ciel blanc, bleu emplumé,
opale, blanc traversé de lumière
soleil mort, chaleur
égarée en chemin
une carte mémoire pour
réveiller le vieil appareil, et une razzia au rayon garçonnet (12
ans) de Monoprix pour l'hiver
écouter Jankélévitch
parler avec Serres de l'enseignement de la philosophie, ses élèves
et lui penser la mort et la philosophie morale...
ranger photos
et m'en aller, à la
tombée de la nuit, vers Utopia, pour assister à la projection,
organisée par un groupe d'associations, des
Chebabs de Yarmouk (chebabs
= en gros mecs) d'Axel
Salvatori-Sinz, film entrant dans la catégorie projetable pour
marquer sa semaine mondiale pour la paix en Palestine-Israël, bien
entendu, mais surtout très bon film par la qualité des images (Axel
Salvatori-Sinz semble avoir fort bien profité de ses études entre
son premier séjour en 2006 et le tournage en 2009) et par la façon
dont il nous rend la chaleur, l'enfermement, l'amitié du groupe, les
personnalités de chacun.. et leurs espoirs, problèmes, de jeunes
hommes tentant de trouver leur avenir, tâche un rien plus compliquée
dans leur cas
donc ce serait
un jeune anthropologue faisant un petit circuit pour rencontrer la
vie dans les camps de réfugiés, et rencontrant à Damas, ou plutôt
à Yarmouk, dans la banlieue de Damas, un des plus anciens et le plus
grand camp, au moins de Syrie, dans un centre culturel un groupe de
jeunes palestiniens (la troisième génération des réfugiés de ce
camp) à peine plus jeunes que lui, et la proximité qui est née de ce qu'ils avaient en commun : âges comparables, et ce moment où les projets sont
plein de forces et où on tâtonne pour leur réalisation.
Ce serait trois
ans plus tard, en 2009, Axel Salvatori-Sinz muni de son master en
cinéma documentaire (en gros, je ne sais quels sont les termes
exacts) revenant pour faire son premier film, centré sur six
personnages, filles et garçons.
Ce serait leur
beauté (ah Samir et ses boucles de pâtre grec), des échanges, en
groupe ou en duo, sur les toits, devant le jeu de cubes posés sur
cubes en parpaings jointoyés à grand renfort de ciment débordant,
(mais en rive du quartier ce qui était une chance puisqu'il est
interdit de filmer sans avoir demandé une autorisation ce qu'il ne
voulait pas faire) dans des pièces plus ou moins exigües pleines de
livres, de tapis, de Macs, ou autour de tables familiales, échanges
abordant sujets graves, profonds, sous le couvert des rires, ce
seraient les problèmes avec les administrations syriennes et
palestiniennes (pour se marier, pour voyager, pour tout, les garçons
doivent avoir fait leur service militaire dans l'armée de
libération de la Palestine qui ne libère rien
ce qu'ils retardent tant qu'ils le peuvent sauf Hassan, celui qui est
le plus attaché au camp, qui veut y vivre avec son amie, le seul qui
ne veut pas partir, celui qui restera même pendant la révolution,
filmant des petites vidéos pour YouTube, arrêté et tué sans que
son corps soit rendu), ce seraient les amours libres, et dans deux
des cas avec des palestiniens de l'extérieur, qu'il s'agit de
rejoindre, ce seraient les passeports, ce seraient des textes rédigés
pour Axel et des poèmes, ce seraient leur désir de théâtre pour
certains, de cinéma pour d'autres, ce serait la force de leur groupe
qui fait que l'une des filles qui a, par son père qui a obtenu la
nationalité allemande, un passeport et dont l'ami vit en Sicile, la
difficulté à s'arracher et ses retours, ce serait la délicatesse
de leurs rapports, ce seraient leurs rêves, ce serait les mères
massives au visage tendre et à l'humour salubre, ce serait un père
disant à son fils, dans la nuit d'une terrasse que sa génération a
de la chance, libérée qu'elle est du poids du désir enthousiaste
de révolution de sa jeunesse, dans les années 70 etc...
C'est
en conclusion un très bref et beau court-métrage, hommage/adieu du
cinéaste à Hassan.
Parce
qu'après la fin du film, qui a coïncidé avec le début de la
révolution syrienne, après une période pendant laquelle le camp a
été préservé, les palestiniens se tenant, au moins en tant que
tels et dans le camp, à l'écart, le régime syrien a organisé
blocus, d'où famine, après avoir laissé une bonne partie des
occupants s'enfuir, et bombardement
(http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Crises-et-conflits-armes/Actualites/Syrie-le-camp-de-Yarmouk-assiege
lien que je viens de trouver), c'est le moment où Hassan est mort, et
il ne resterait plus que moins de 20.000 habitants sur les 500.000
personnes qui y vivaient en 2011
Pour
le débat qui devait suivre en fait, heureusement qu'en réponse à
une question, Axel Salvatori-Sinz a parlé assez longuement, parce
que la majorité des questions quand elles sont venues étaient
stupéfiantes et navrantes de stupidité, s'étonnant du peu de place de la
religion (hé oui ils sont athées), de la modernité de leur
apparence, du manque de discussion politique (choix délibéré, le
sujet était un groupe de jeunes, il ne fallait pas les mettre en
danger) alors qu'en fait elle est là, la politique, pas comme sur
des tréteaux, ou dans des débats ayant pour but de persuader, mais
sous-jacente à une bonne part des discussions, comme entre des amis
qui sont soumis à des contraintes qu'ils n'ont pas à expliciter,
les connaissant par trop.
Retour
dans la nuit, entortillée dans l'étole de La Haye.
7 commentaires:
Alors, tout était au fond en ombre chinoise.....comme l'avant dernière photo!
en fait en très gros plans de visages éclairés
Tant qu'il restera des Utopia...
je crains que l'existence des réfugiés palestiniens dure plus longtemps
J'aime beaucoup ton avant dernière photo, très mystérieuse.
arbres du jardin dans la nuit devant une tour du palais éclairée
Chic, you're back !!!
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