la pluie attendue est
venue dans la nuit, me suis rencognée devant la cour humide... avant
un brusque et violent orage – et pendant que j'épongeais la toute
petite langue d'eau qui pénétrait dans la cuisine, faute
d'évacuation assez rapide de la brusque masse tombée du ciel, coup
de sonnette et engueulade, sans vouloir écouter réponse, de
l'antiquaire que je surplombe, qui a été inondé, ne sais à quel
point mais cela semble grave et j'en suis malade pour lui... sauf
que, même s'il a parlé d'un bouchon dans la canalisation qui aurait
cédé, j'en doute... je suis obnubilée par le risque et veille
(changement de la protection selon le temps, curage une fois par
semaine de la petite rigole) – ne serait-ce que pour moi - à ce
que rien, sauf le diamètre de l'évacuation, à ce que rien
n'entrave l'écoulement... ai prévenu assurance, et pense que les
relations avec cet homme charmant seront désormais tendues. Un vague
et agaçant sentiment de culpabilité, pénible, qui m'a accompagnée
pendant une bonne partie du jour.
Tourné en rond, et
finalement ai repris les photos de Lambert, et, suivant la lumière sur
le sol, suis passée aux salles suivantes,
avec le début de la
collaboration avec Richard Peduzzi, depuis Sartrouville (il y a de
beaux dessins, répartis dans toute l'exposition, certains un peu évanescents, que je n'ai pas réussi
à photographier correctement – pourtant ce dessin du décor de
Quai ouest est, lui, net et
coloré -, incapable même de respecter une des maquettes les
plus simples comme celle du décor de Wozzeck),
Les sols et les
plafonds des cages de scène vides me donnent toujours la même
impression de silence : la sensation d'avoir laissé tout ce que je
connaissais à l'entrée d'un désert, l'urgence de rebâtir pour
inventer, à chaque fois, un nouvel horizon. Patrice Chéreau
s'emparait des univers que je lui proposais comme s'ils lui
appartenaient, il les recomposait... Il remettait sans cesse tout en
question. Nous cherchions toujours ensemble le plus beau dessin,
celui que nous n'avions pas encore fait. On ne pouvait pas se
trahir... (Là-bas, c'est dehors
– livre de et sur Richard Peduzzi sous la direction de Claire David
chez Acte-Sud)
et
l'évocation des spectacles montés après Sartrouville comme ce
dessin préparatoire de Chéreau pour Massacre à Paris à
Villeurbanne
Le
premier contact avec l'opéra, pour l'Italienne à Alger en
1969 à Spolète (euh je suis
restée en arrêt devant une lettre de
spectateur un peu décoiffé)
avant
Bayreuth et le Ring, avec des lettres, bien entendu, des photos
d'Antoine Wagner (souvenirs d'Eva Wagner Pasquier dans le catalogue),
des dessins de Peduzzi, un dessin de Balke, les filles du
Rhin et Asche fur Paul
Celan d'Anselm Kiefer – pour
mon plaisir, enfin je n'en suis pas certaine – des notes de
Chéreau, etc…
Retour
au théâtre avec des dessins de décors de Richard Petuzzi pour Peer
Gynt à Villeurbanne.
Dans
la salle intérieure, avant la galerie ouverte sur la cour, c'est la
création, avec Catherine Tasca, des Amandiers de Nanterre, et le
combat de nègre et de chiens de
Koltès (un dessin de Basquiat, son portrait par Louis Jammes, un
dessin de Géricault… )
les paravents de
Genet (tant pis, j'ose), la fausse suivante de
Marivaux(photo Pénélope Chauvelot), quartet de
Muller (pas d'image mais c'est le seul de ces spectacles que j'ai vu
à Nanterre à l'époque – petit budget et peu de théâtre - avant
de devenir une habituée après 1990, au temps de Vincent),
quai ouest et
dans la solitude des champs de coton de
Koltès (études de maquillage par Moidele Bickel, dessin de
Giacometti, photo de Mapplethorpe, texte annoté et le beau double
portrait par Richard Avedon)
trois
photos de Duane Michals A Dream of Flowers dans
le passage vers la salle ouverte sur la cour, où avance l'homme de
Giacometti, près de deux Barcelo (ici le cri paisible)
et
puis, sans que je sache très bien où cela se situe et à quoi cela
se rattache, quelques oeuvres grappillées, un dessin de Gros pour
les pestiférés de Jaffa, un
Géricault
un
dessin d'Artaud, un Cy Towbly
et
peut-être est-ce avec le beau Bacon (peintre aimé par Chéreau),
une poupée de Bellmer, le dessin le monde paisible de
Brauner, entre autres, pour évoquer l'intérêt constant pour les
corps, entre autres oeuvres, que se trouvait une série de photos de
couples par Nan Goldin
Au fond, Patrice
Chéreau fait une ruade anti-platonicienne : il ne veut pas que le
beau soit distinct de la vérité. La violence veut faire avouer la
beauté. Le mouvement passionnel, la frénésie des
corps,l'impatience nerveuse sont au service d'une conviction selon
laquelle une vérité peut advenir dans le comble de la beauté.
(Jean-Louis Rivière dans le
catalogue)
avant,
dans la salle carrée, qui a gardé la fresque de Sol Lewitt, les
mises en scène de Shakespeare avec le décor pour l'Hamlet
dans la cour d'honneur en 88, un
dessin de Chéreau pour le Richard II dernier
spectacle de Sartrouville.
Arrivée
dans la grande salle du premier étage, dont je ne garderai, pour
aujourd'hui que quelques images de la première partie en rapport
avec De la maison des morts de
Janacek en 2007 à Aix en Provence, opéra pour lequel lui et Boulez
se retrouvaient,
opéra
pour lequel il avait réuni une assez importante documentation
et
puis, avant l'espace consacré à la Reine Margot, l'atroce
beauté des dessins, d'un tableau de Music
et
(même si je ne suis plus très sûre de leurs emplacements) un
portrait d'Hitler par Grosz
le
combat de Penthésilée de Raoul Ubac
et
trois nus de Géricault, Delacroix, Pierre Larrieu (mais sans doute
se rattachent-ils plutôt à la Reine).
désolée pour la qualité navrante des photos
7 commentaires:
Désolée que vous soyez une des victimes de la violence de ces orages, et merci de nous avoir emmenés au musée malgré tout cela, et un autre merci pour l'homme qui marche !
Très belles photos et article... arrêtez de vous dénigrer !
vous êtes indulgent
et moi je fonctionne avec fort sentiment de culpabilité là (moral atteint par les ennuis de l'antiquaire)
Belles et riches images , le plaisir de retrouver des oeuvres ( la barque de Kiefer)et découvertes d'autres facettes de Chéreau assombries
par les contingences matérielles de ces orages qui ont tout cassé ici aussi
l'aime la barque de Kiefer
me sens toujours coupable là (me demande si mes plantes ne nuisent pas)
Un nuage est passé. Plus facile de s'en prendre à sa voisine du dessus que du ciel.
il n'a pas tort tout de même, inondation parce que canalisation d'évacuation ne suffisait pas, il pensait bouchée, je maintiens que c'est ma terreur et que je fais ce que je peux pour l'éviter (pas toujours possible : si suis absente à un moment de fort vent ne peux empêcher les lambeaux de feuilles ou les granulats de passer, mais que le diamètre n'est pas suffisant en cas de pluie brusque et violente
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