Donc, jeudi, en sortant de
Forbin de la Barben, ai suivi les murs, tourné deux coins et suis
arrivée au Centre Européen de Poésie, une heure environ avant le
vernissage…
Futilement (?) attirés
par les couleurs, mes yeux se sont, après un balayage général dans le
désert des lieux (une femme assise dans le fond de la partie
bibliothèque, yeux perdus, visiblement en besoin de solitude), arrêtés d'abord sur les feuilletages, les harmonies douces avec le bois des sculptures/collages de
papiers de Christine Tchouhadjian (Lyon)
http://www.christine-tchouhadjian.com
une glaneuse. Elle fait les poubelles, les
poubelles de la forêt, de l’histoire, de son histoire. Glaneuse de
papier glacé autant que d’arbre centenaire
Assemblés, pliés,
collés, enfouis, les messages fossilisés entrent en contiguïté.
Vestiges d’une activité débridée, la phrase, le texte, se
dressent silencieux, impossibles à déchiffrer. Peu importe, il ne
s’agit plus de lire, de feuilleter mais de regarder un quotidien
pétrifié, d’imaginer une “vie dans les plis”. La nature a
pris les mots, il ne te reste, spectateur-promeneur, que du bois et
des feuilles
avant
de perdre mes yeux (ou parfois de les laisser glisser sans être
accrochés) sur les grandes surfaces blanches couvertes d'une
écriture improbable, réduite aux batons, et modelée d'absences de
Martine Cazin (Simiane-la-Rotonde) http://www.martinecazin.com
crayon
70x100 - 2011
Ce sont donc des
traits, de simples traits, pour dire le temps, pour dire l’unique
et la multitude, pour accepter de se perdre dans un silence et s’en
aller vers l’absence. La mémoire s’efface, les jours
s’échappent... Et le dessin devient acte de résistance. Parfois,
mon écriture, au service d’un grand texte classique (Proust bien
sûr !) ou de mes propres textes, remplace le trait
crayon
70x100 – 2011 ; mine de plomb et pointe d'argent 21 de 15x10 –
2012 ; ?
Quitter la ville pour
un village perché en Haute-Provence, installer un atelier où
tourner les pots qui me faisaient vivre, créer une ligne alliant
tradition et modernité, accordée au pays. et
associer des plaques de céramique à des citations de poètes aimés
m'en
suis revenue, pour un thé, une longue paresse, un tri des photos, et
une longue récupération – ne sais trop pourquoi – de toutes les
images prises lors de tous les parcours depuis 2009.
samedi
matin une passade ménage pleine d'une telle conviction qu'étais sur
le flanc au bout d'une heure et demi, une journée entre écoute de
France Musique (très belle entrée dans le jour avec Royaumont
qu'écoutais entre découvertes et souvenirs) et lectures de revues
parlant de la marche du monde, petites incursions dans la tiédeur de
la cour…
et, en
fin de journée, départ vers l'opéra pour assister au concert des
lauréats clôturant notre concours international de violon placé
sous le souvenir de Ginette Neveu, concert donné avec l'ensemble
instrumental Contrepoint de Montpellier, sous la direction de Franck
Foncouverte (je ne suis pas infaillible mais j'ai assez peu apprécié
cet ensemble)
une
ambiance assez familiale des candidats extrêmement jeunes, une
première partie pour présenter jury, remercier les soutiens, donner
le palmarès, avec une gentillesse presque paternelle du responsable
(un côté un peu bredouilleur très sympathique), en remettant prix
et cadeaux (y compris du nougat) aux lauréats
un
premier prix, garçon sage en gilet gris, Grégoire
Girard
un
second prix, mince, brun, charmeur avec une petite réserve ironique,
complet noir, Nathan Mierdl
et le
jury avait décidé de ne pas donner de troisième prix mais de
rattraper, avec une mention pour l'ensemble des épreuves, un peu un
encouragement pour une frêle et petite post-ado en longue robe noire
Anne Bella et deux garçons Bilal Alnmer, syrien séparé de sa
famille, et Martin Zayranov, cheveux longs très sages, pantalon et
chemise noire
s'ajoutait
un prix pour une interprétation d'une pièce contemporaine (c'était
une des possibilités pour un des deux morceaux des demi-finales)
donné par le Château Pesquié (un côte du Ventoux) à Magdalena
Sypniewski, grande blonde, réservée..
petite
cérémonie suivie de l'interprétation
du
rondo de la troisième partita de Bach par Bilal Alnmer, avec
effectivement encore des imperfections et une application très
sensible, qui l'a fait suivre d'une improvisation orientale en
hommage aux réfugiés (avec beaucoup plus d'aisance)
le 1er
mouvement d'une sonate de Debussy par Anne Bella, fort correctement..
des
variations sur un thème original de Wieniawski par Martin Zayranov,
avec une belle virtuosité, un jeu tzigane, mais j'avoue que c'est
une musique que je goûte pendant dix minutes mais guère plus
longtemps, et c'était fort long
le
plaisir, ensuite, de la lenteur sombre d'une pièce de Penderecki
choisie et interprétée peut-être un peu scolairement par Magdalena
Sypniewski
et
puis, franchissant en effet plusieurs échelons, Nathan Mierdl dans
une belle interprétation d'une sonate de Grieg
un
entracte, un peu long, malgré l'amusement d'observer le public
d'amis, de jeunes musiciens, de professeurs, de familles...
et
puis le beau concerto en mi mineur de Mendelssohn, avec la belle
interprétation du lauréat, surtout perceptible dans le mouvement
lent central où il domine l'orchestre... lequel mouvement a été
retenu pour le bis
salut
– petit speech très court regrettant les baisses de crédit, et
salut de tous les lauréats.
Sais
pas très bien ce qui m'avait poussé, jeudi soir en passant devant
l'opéra, à prendre un billet.. mais c'était sympathique.
4 commentaires:
L'ambiance des concours, la présence des parents... Vu cela à Orléans, au Conservatoire à côté de la cathédrale (mais le répertoire était plus moderne, avec Kurtag !)...
Vos photos sont très nettes !
mais là c'était du violon alors Penderecki
Papiers pressés
une mort digne de l'écrit
pour une nouvelle vie.
Un cercle pas vicieux, le papier qui retourne dans l'arbre.
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