Une petite bintje au fond
du panier, une joue de morue seul relief de ma provision, ai pris mon
couffin et m'en suis allée dans la neutralité absente, la grisaille
des rues.
Et comme j'aime bien me
vêtir de douceur grise mais en le piquant d'une couleur qu'il fait
chanter, j'ai cueilli, pour me rasséréner, des couleurs sur mon
chemin
et dans le panier rouge du
marchand de légumes. Trop en fait, alors après avoir entreposé les
victuailles ramenées, ai décidé de garder des images colorées
pour demain qui, selon la météo, devrait être un de ces jours où
je reste devant la porte fenêtre de la cuisine, volonté tendue pour
repousser l'eau qui veut y pénétrer...
parce qu'aussi voulais
garder place pour tenter de vous donner désir d'un texte.
Des
deux livres découverts et téléchargés hier matin, j'en étais
restée à Hooper, Christine Jeanney chez QazaQ, mais j'avais
commencé ensuite, le soir tombant, et terminé mardi après midi,
pendant que la pluie s'installait avec régularité dans ma cour, la
lecture de l'autre livre : Soleil
Gasoil de
Sébastien Ménard, qui rassemble des textes tirés, adaptés
peut-être, de son blog diafgram
http://diafragm.net/spip/
publié chez publie.net http://librairie.publie.net
Le
livre paraît aujourd'hui je crois et, en attendant de vous décider
à le télécharger, vous pouvez en écouter quelques passages sur
https://soundcloud.com/publienet/sets/soleil-gasoil
ce qui vous permettra d'en goûter le parfum mieux qu'à travers ce
qui suit (je me sais piètre analyste, transmettrice de mes lectures,
le savais dès l'adolescence quand je fuyais chaque fois que le
pouvais, lorsque choix était donné, le sujet portant sur un texte,
préférant risquer mes mots et ma sottise que les infliger à un
grand auteur)
Alors
moi, juste dire le plaisir de ces textes, des photos de Sébastien
Ménard et An Cé t. (eu grande envie d'en prélever, autres mais à
saveur proche, sur le blog) - des mots qui disent le voyage, les
gens, la chaleur, la route
que ce
soient les 39 fantômes quand ils abordent le Maghreb (et les
fantômes où qu'ils soient prennent des photos)
Qui filent sur le
bitume vers le sud et flou dans l'oeil à suer immobiles - le ciel
est bleu sur la terre jaune jaune orange - ils sont là sur leur
siège la tête contre la vitre cogne un peu et va lente - les corps
usés la poussière sur la peau crasse issue de secours et marteau à
briser les vitres de leurs carrosses en tôle.
…
que ce
soit à la frontière syrienne
A la frontière on
change des dollars contre leur monnaie et même pas besoin d'en
mettre dans le passeport – cette frontière c'est un endroit qu'on
croirait vide et usé – sur les murs les impacts de balles
recouvrent les tags et la poussière – dans les cafés les types
sont tous à compter leurs billets et les bagnoles semblent avoir
traversé la frontière de nombreuses fois – certains te parlent du
pont qu'ils ont bombardé et des temps perdus – d'autres évoquent
une centrale à béton qu'on a pris pour un lance-missile –
d'autres encore préfèrent parler du soleil et du thé.
que ce
soit à Ramallah, à Jérusalem, à Tel Aviv quand les notes en bas
de page sont plus longues que le texte, sous-texte, commentaires
essentiels, et je ne sais comment prélever un peu de cette partie
qui est vivre là, un temps, éveillés, poètes et témoins.
que ce
soit dans le carnet des plaines (mais là la chaleur a fait
place, au début, au froid, au brouillard, au vent) et ses croquis
dans l'herbe là vert
vert
sous le bleu une bête
c'est un cheval
le bruit de ses pas sur
la terre
un homme passe qui
chante seul sur la route
et
puis je renonce à donner idée de la diversité des formes, de la
variété des récits, images, rencontres, sensations et de l'unité
qui est le voyage, le regard, l'attention, et le soin donné aux mots
etc... lisez le
Terminé une relecture
des carnets - un assemblage - j'ai pris une série de textes sur le
site - je les ai mis ensemble - je crois que ça forme une histoire -
quelque chose comme une histoire - c'est des trucs de la route...
8 commentaires:
Merci pour ces couleurs pour éclairer notre grisaille et pour les liens nous partageant les mots !
et grand merci à vous
toujours d'actualité, le gaz-oil, et ce qu'il signifie...
déteste tant cette odeur (comme celle de la viande) que j'ai mal au coeur en prononçant le mot…
mais rêver de suivre pérégrinations .. j'aime (et beau travail d'écriture)
Poêle antique qui fume et cette obsédante odeur car la pluie bouche les conduits ... la campagne a ses revers
Mieux le bois qui pétille dans la cheminée et ne chauffe que la face exposée
Poivrons verts en robe d'été
navrée pour le conduit du poêle, pénible
mais le poêle antique réveille en moi le souvenir de la demie-pensionnaire il y a tant et tant d'années à Saint Do (Toulon) qui n'aimait pas les récréations avec les autres - avais problèmes - et se régalait en mangeant sa pomme posée sur la fonte, chaude, caramélisée un peu et sale de vieux métal.. ai survécu
aurais tu oublié l'étal du poissonnier
demain
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