son peuple. ...
Arrivent les années 50. Papusza est brutalement sédentarisée, comme tous les tziganes du pays, par les autorités communistes, afin qu’ils deviennent ouvriers des grandes usines socialistes. A cette époque, un poète polonais rebelle, Jerzy Ficowski, fait publier les nombreux textes de Papusza, découverte et rencontrée en 1949. Papusza est alors bannie par les siens qui la considèrent comme traîtresse... Elle meurt le 8 février 1987 d’une façon misérable dans un taudis.

émission où j'ai cueilli ce passage d'un des chants
...j'ai grandi dans la forêt, comme un buisson d'or
..
le soleil, père tzigane doré, m'a réchauffé le corps
et joliment noirci le coeur
dans la source bleue je n'ai pas trouvé mes forces, j'ai rincé mes yeux
l'ours marche à travers les forêts
dans la nuit, une lune argentée
le loup a peur du feu et ne mordra pas les tziganes
la petite tzigane s'enfonce dans la forêt
le cheval tzigane hennit….
Mireille Perrier, la lectrice, reprend des textes de Jerzy Ficowski, des chants, des récits, des lettres de Papusza, en tisse un récit, une belle évocation de cette vie.
La jeune musicienne dont je ne connais pas le nom l'accompagne avec sensibilité, jouant de la harpe, de l'accordéon, ou tirant des instruments un simple souffle haletant un peu, chantant d'une jolie voix de soprano, en sourdine, comme effacée en accord avec le récit par Papusza de la vie dans la forêt pour fuir les allemands, ou entonnant seule un beau chant incompréhensible.
les images, sauf le portrait de Papusza qui vient de l'article de France Culture sont des captures d'écran à partir d'une vidéo (un passage, je crois, du film évoqué dans l'émission)
Un beau moment... des échanges au milieu des livres, verre en main,
et retour, yeux dans un ciel en beau camée de bleu très pale, de traces roses, de fines flamèches blanches et grises (rien à voir avec la photo trafiquée pour essayer de retrouver ce que j'avais vu, mais qui me plaît autant, et me donne même sensation)

7 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Je me demande si, un jour, on pourra visiter la prison du Pontet : ce qui signifierait qu'elle est vide !

Brigetoun a dit…

je crains qu'elle soit très très loin de l'être (même si bien sûr ce n'est pas Les Baumettes ou Fresnes)

pascale a dit…

Quand on voit comment tout est récupéré et trahi, on admire la poésie de Papuszka et aussi on comprend la défiance de sa communauté. Compliqué... merci pour cette visite en poésie

arlette a dit…

Le ciel est par dessus "Ton" toit
c'est beau

Brigetoun a dit…

c'est vrai, ils n'ont pas pensé à Verlaine (il y en avait trop ou le motif les gênait ?)

rechab a dit…

merci pour la découverte Papusza, du coup je me suis renseigné, et viens de publier sur mon blog une de ses créations....

https://ecritscrisdotcom.wordpress.com/2015/05/08/papusza-en-guise-davertissement/

Brigetoun a dit…

merci