Partir à pas d'heure (un
peu avant neuf heures) dans la rue qui entre en chaleur (nous
commençons à avoir un semblant de fraîcheur nocturne, un peu au
dessus de 20°), qui installe son décor, vers la banque rapteuse,
jambes tremblantes et sourire flottant (suis pas à la hauteur du
mini-stess, vexant)
attendre qu'on s'occupe de
moi, apprendre de la jeune caissière, aimable en l'absence de la
petit-chef odieuse, que la carte a finalement été récupérée la
veille et renvoyée à mon agence,
partir un peu rassérénée
et avec courte rage (en fait il semble que j'ai fait depuis deux mois
trois erreurs, pas récentes, en saisissant mon code) vers ma banque
qui bien entendu n'a pas reçu l'objet – se dire la récupérerai
lundi, ai de quoi vivre jusque là, mais suis hors d'état de penser
spectacle
et rentrer tout doux, de tuyau nettoyeur en tuyau nettoyeur, vers
l'antre, se laver les cheveux, dormir…
Rester en dehors du
festival mourant, en début d'après-midi : lecture journaux dans la cour et à
l'ombre, et puis m'en aller vers seize heures vers le jardin des
Halles, sentant,, même si les chaleurs excessives semblent vouloir
nous quitter (34 ° disait ma machine), le soleil peser de nouveau lourdement sur moi.
Parce que théâtre des
Halles est souvent signe de qualité, parce que Dante, j'avais pris
dans les premiers jours un billet pour le spectacle de Serge
Maggiani, nous n'irons pas ce soir au paradis
J'ai
trouvé, en sortant de mon absence à tout de cette matinée, une
vidéo où il parle de
son spectacle, et j'étais un peu
inquiète de ce j'explique mais
puisque les mots devraient être pour la plupart ceux de Dante...
Il
commence par le dernier chant du Paradis, la prière de Bernard à la
Vierge,
Vergine
Madre, figlia tel tuo figlio
umile
e alta più che creatura
humble
et haute plus que créature,
terme
arrêté d'un éternel conseil,
tu
es celle qui a tant anobli
notre
nature humaine, que son créateur
daigna
se faire sa créature,
il
parle de Dante, ou plutôt de l'Alighieri, de la familiarité de tout
italien avec lui, il parle de son teint sombre preuve qu'il était
revenu de l'enfer, il va parler de l'enfer et donc il commence par
nel mezo del
camino di nostra vita... au milieu du chemin de notre vie,
l'équivalent de longtemps
je me suis couché de bonne heure dit-il.
Il
parle de l'exil éternel de Dante.
Et
revient à l'enfer que nous lisons au présent, un présent qui est
avant l'écriture, un présent qui annonce la demande que Béatrice
fera Dante d'écrire son voyage, à mi-chemin du Purgatoire... et
c'est dit avec faconde (trouvais juste un peu que Dante lui-même ou
ses mots, qu'il dit en italien et en français pour plaisir mien,
étaient un peu trop rares dans cette façon de nous le rendre,
peut-être parce que, ma foi, la clim, clim bricolée pour le
chapiteau et la plus grande joie de la majorité des assistants,
commençait, malgré mes efforts pour l'ignorer à m’oppresser,
maldecrâner etc...)
Et,
passé le premier damné
vidi e
conobbi l'ombra di colui
je vis et
reconnus l'ombre de celui-là
qui fit par
lâcheté le grand refus, après
qu'il ai, à nouveau, par un procédé qui m'agaçait un tantinet,
pas seulement parce que cela appartient à la rhétorique d'un ancien
président, interrogé la salle pour savoir qui était ce celui-là,
et qu'il nous eut révélé que c'était le pauvre Célestin le
saint-homme-pape-malgré-lui qui renonça à la papauté, effrayé
par les manoeuvres du futur Boniface VIII (lequel le fit enfermer
dans un couvent puis tuer) ennemi de Dante et, selon ce dernier de
l'église, plus encore que Clément VI et son prédécesseur ne le
seront de Pétrarque...
l'ai
suivi avec plaisir dans l'enfer, en goûtant le voyage, seulement je
me sentais de plus en plus mal dans ma peau, et me suis enfuie un
quart d'heure avant la fin, laissant le bouchon de mon brumisateur
dans le sac de ma voisine, comme souvenir..
et
comme j'étais en rogne contre carcasse qui recommençait ses
simagrées, comme il y a tant à voir - bon caché dans la multitude,
ou bon qui me pose des problèmes de trajet, d'attente, de risque de
ne pas accéder - dans la ville... ai décidé de rentrer dans
l'antre - croisant un rêve de fraîcheur place de l'horloge - et de rêvasser avec mon exemplaire de l'Enfer qui me ramène
toujours, un instant, contre un cyprès, au dessus de Sienne, devant
la façade de Santa Maria dei Servi jusqu'à la tombée de la nuit.
quand
je suis partie, sous ciel couvert, vers la cour du Lycée
Saint-Joseph, écouter, après que quelques gouttes aient obligé à
couvrir provisoirement les instruments, et que Vauzelles accompagné
de Py et d'Emilie Delorme, directrice de l'Académie du Festival
d'Aix-en-Provence, ait prononcé quelques mots appelant l'Europe à
prendre ses responsabilités, l'orchestre des jeunes de la
Méditerranée : 80 jeunes musiciens internationaux (Albanie,
Algérie, Bulgarie, Chypre, Croatie, Egypte, Espagne, France, Grèce,
Israël, Italie, Kosovo, Liban, Malte, Maroc, Monaco, Palestine,
Portugal, Syrie, Tunie et Turquie) - Terre
du milieu qui depuis la nuit des temps permet aux hommes et aux idées
de circuler, la Méditerranée a un génie propre : relier. Malgré
les guerres, les frontières de sa culture multidimensionnelle ont
toujours été perméables aux bruits du monde)
sous la
direction de Carlo Rizzi, et avec le concours de Ying Fang, soprano -
agrandissant ainsi démesurément notre mare nostrum - dans un
programme mêlant musique romantique, et contemporaine
l'ouverture
des Vêtres siciliennes de
Verdi
le
concerto pour orchestre d'Ana
Sokolovic (Serbie) – qui m'a intéressée davantage qu'il ne me
sédisait
et
après un petit entracte la symphonie
n°4 de
Malher.
Sages
saluts, et grands sourires échangés
Retour
en côtoyant des îlots festifs rue des Teinturiers, rue Bonneterie (superbes photos d'ectoplasmes censurées) et sur ma place.. patates, morue, gorgonzola, dodo
6 commentaires:
je lasse, je lasse, ne pas lâcher, me soutenir moi-même
Courage courage ...!!! fuyons!
Demain est un autre jour et d'autres aventures d'attendent
demain sera toujours festival (le in finit ce soir- le off demain et derrière il y a le jazz)
Vivre (et le tenter) désencartée , c'est pas facile.
Bientôt, tatoué(e)s dès la naissance ou empucé(e)s !
m'est resté guichet et chèque pour espèces (avec possibilité de se limiter un peu au nécessaire ce qui ne saurait pas faire de mal… loyer proche)
courage, Brigitte,
monday will be anotherday
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