M'en suis allée sous ciel
redevenu clair, dans chaleur un tantinet moindre, avec petite brise
vers le théâtre du Roi René.
On emportait l'estrade de l'orchestre de Casandre, les festivaliers et les touristes en famille comment à être remplacés par des groupes cornaqués, à contourner, les distributeurs de tracts se font rares, les parades ont disparu, restent les musiciens.
Et comme je n'avais que 30
euros sur moi ai voulu retirer de l'argent dans un distributeur au
coin de la rue, sur le derrière des halles, lequel distributeur a suivi bien
soigneusement, avec une certaine langueur, toute la procédure, et
quand j'ai appuyé sur sans ticket est revenu à l'écran d'origine,
gardant carte et billets – Suis entrée dans l'agence bancaire, ai
eu droit à l'affirmation qu'on ne pouvait récupérer la carte avant
le lendemain, et à un vous avez fait une fausse manoeuvre ou plutôt
c'est certainement à cause de votre compte, accompagné d'un regard
toisant.. Ai rendu regard toisant, assorti d'un sourire bouche fermée, appris qu'il fallait absolument
que je passe demain matin,
et m'en suis allée au théâtre, parce
que j'avais vraiment envie de voir la pièce.
Il s'agissait du contraire
de l'amour – reprise d'un
spectacle créé en 2011, montage d'extraits par le metteur en scène
Dominique Lurcel d'extraits du journal que Mouloud Feraoun (français
et kabyle, instituteur, d'une belle honnêteté intellectuelle, ami
de Camus et de Germaine Tillon, sachant qu'il était sur la liste des
personnes à supprimer)a tenu, à l'instigation de son ami Emmanuel
Roblès de 1955 à 1962, année de son assassinat par l'OAS. Une
complexité (mais la certitude de l'évidence de la nécessité de la
lutte pour l'indépendance). Une histoire qui me touche peut-être un
peu plus personnellement que beaucoup de français.
Une
interprétation sobre, une belle incarnation, par Samuel Churin,
accompagné par Marc Laubas, au violoncelle (qui annonce les dates).
J'ai
trouvé une vidéo d'une partie du spectacle, enregistrée en 2011
(seul change le théâtre)
suis
partie très vite, après les trois saluts de rigueur, compensant par
une force de frappe qui m'a fait mal aux mains,
mais
comme il était midi et demie, ai trouvé la banque fermée. Suis
rentrée, ai déjeuné, siesté, vérifié (me demandais si la carte
n'avait pas été recrachée pendant que j'étais dans la banque
puisqu'un ticket indiquant opération annulée est apparu juste au
moment où je repassai devant l'appareil) que mon compte était ok et
n'avait pas bougé.
Et
suis partie vers quatre heures pour passer à ma banque avant sa
fermeture (ont pas compris que je n'ai pu récupérer ma carte...) avant de continuer, avec un arrêt café,
vers
Aubanel, plutôt en attente, parce qu'on dit grand bien de Benjamin
Porée, le metteur en scène, parce que la pièce est de Botho
Strauss, voir la trilogie du revoir, avec
petite crainte aussi d'une critique un rien caricaturale (existe dans
un couple de riches dentistes, qui se montrent d'une grossièreté
dès qu'ils découvrent un rien d'impécuniosité chez leurs «amis»
qui, dans sa brusquerie, devrait suffire à les déconsidérer dans
toute société se voulant un rien civilisée)
Je
cède encore à la facilité en reprenant, avec deux des photos de
Christophe Raynaud de Lage, une partie du texte de présentation sur
le site du festival
Le petit cercle des
Amis des Arts se retrouve pour découvrir la nouvelle exposition de
Moritz, directeur d'un musée perdu dans la nature. La confrontation
avec les tableaux, mais surtout avec les autres, révèle bien vite
la solitude et le désespoir des individus. Botho Strauss place au
coeur de Trilogie du revoir la question de la représentation ; celle
du réel qu'offrent la peinture, le théâtre, la photographie, la
littérature, et celle que chacun se construit pour affronter ou
attirer les regards. Cette réflexion sur les images et sur l'image
de soi est l'occasion pour Benjamin Porée d'explorer à nouveau la
crise intime d'êtres sans repères. Êtres qui ne sont « pas tout à
fait personne et pas encore quelqu'un » et qui, même lorsqu'ils
sont appelés à prendre parti face à la censure de l'exposition, ne
parviennent pour la plupart qu'à la compromission. Parmi eux restent
les voix du poète et du fervent amateur d'art, qui rappellent que
revoir des oeuvres est une lutte contre l'oubli et les adieux.
Accentuant
les effets photographiques qui structurent la pièce de Botho
Strauss, Benjamin Porée donne au spectateur la sensation d'être en
mouvement, comme un visiteur qui s'approcherait ou choisirait l'angle
pour examiner un détail.
Alors
que dire, que le décor est intelligent, que les acteurs sont pour la
plupart très bons, qu'outre le thème de l'exposition et de la
réception, plus ou moins réelle, personnelle, de l'art (et il y a
quelques belles phrases, et d'évidents suivismes), la quête de
l'image de soi passe surtout par des histoires de couples.., qu'il y
a de jolis moments qui frôlent l'onirisme, des passages au noir et des
musiques fortes pour indiquer un infléchissement, que j'ai été
séduite par moment, intéressée de nombreuses fois, et que j'ai souvent décroché,
que cela dure trois heures, qu'un certain nombre de sorties ont lieu
un peu avant la seconde heure et puis par petits groupes dans la
dernière partie (mais la fatigue peut avoir joué)
que
les applaudissements ont été corrects mais très loin de l'ovation.
Que
cela discutait ferme à la sortie.. que ne me suis pas attardée,
parce que j'étais seule et que n'en avais guère envie, car le premier avis qui me venait à
l'esprit, court et trivial (mais qui est peut être une petite
critique en lui-même) était le besoin pressant de sortir que
j'avais jugulé pendant la dernière heure.
Mais
ne suis pas certaine du tout de ne pas avoir facheusement manqué de
sensibilité et d'antenne frémissante.
Que
m'en suis revenue jusqu'à l'antre, anesthésiée, par les petites
rues qui ne conservent que quelques îlots d'animation.
6 commentaires:
brutale chute dans le vide silencieux
trois jours festival et fermer tout ?
Et mal réveillée j'oublie de signer. Inadmissible cette histoire de banque, je me félicite chaque jour un peu plus d'avoir quitté ce milieu.
Merci pour ce partage du festival.
Tout fermer ou petit repos bien mérité ?
Catimini
Te voilà rattraper par les contingences matérielles et grande lassitude ... mais ne "ferme pas tout" Juste repos accordé
Je t'embrasse
Un distributeur glouton, comme en Grèce.
Sensé donner, il avale, pompe et nourrit Crésus.
me consacrer uniquement à la petite pile (pas si petite d'ailleurs) de livre à côté de moi, le mac me fatigue ! au moins un temps (et en fait ne le ferai pas.. mais envie de lectures calmes
Pierre heureusement (viens de re-vérifier) il n'a pas nourri un Crésus extérieur - mais faut que je lui consacre ma matinée (et pas envie de revoir la bonne femme, pourtant c'est idiot de se laisser atteindre par la sottise)
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