Matin dans lumière
rayonnante et air piquant légèrement (nez qui coule obstinément)
marche vive, aussi allègre
que le veut l'âge,
yeux sur la marquetterie
de verts et roux des arbres,
pensées pour la lente
mort de la végétation, pensées pour ceux qui nous ont précédés,
et, dans la ville qui
semblait indifférente, simplement vacante, en fin de matinée, les
pas qui se suspendaient un moment à la vue de la petite troupe en
charge du souvenir.
Peut-être, sans doute, le
temps d'un retour vers les deuils privés, plus ou moins effacés -
sommes de moins en moins nombreux à en avoir connu qui étaient
revenus, et n'avons pas connu par nos yeux, nos mains.. ceux qui y
étaient restés – et pour les saluer ai simplement repris les
quelques pages du 14 d'Echenoz
-
.. un quatrième
percutant de 105 mieux ajusté a produit de meilleurs résultats dans
la tranchée : après qu'il a disloqué l'ordonnance du capitaine en
six morceaux, quelques-uns de ses éclats ont décapité un agent de
liaison, cloué Bossis par le plexus à un étai de sape, haché
divers soldats sous divers angles et sectionné longitudinalement le
corps d'un chasseur-éclaireur. Posté non loin de celui-ci, Anthime
a pu distinguer un instant, de la cervelle au bassin, tous les
organes du chasseur-éclaireur coupés en deux comme sur une planche
anatomique, avant de s'accroupir spontanément en perte d'équilibre
pour essayer de se protéger, assourdi par l'énorme fracas, aveuglé
par les torrents de pierres, de terre, les nuées de poussière et de
fumée, tout en vomissant de peur et de répulsion...
et les silences ou les
phrases incompréhensibles de ceux qui avaient enduré, tant de
saisons, courageusement, stoïquement, ou parce que pouvaient pas
faire autrement
Ne fût-ce qu'à cause
de ces deux-là, le pou, le rat, obstinés et précis, organisés,
habités d'un seul but comme des monosyllabes, l'un et l'autre
n'ayant d'autre objectif que ronger votre chair ou pomper votre sang,
de vous exterminer chacun à sa manière – sans parler de l'ennemi
d'en face, différemment guidé par le même but -, il y avait
souvent de quoi vous donner envie de foutre le camp.
souvenir
tendre aussi de ceux qui n'ont pas pu accepter
On l'a fait
s'agenouiller devant six hommes en ligne au garde-à-vous et l'arme
au pied parmi lesquels, à quatre ou cinq mètres de lui, il a
identifié deux connaissances essayant tant bien que mal de regarder
ailleurs, avec un aumônier divisionnaire en arrière-plan. Entre eux
et lui, de profil, un adjudant commandant le peloton manipulait un
sabre.
et, dans un creux du jour, ai suivi, cette année, pour changer, le chemin des Dames grâce à google-street-view (ici Chermizy-Ailles)
et, dans un creux du jour, ai suivi, cette année, pour changer, le chemin des Dames grâce à google-street-view (ici Chermizy-Ailles)
8 commentaires:
Le "chemin des dames" avait pourtant un bien joli nom avant d'être devenu une terre de poudre et de sang...
N'oublions pas tous ces jeunes morts.
Souvenir de mes deux grands-pères qui ont participé à cette "grande" guerre...
celle que tous voulaient croire "la der"
de vieux jeunes hommes
chair à canon promis
des chefs
au chef ne comptant que leurs étoiles...
Belle garde d'honneur que tes mots qui résonnent en chacun
ne sont pas les miens mais ceux d'Echenoz - préférable :-))
partagé entre commémo..et recueillement.
Nous sommes devenus les grands-parents des jeunes familles de ce temps-là, nous qui savons
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