en me réveillant, en
roulant hors du lit, ai réalisé que je devais abandonner mon projet
pour ce jour - qui était de profiter du temps charmant, chaud sans
trop, venté sans trop, pour sortir d'Avignon et aller enfin
découvrir autre petite ville - parce que étions mardi jour de
fermeture des musées, ai vérifié et c'était vrai
me suis lancée dans des
nettoyages trop négligés, étais contente de moi, un rien moins du
résultat parce que j'étais dans un de mes jours petites
catastrophes, ai réparé couci-couça, suis allée acheter des
yaourts pour voir le ciel et la danse des nuages, et le monde a
tourné un tantinet trop autour de moi, mais c'était beau
ai ouvert le fichier des
mauvaises photos prises l'autre jour chez Lambert, ai baissé les
bras, trop à dire ou pas assez, ai pensé plusieurs jours; plus tard
ai relu la proposition de
François Bon pour son atelier d'été
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4213,
me suis souvenue de ce que j'avais lu la veille en suivant les liens,
ai circulé en moi de lieux en lieux, ai tenté de préciser une
image... mais j'étais trop floue pour aller plus loin.
Alors me suis passionnée
pour les économistes atterrés, avec telle force que soudain la nuit
était là et mon thé parfaitement froid.
Donc ai repris
l'avant-dernier ce serait publié par les cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com
Ce serait –
35 – ce fut, c'est, ce pourrait être
Ce fut une arcature
simple, une nervure plissée posée sur des ébauches de chapiteaux,
une forme pure, une ouverture soigneusement modeste dans le bel
appareil d'un mur.
C'est une surface de
ciment, un peu grossière, exécution ou passage du temps. C'est un
enduit grossièrement taloché, un peu trop sec sans doute, avec
quelques trous, c'est un enduit jeté sur le bas du mur, mangeant
irrégulièrement l'assise respectée, c'est un enduit légèrement
creusé pour que ressorte les parties point trop endommagées de
l'arc..
C'est un questionnement,
instinctif, une envie de savoir ce qui se cache derrière ce masque.
Ce pourrait être une
cloison venue s'appuyer par tout à fait au centre de l'arc, pour
séparer deux pièces, ce pourrait être un grand placard tapissant
le fond d'une lingerie ou d'un office, l'appui d'une bibliothèque où
s'entassent les livres de deux ou trois générations en un désordre
apparent, ou des rayonnages où s'alignent des pommes derrière un
melon en train de confire, ce pourrait-être pourquoi pas un lieu un
peu secret, un cabinet pour y faire retraite, ou pour enfermer (non,
on n'aurait pas choisi un endroit nécessitant la construction de
deux murs, mais ne sais pourquoi la grande Bretèche a dû venir
faire un petit tour dans l'entortillement de mon cerveau), ce
pourrait être une alcove dans laquelle se nicherait un lit aux draps
de lin, recouvert de cretonne fleurie, gansée d'un galon à petites
rosaces entre des rayures, avec un cruxifix et un brin de laurier
séché, et dans le reste de la chambre il y aurait un charmant
cariolet tapissé comme le lit, face à la fenêtre et à une
coiffeuse, et puis en biais, dans un coin, placée dans la lumière
qui pénêtre le matin, une table, une mauvaise chaise, des
papiers...
Ce pourrait être
n'importe quoi, et en quoi cela me concerne-t-il ? Ce n'est pas, ce
ne veut pas être là uniquement pour titiller ma curiosité,
l'occuper le temps de cette attente. N'empêche ce serait bien
d'avoir des yeux capables de forer cette masse, de voir.
Ce serait plutôt
indiscret, et surtout ce serait follement ennuyeux.
Sans doute, alors
continuons... ce serait...
un couloir qui filerait
tout dret vers son but... Il est l'heure, il est temps de décoller
mon dos du mur, de repartir.
5 commentaires:
Comme une paupière fermée qui se fait son cinéma " sur l'écran noir de ses nuits blanches"
Velléités sans vanité.
Que la journée soit douce
l'esprit toujours en éveil
même de bon matin.
surtout de bon matin
ça ne dure pas
La relecture est aussi un plaisir...
merci pour cette indulgence
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