Samedi matin, avais
projets que pensais ferme mais qui me faisaient morne mine.
Le ciel au dessus de la
cour était d'un bleu serein, l'air frais, légèrement fouetté.
M'en suis allée, comme un
hors d'oeuvre, pour me mettre en appétit de vie et puis d'activités,
ai monté la petite côte de la rue Saint Etienne. Les feuilles
étaient vertes et légères contre le ciel au dessus de moi.
Pour changer j'ai pris la
rue des grottes, à travers le béton qu'est devenue la Balance,
grimpé l'escalier,
et puis, entre ce qui
restait de pierres, les longs degrés de la rue pente rapide.
Parce que c'est près,
parce que la cour est un endroit que j'aime au coeur d'un endroit que
j'aime, parce que j'avais vu une photo de visage austèrement beau,
j'allais vers le Petit palais, avec le rituel salut intérieur à
Jules II en son jeune temps.
J'ai regardé le ciel,
levant mon visage dans le tout petit mistral frais, j'ai regardé les
mufles des gargouilles qui me toisaient,
et suis entrée, avançant
vers un orgueilleux et délicat visage sous une coiffe ornée d'un
cabochon ou d'un gros clou, une étrange auréole peut-être puisque
j'avais lu sur le programme du parcours, à côté de la photo, et
sous le nom de Davide Galbiati (Vaisons-la Romaine)
http://www.davidegalbiati.com
Au milieu des cités
urbaines, derrière les façades de béton vivent des âmes en quête
de sens, de foi et d'idéaux. Face à la mutation rapide du monde et
à la perte de contact avec la nature, l'homme oublie sa part sacrée.
A travers mon travail,
je souhaite mettre en avant ce jeu de forces entre l'ancien et le
moderne, le visible et l'invisible.
J'ai choisi d'unir le
froid et la lourdeur du béton avec la légèreté éthérée de
l'auréole
(in
peto avais pensé en regardant la photo de ce buste – vers lequel
j'allais - : pas si éthérée l'auréole, plutôt lourde, comme une
dure forme d'où émerge le visage, mais c'est beau ainsi)
Dans
l'axe de la porte, après la stèle délicate, il y avait une tête
dardée au bout d'une longue coulée de béton, d'un hennin ou d'une
chevelure emportée par un souffle… pieds sur la calade de la cour j'ai fait face à cette tête
fermement truellée comme de terre pétrie, portant la douceur de la
bouche, le galbe des joues sur les écailles de béton du cou,
abritant les orbites, les paupières frustres sous les replis de la
matière.
Quelques
pas sur les cailloux, et, sous une arcade, il était là le visage
reproduit sur le programme, sous les grandes plaques clouées, masse
pesante dans laquelle il s'enfonçait jusqu'aux profondes orbites..
avec la sérénité de ses paupières fermées, l'axe impérieux du
nez et la descente creuse des joues, marquées de la griffure de
petits poils échappés de la moustache, depuis les lisses pommettes
saillantes jusqu'à la bouche close, en repos, le creux ombreux sous
la lèvre inférieur s'effaçant dans la cascade de la barbe.
Et
j'ai continué à circuler entre les douceurs expressives émergeant
des traces de travail de la matière (un texte d'Aude de Kerros sur
le travail du sculpteur http://www.davidegalbiati.com/essai.html
– né et formé en Italie – et des photos de l'atelier avec le
travail du béton, et surtout du bois qui était son premier matériau
http://www.davidegalbiati.com/empreintes.html)
sous
l'absence de regard des formes accroupies aux angles de la cour, en
perte de leurs têtes, en attente peut être de celles ci,
plutôt
que des grimaces de pierre que j'ai retrouvées en sortant,
avant
de redescendre vers l'antre - et une toute petite partie du programme
que m'étais donné - en longeant les propositions de jeux qui, pour
le moment, n'intéressaient guère que les démonstrateurs transis.
12 commentaires:
Merci pour la rencontre de ces visages si expressifs !
un immense merci pour votre passage
"Cette part du sacré" si bien exprimée dans ces visages lumineux
Belle visite
Tu nous offres toujours de belles découvertes. Merci.
ce ciel si bleu et les sculptures magnifiques merci matinal chère brigite
vraiment dans la grande tradition, le travail de ce sculpteur, comme autrefois chez nous Jeanclos... parfois sa terre on dirait des bois sculptés du XIIIe, merci pour cette visite...
C'est vrai, une parenté avec Jeanclos (aime beaucoup) et c'est un ancien sculpteur sur bois
Merci de ce partage
il m'a fait découvrir un artiste que je ne connaissais pas
et plus encore
car
en cherchant ses traces
je me suis aperçu qu'il allait venir dans un petit village
(mais la taille n'est pas tout (sourire)²)
à deux coup d'ailes de chez moi
(plus près encore que Vaison)
proposer très prochainement des stages de sculpture sur argile.
(dont j'irai volontiers voir les productions ... trop maladroit ou timoré pour aller au-delà)
J'en profite pour remercier de toutes les autres découvertes faites grâce à "Paumée" et avec lesquelles je me suis enfui, sans rien dire, comme un voleur.
et pourquoi ne pas tenter ? enfin vous verrez bien
Vous envies un peu
Ce dîner de têtes est un régal.
l"ai aimé mais n'ai guère mangé
si un peu plus tard, cuisine inspirée
J'ai vu aussi ces jeux en bois sur un marché de juillet dans les Alpes.
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