Suis partie sous ciel bleu
et nuages bonhommes, dans la chute du vent, en quête de moutarde au
pastis et de cigares.
Suis redescendue vers
l'antre, longeant boutiques familières où ne rentrerai jamais,
Celle de Cotelac
était barrée et surmontée d'un échafaudage, elle a refusé
l'image d'un manteau (étais distraite, hésitais) n'a gardé qu'une porte de la rue et un mur fatigué, je suis entrée, et suis sortie – dernière
sottise, ne pourrais plus guère du moins je pense, avant le coeur de
l'hiver – avec une jupe et un chandail de laine, et puis en face à
coté ce fut un cardigan en gros tricot, si grand que peux l'enrouler deux fois ou presque
autour de moi, bras serrés autour du buste, pour les longues soirées
devant l'écran.
Chez
Ducastel ai saisi, vite, en passant, les trahissant, des hommes du
désert (P.Lionnet) et un groupe dansant ou s’accueillant de bronze
sombre (Healy)
Et
puis me suis installée à côté d'une tasse de thé (froid quand me
suis souvenue qu'elle était là), mon attention alternant entre la
suite de la journée consacrée aux migrations sur France Culture (de
beaux et intéressants moments), et une anthologie des poètes de la
Méditerranée qui m'est recours familier... tournant de pays en pays
à la recherche du vent (mais n'en est pas trouvé partout, du moins
dans ces pages, et j'en étais parfois navrée, par contre ai gardé
l'atlantique Portugal qui est régulièrement associé à cette
communauté querelleuse) – alors, pardon, trop long.. avec un seul
poète par pays – en partant de la France avec
souviens
toi de cette île où l'on bâtit le feu
De
tout olivier vif au flanc des crêtes,
Et
c'est pour que la nuit soit plus haute et qu'à l'aube
Il
n'y ait plus de vent que de stérilité.
Yves
Bonnefoy
C'est
chose certaine que la Ligurie s'effondrera dans la mer, et ses
hautes
frontières au vent des sapins et des houx, les
anciennes
collines étagées, les pins...
Italie
- Giuseppe Conte
traduction
Jean-Baptiste Para
Clin
du phare, refrain du vent,
le
bateau fait mugir sa corne,
proue
et poupe en proie aux vagues...
Slovénie
– Erika Vouk
traduction
Barbara Poganik, Ludovic Janvier
Là-haut,
tout est silencieux,
le
vent fait rage sous les eaux ;
il
projette les coquillages qui planent tels des oiseaux
et
des algues qui demeurent suspendues aux pampres des nuages..
Serbie
– Miodrag Pavlovic
traduction
Mireille Robin
Ce
n'est plus dans la vieille chanson mais dans la réalité
Que
le vent s'est levé
Et
que le sable marin t'a ensevelie.
Albanie
– Ismaïl Kadaré
traduction
Claude Durand, Mira Mexi, Edmond Tupja
Montages
moisies. Nuages tournés à l'aigre.
Lacs
velus. Vents qui molissent.
Araignées
aux brillantes couleurs. Papillons décolorés.
Macédoine
– Vlada Urosévic
traduction
Jeanne Angélowski, Jacques Gaucheron
La
lumière est aux aguets partout
Cachée
dans les veines du vent.
Au
fond des yeux de l'aube l'ancienne prisonnière
Dans
les sentiers rudes et obscurs de la mer
Grèce
– Stratis Pascalis
traduction
Michel Volkovitch
Solitaire
je tombe avec la rosée
je
me lève solitaire avec le vent
et
ne s'achèvera jamais la lune de mon repos.
Liban
– Ounsi al-Haje
traduction
Nadia Tuéni
un
vent vient balayer
l'oeil,
la poussière,
révélant
ce qui se cache
au-dedans
du visible
Israël
– Israël Eliraz
traduction
Laurent Schuman
Nous
lui parlerons des champs de chardons
Des
fruits de coloquinte
Des
crimes des vents
Des
griffes de la dispersion
Palestine
– Taha Mohammed Ali
traduction
Antoine Jockey
Le
vent a chatouillé mes flancs sans me faire rire
Agita
bois et guenilles
Ô
toi qui m'as levé les bras vers le ciel
Secoue
moi
Egypte
– Abderrahman al-Abnoudi
traduction
Vénus Khoury-Ghata
Pouvait-il
retenir le soleil de se coucher
Effacer
la trace du vent
Lavant
Son
visage
Couvert
par la nuit depuis longtemps
Tunisie
– Tahar Bekri
Là-bas,
le temps nous traverse avec pudeur
…
il nous moule comme
une terre précieuse.
Parfois
le vent nous bouscule
le
sable nous aveugle
et
les pierres s'accumulent sur nos corps
Maroc
– Tahar Ben Jelloun
Tu
avais le goût de la terre sombre et de l'amère
écorce
d'un arbre. J'ai découvert ton visage
sali
travaillé par le vent
et
les marées noires...
Portugal
– Antonio Ramos Rosa
traduction
Michel Chandeigne
Le
vent ne brûle plus. Dans ses pas, l'eau
arrose
lentement l'alentour, les seringas
s'offrent
en choeur....
Espagne
– Francisco Brines
traduction
François-Michel Durazzo
7 commentaires:
moutarde au pastis et cigares...? et comme plat principal ?
morue et patates bien entendu
belle anthologie (au travers d'un nuage de fumée parfumée)...
et du vent en florilège
merci pour le bouquet
Belle lecture en mots comme le vent dans les pages ..
Ai cherché des poètes hier sur les présentations de tant de livres ( fête du livre à Toulon ) denrée rare
Merci pour tes choix
Dominique merci (et oui nuage de fumée, ce qui n'est pas bien)
Arlette, oui, la poésie est passablement confidentielle
Il n'y a pas que sur les quais de Loire que l'on déambule... la main dans la main.
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