ce serait être quiète
dans nos remparts, sous bonne garde
ce serait laisser le
programme un peu ennuyeux que m'étais dressé s'évanouir dans le
temps, ce serait regarder, écouter, Moïse et Aaron sur Arte, ce
serait France Musique, écouté ou simplement entendu selon les
heures, ce serait glisser sur mes fesses devant casiers de livres,
feuilleter, continuer, ce serait du thé aux épices et un bout de
chocolat pur
ce serait copier un ce
serait que les cosaques des frontières (enfin surtout Jan Doets)
http://lescosaquesdesfrontieres.com
ont publié
Ce serait –
40 – le huldufölk
Ce serait une route toute
droite
Ce serait une route toute
droite qui filerait hors d'une ville à travers la campagne
Ce serait deux rocs qui se
trouveraient là, sur le chemin qu'elle a décidé de suivre, ou
qu'on a décidé pour elle
Ce serait un vieillard qui
hocherait la tête, disant vous ne pouvez passer là
Ce serait ne pas écouter
son grommellement - on ne pourrait rien faire si on écoutait les
vieillards, ou alors faire des choses insensées
Mais ce serait un pneu qui
éclate, un camion, qui s'en venait chargé de pierres, renversé –
ce serait une pelleteuse qui calerait, ce serait une benne qui
verserait des kilos de sable sur les pieds d'un inspecteur, ce serait
– je ne sais si c'est vrai – une machine qui partirait en dansant
autour des rochers et puis dans la campagne, des feux de
stationnement qui rythmeraient ses tours, un conducteur qui
chanterait de peur
enfin ce serait un arrêt
du chantier et la voix du vieillard – je vous l'avais bien dit,
c'est la demeure d'un àlfar, d'un elfe
alors la route s'offrirait
un petit crochet, comme une révérence, en passant devant la roche
et reprendrait son chemin tout dret vers l'océan, et les roches
bizarres qui le bordent et qui sont des trolls.
Ce serait Brigetoun
curieuse qui interrogerait, qui apprendrait que les elfes sont les
plus minces, les plus malins, les plus gentils des êtres du
huldufölk, le peuple caché, ces enfants qu'Eve n'avait pas eu le
temps de laver, de parer, un jour où Dieu lui faisait l'honneur de
lui rendre visite, et qu'elle avait cachés, ne voulant qu'il ait une
mauvaise impression – la pauvre n'avait pas pensé qu'il le saurait
et que pour la punir il les condamneraient, pauvrets qui n'y
pouvaient rien, à rester invisibles aux hommes.
Et comme ils sont
serviables, bienveillants, les elfes, contrairement à ces idiots
cruels de trolls, il convient de respecter leurs désirs quand ils
interdisent de toucher plus que de raison aux roches, aux paysages, à
la nature dont ils sont gardiens.
Alors moi, Brigetoun, j'ai
admiré la sagesse des islandais, puisque c'était sur leur île
qu'avait eu lieu la rencontre de la route et du rocher des elfes, et
je me suis demandée si les korrigans de mon enfance avaient mêmes
exigences, mais bien trop loin étaient dans le temps les jours où
Monsieur le Recteur racontait leurs histoires en faisant claquer les
volets en signe de réponse, et j'étais maintenant bien trop vieille
pour pouvoir leur parler, il faut avoir commencé à le faire quand
on a une âme neuve, non encombrée de tous les bruits des hommes...
Quant à mon sud,
longtemps il y a qu'ont été oubliés les lieux sacrés, n'y a pas
de fontaines saintes comme chez les korrigans, n'y a que les rêves
que nous faisons de nymphes inventées pour parler de Grèce à nos
bois, et qu'une histoire de mérou sage et vénérable que me
racontait mon père en pêchant à la palangrotte.
5 commentaires:
Le droit à la paresse est inaliénable (Marx aimait son gendre).
suis marxiste tendance Lafargue
Et de cette béatitude peut naître les belles idées
Ce serait
une conteuse qui nous ferait prendre
un décourci à travers des lieux réenchantés.
...ben si les trolls apprennent çà !
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