frissonnante dans le
polo-chemise-de-nuit à longues manches, me refuser à laisser monter
nostalgie des nuits de canicule, et saluer l'ainé des boutons de
roses, tout juste éclos (son cadet viendra avec le crépuscule)
voir que la météo
prévoit un orage ou de grosses averses pour l'entrée dans la nuit
et le premier concert dans le cloître des Carmes
et m'en aller à la
recherche d'un sac de toile point trop laid, point trop malcomode,
sous un ciel pur
sillonner les rues
commerçantes, les boutiques qui affichent l'hiver, sous les trainées
de nuages qui s'en viennent, et trouver, finalement, en fouillant, dans la
boutique-bazar qui pue l'encens, un truc qui ne fait pas trop
folklorique, qui a un semblant de forme et une toute petite poche
intérieure,
sourire au bleu, à la
légéreté des nuages, à la dame et au plaisir de sentir l'air
prendre peu à peu une tiédeur aimable.. (et au zeugme pendant que
j'y suis)
rentrer, grimacer au sac,
coudre à l'intérieur une pochette brodée qui ne se verra pas,
penser que cela devra être considéré comme acceptable..
et dans l'après-midi,
entre des sorties dans la cour pour voir nuages venir, disparaître, revenir, dans la petite trouée de ciel qui la surmonte, mettre en mots les
idées de rêves qui tournaient vaguement depuis que j'avais lu les
consignes données par François Bon (et le beau texte de Michaux un
rien intimidant) pour l'atelier n°4 – compter jusqu'à cinq
(rêves) http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4204
– relire, hésiter, prendre comme de bon augure la pureté du ciel,
envoyer
1 – une pièce, mais
sans limite, sauf une barrière de visages, non, pas de visages mais
de masques exubérants, étranges, effrayants et splendides. Je veux
la franchir, les masques deviennent gigantesques, je veux leur
demander passage - ne sais si j'ai corps autour de ma bouche mais
j'ai volonté et voix - un caquetage qui monte couvre mes phrases, et
brusquement suis, moi, ce je qui a retrouvé corps, sous les pieds
qui étaient masques – 2 – une galerie somptueuse dans laquelle
avancer le long de murs où les tableaux se suivent en plusieurs
rangs superposés, si nombreux qu'ils se confondent en un bloc
splendide et chamarré, une idée de Rome, de palazzo Doria, les
sentant là mais le regard attiré par un grand miroir serti dans
l'or des boiseries, bon ce n'est pas le palazzo, qui s'ouvre face à
mes pas sur le reflet - tentation de me retourner pour vérifier ce
qui est derrière moi, et certitude d'être déçue – le reflet
d'une longue galerie claire ornée de gypseries dans laquelle trône
une lourde silhouette de vieille femme dans un sarrau de riche soie
noire au col bordé de grandes dents animales, silhouette qui
s'efface pour dévoiler la grande glace bordée de coquillages sur le
mur du fond aux sculptures évoquant une grotte artificielle, glace
où se réfléchit un couloir aux lambris de chêne clair dans lequel
court un squelette vers le miroir rond d'où un lévrier au beau
regard triste me regarde, lévrier vers lequel suis emportée,
certaine qu'il est moi – 3 – planer délicieusement au dessus de
bosquets, de petits bois qui tombent au loin dans la mer, en se
jouant des ravissants nuages, aussi petits et délimités que si je
les regardais allongée dans un pré, où suis peut-être – 4 –
une nuit parfumée, une lune ronde qui dore les herbes où suis
assise, écoutant une musique qui m'enchante mais que je n'entends
pas – 5 – glisser plus que nager, dans une clarté sourde, serrée
par la verdeur d'une eau fraîche, sans être gênée par la
respiration impossible, dans une allégresse souple, vers un rocher
où s'ouvre un trou sombre, y pénétrer, en refus instinctif, mais
parce que cela est évident, contractée de terreur et de
détermination, déboucher dans une clarté argentée, s'échouer sur
une grève de cailloux bleus, et lever les yeux le long d'une
cheminée de roches lisses vers le ciel inatteignable, se réveiller
dans une sueur angoissée.
Lire
les autres, en admiration constante et d'intensité variable,
constater que j'ai été beaucoup plus longue que la plupart (suis
pas seule et j'aime beaucoup le texte de mon compagnon en prolixité
relative).
Mais
quand suis partie, un peu après vingt heures, le ciel s'annonçait
pour le moins douteux... ai enfoui au fond du sac un mini parapluie,
mis sur mon épaule l'étole hollandaise et m'en suis allée…
Bon..
il y a eu de fortes averses, public sous les voûtes, sous parapluie
ou stoïque dans les gradins, instrumentistes sous dais et jeune,
courageuse et assez superbe chanteuse s'y réfugiant autant que
possible.. de longues éclaircies (toute la dernière heure) et un
orage pour saluer mon arrivée dans l'antre vers 11 heures 30.. en
fait de longs moments de bonheur.
en
parlerai, peut être demain en même temps que du second concert.
1 commentaire:
Quelques instants de pur bonheur et le ciel renaît d'espoir et la vie est belle
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