suis pleutre, ou suis
cueilleuse de plaisirs sans peine grande, ai regardé mon sac de
linge à trimbaler ce matin, ai regardé ma balance, ai pensé à
certains moments hier, à la petite somnolence lasse contre laquelle
je dois parfois lutter et aux litres d'eau rejetés,
suis sortie au plus tout à
fait petit matin, ai salué les promesses virtuelles de mon olivier,
ai décidé que le linge attendrai bien sagement jeudi matin, ai
vaqué tout doucement, en écoutant Monteverdi (de coeur avec les
grecs, mais refuse de m'énerver dans l'antre en écoutant nos
maîtres à penser autoproclamés)
et pour saluer ma trop
grande prudence ou paresse, je reprends, comme d'autres l'ont fait, ma
contribution (pensais ne pas pouvoir, ça m'a pris pendant la cuisson
des pâtes hier...) à l'atelier d'été de François Bon... me voici
engagée à poursuivre - passez lire sur
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4188
(il y avait ce mardi matin 16 belles et différentes contributions et
suis très fière du voisinage)
Les peurs des autres,
oui je les prenais, surtout si elles étaient un peu insolites,
déjouant par là même toute tentative de rationalisation, mais je
les prenais un peu comme on joue, du moins je le prétendais,
seulement elles ouvraient un trou dans le monde solide, et l'attrait
de ce trou jouait en moi, tentant, si tentant que, grimaçant de ma
faiblesse j'y risquais un orteil, puis plus. Comme pour mes peurs qui
étaient restées légendaires dans la famille, dont je riais encore
pendant des années - cela s'est malheureusement estompé, tout le
monde l'a oublié maintenant que sommes vieux - chaque fois qu'on les
évoquait devant moi, avec une ironie assez peu tendre - nous nous
aimons, sommes liés à travers des séparations parfois très
longues, mais ne sommes jamais tendres, ou ne l'étions avant notre
grand âge qui s’accompagne d'un peu d'égoïsme. Mes peurs donc,
qui étaient comiques, entraînaient des comportements ridicules, que
je surjouais, mais qui étaient bien là, présentes sous le
ricanement, et la plus tenace malgré la disparition des chasses
d'eau à longue chaîne, peur de ce qui était là, que je n'essayais
pas de déterminer – un peu comme quand je nageais en surface dans
la paix de PortMan, ce qui m'incitais à plonger – dans ce monde
qui effleurait par la surface d'eau dans la cuvette, peur qui se
réveillait quand me levais, et je tirais la chasse depuis le pas de
la porte, au grand dam du mécanisme. Peur d'un bronze représentant
je ne sais quel guerrier, sans doute Vercingétorix, sur la cheminée
de la salle à manger d'une de mes tantes, pièce heureusement
pourvue de deux portes ce qui me permettait de circuler en prenant
garde à ne jamais lui tourner le dos... et la plaisanterie cruelle
qui faisait qu'on m'attribuait une place juste sous lui, transformant
le repas en enfer, surtout s'il comportait une viande. Peur d'une
robe de chambre rouge comme le sang, qui me faisait penser à la mort
de ma mère. N'y avait que les rochers un peu escarpés, les arbres,
le feu, la circulation dont je ne tenais pas compte quand voulais
traverser ou marcher sur la chaleur du macadam, qui ne suscitaient en
moi aucune appréhension..
et m'en suis allée aux
heures chaudes, avec une aimée chemise trop grande pour moi mais on
s'en moque, coton léger, air circulant, un peu paysan égyptien,
vers le lycée Mistral,
l'attente, à l'ombre
après le soleil brûlant des trottoirs ensoleillés de la rue Joseph Vernet
et les bienvenus platanes
pendant quelques centaines de mètres boulevard Raspail pour assister
à soudain la nuit, texte
d'Olivier Saccomano, mise en scène de Nathalie Garraud.
J'emprunte
au site de leur compagnie cette photo (qui ne montre absolument pas ce que j'ai vu, mais elle est belle) et ce fragment d'un poème de
Saccomano
Le ciel est un à-plat,
Sous nos pieds une
dalle.
Je voudrais n’avoir
plus aucune idée de l’homme,
Mais je n’y arrive
pas.
Quel soulagement ce
serait, imagine, si nous en avions perdu l’idée,
Plus d’idée de
l’homme, du monde.
La lumière tend à
baisser, les jours raccourcissent,
Il flotte dans l’air
comme une odeur de mort, aigre-douce,
Mais elle ne vient pas
des corps, non,
Elle vient des esprits
s'asseoir
dans la climatisation brutale du gymnase et se faire eau ruisselante,
y perdre une grande partie de sa force,
s'habituer,
apprécier le spectacle efficace, intelligent, le travail de la
troupe, (Nathalie Garraud dit notre mode de travail
ressemble à celui des dialogues socratiques : une idée est
mise en commun, puis elle est discutée, travaillée, tordue,
contredite, dépliée par les différents interlocuteurs. Nous
travaillons parfois en improvisation, parfois à partir de
propositions très construites (en
fait le résultat prend par moment un air de pamphlet, d'agit pop,
mais dans lequel se glisserait la complexité des sentiments
individuels, donnant chair à la thèse)
sur
le programme
Cette pièce met en
scène la figure de l'étranger, apparemment scindée en deux rôles
: celui d'un médecin arabe, le docteur Chahine, qui dirige le
service médical d'un aéroport européen, et celui d'un jeune homme,
un Arabe dont la mort soudaine et inexpliquée alimente les fantasmes
sanitaires et sécuritaires d'un continent sur la défensive.
L'aéroport, lieu de passage et de circulation, lieu d'échange et de
séparation, devient pour une nuit le théâtre d'une attente, d'une
suspension.
Les contradictions et
les fantômes de chacun, passagers et personnel soignant, sont
contagieux.
Une
série de chaises, comme dans une salle d'attente, deux corps
impassibles, un homme, une femme, en blouse blanche... et face à
eux, contre le mur du fond un qui semble appartenir au groupe de ceux
qui portent tous leurs biens sur eux, un rien défait, qui se
révèlera être le docteur Chahine
arrivent
deux hommes et trois femmes qui se dépouillent de leurs tenues
(vêtements et ce qu'ils disent de leur position sociale) se
retrouvent assis, nus, avant de subir des questionnaires et
d'endosser une tenue (pas exactement la même pour chacun mais qui
marquent leur entrée dans la quarantaine) et tout s'enchaîne
Parole
administrative, discours personnel, sentiment, stéréotypes et
craintes de notre société, cruauté tranquille, humilité bienfaisante de Marie l'infirmière, politique et bribes
de poèmes…
seulement
je n'avais pas pris conscience de ma faiblesse après cette suée/clim
et je suis rentrée la peur au ventre, de station appuyée à un mur en station sourire ferme et brumisation…
malgré
le petit vent qui se levait et jouait doucement avec les drapeaux au
coin de ma rue.
Ai
trouvé le programme de la saison d'hiver des Bouffes du Nord, comme
un sourire et une invitation pour l'inauguration de Lambert/étendu
vendredi (le silence, alors que l'ouverture était prévue le 3
juillet, m'étonnais et j'avais constaté en passant à côté à
l'aller et au retour que les travaux n'étaient manifestement pas
achevés)
douche,
vieille robe de coton usé, thé, un bout de chocolat, sommeil...
avec l'espoir d'un départ un peu après neuf heures (à cause de la
queue) vers les Carmes et cela que
tant désirais : le vivier des noms de Novarina, mais à aucun de mes réveils cotonneux je ne m'en suis jugée capable… restent vendredi et samedi, mais, selon le site du festival, il n'y a plus de place disponible.
Je mets ce qui me reste de force dans une petite colère contre ma lâcheté.
Je mets ce qui me reste de force dans une petite colère contre ma lâcheté.
7 commentaires:
Les peurs sont-elles aussi présentes sur les planches ? Le "trac" est-il l'autre nom du tric-trac du jeu ?
on lutte contre le trac en se jetant dans l'action
(sais pas pour les acteurs bien sûr, juste l'expérience des assemblées de copropriétaires à mener ou des plaidoyers devant commissions loyers)
ce qui me fat penser que j'étais un peu au delà de la simple peur : ne pouvais presque pas agir physiquement
Courage !! très intéressant , vais revenir te lire plus amplement
Merci
Déçue par mon début de festival IN. hélas! un roi Lear gueulard et caricatural.
J'étais complètement en bas près de l'entrée et j'avais le mur de projecteurs de la gauche de la scène en plein dans la figure. Je n'ai strictement rien vu pendant la plus grande partie du spectacle: j'étais aveuglée et carrément obligée de détourner le regard parce que la lumière était insupportable (place cat.1 à 40 euros quand même) !
Hier au soir "les Idiots" : exaspérant et malsain. Des "normaux" qui jouent aux handicapés physiques et mentaux pour faire sortir leur "idiot intérieur" qui est la part la plus pure d'eux-même! avec quelques scènes de très mauvais goût, le tout dans un magma sans queue ni tête. Comparé à un excellent spectacle sur les ouvrières de Lejaby qu'on avait vu juste avant, c'était à pleurer.
En plus, de mauvais sièges qui penchaient vers l'avant: quand on est au sommet des gradins c'est bizarre comme effet.
Richard III, le seul qui surnage, est archi complet.
Aurez-vous un moment pour venir voir notre "La folie - Lacan" au théâtre du Chapeau rouge à 17h30 jusqu'au 15 ?
désolée mais je pense que non, me limite un peu, si vous avez lu vous savez que j'ai du mal à assumer
Je vais m'efforcer d'oublier votre avis sur les idiots avant dy aller
mais pour Lacan, essaierai, mais vois mal comment
de plus je fuis toutes les clims (sauf l'opéra ce soir et j'ai très peur de ne pouvoir tenir, les supporte très mal
Au Chapeau Rouge peu de clim pour limiter son bruit perturbateur!
épuisée peine à voir ce que j'avais prévu et même à assurer la vie courante
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