mettre le chauffage à
quatre heures du matin, se réveiller dans cocon encore un peu frais
un peu après sept heures, monter le chauffage, promenade sur
internet, s'allonger et se rendormir
ai tant tardé, et j'étais
si tendrement lente en entamant le jour que, le sac de linge enfin
prêt, au moment d'endosser ma canadienne, j'ai décidé que, ma foi,
dans l'après midi, ou mañana plutôt, ce serait fort bien..
et puisque j'étais là,
quiète, neutre, un tantinet vide mais peut-être pas tant, pourquoi ne pas essayer, à nouveau, de répondre à la
proposition d'écriture de François Bon
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4293
à dire si j'étais, mais
voilà, bien entendu ces mots sont irrésistibles et mon imagination
chatouillée lève la tête avec joie, seulement je butte chaque fois
sur le titre penser directement en terme de structure et
sur l'obligation, dès la première des quatre parties, celle qui
pense je et qui pose le projet, d'en esquisser les modalités
pratiques, et là, comme dans la vie courante, suis plus au
rendez-vous (m'en tire dans la vie par des chemins de traverse, des
bon ça pourrait marcher ainsi, sans vraiment structure ni élégance),
c'est ainsi que j'ai été pendant deux ou trois jours décorateur de
théâtre si exigeant que ne pouvais, surtout seule, sans le texte,
le contexte, avec une tendance mégalomane à vouloir que le décor
tienne lieu de texte, de metteur en scène, de scénographe et
d'acteurs, arriver qu'à une proposition par trop étrange avec
faisceaux de lumières colorées, masques et diverses autres
surlignements – je refusais tout de même par principe et lassitude
la vidéo illustrative – et d'un ridicule qui m'amusais mais un
rien stérile.. j'ai été ensuite brièvement ébéniste, oiseau
mais non, et nonne occupant ses mains pour guider son esprit en une
seule direction...
Une idée a germé, qui
commençait à prendre forme, semblait pouvoir enchaîner, encore
très squelettique mais pourquoi ne pas essayer.. pendant que
circulais entre les blogs, jusqu'à trouver, imagination semblant
vouloir frémir à nouveau un peu, en autre direction, la
présentation d'une série d'atelier d'écriture en ligne Inventer
la ville chez
Pierre Ménard
http://liminaire.fr/liminaire/article/inventer-la-ville
avec appui sur google street, et puis la ville, voyons, la ville
c'est passionnant, bien sûr - et le
premier Inventer la ville : atelier d’écriture
en ligne n°1 fantasme d'une ville rêvée, une ville qu'on invente
http://liminaire.fr/liminaire/article/fantasme-de-ville-ville-revee
mais peu à peu, lisant, j'ai senti que les nuages moutonneux, blanc
sale sur gris, qui avaient envahi notre ciel, s'installait entre mes
yeux sur le texte et mon cerveau et le sens...
J'ai pensé là encore
mañana, ai vaqué, ai lu, et reprends pour ne pas en rester à ces
piteux renoncements, un ce serait, quelle qu'en soit la valeur ou la
sottise, parus chez les cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com
(en passant, puisque je parle d'eux et des éditions QazaQ, l'autre
enfant numérique de Jan Doets, je me permets de vous conseiller
d'engranger, pour dégustation lente de ces voix si le désirez,
petits revenez-y et plaisir de culture, cartes
postales de la Chine ancienne, les
135 poèmes choisis et traduits par Anh Mat
http://www.qazaq.fr/pages/cartes-postales-de-la-chine-ancienne/
dans l'oeuvre de huit poètes ayant vécu – petites biographies en
tête du livre - entre 365 et 1210)
pour
en revenir simplement à Brigetoun
Ce serait –
47 - avenir
Ce serait une femme, ce
serait un homme face à la nuit.
Ils seraient côte à
côte, pas forcément ensemble. Mais tous deux penchés, un peu,
observeraient, scruteraient l'indécision du monde.
Contre la limite bouffée
de lumière, sur la profondeur obscure et le message des petites
lueurs aux formes imprécises, ils se découpent, affirment leur
réalité.
Ils seraient jeunes
encore, ni très grands ni très petits, pas très fins, massifs sans
excès, plantés fermement dans leur monde, aux rives de l'avenir qui
se trouve là, brouillé, devant eux.
De lui il est difficile de
décider s'il est venu là, pour ce concert, cette musique de chambre
de compositeurs un peu oubliés, en sortant d'un travail qui ne
nécessite pas le port de l'uniforme cravaté, s'il est ainsi vêtu
par nécessité, s'il a choisi par dandysme ce style un peu négligé,
vrai décontracté - mais ces vêtements semblent trop francs, sans
griffe - et de deviner ce que cela peut dire sur son interrogation,
but vers lequel s'acharner, espoir caressé avec le détachement de
celui qui le pense inatteignable ou bifurcation dans un destin que
l'on a choisi pour lui, que les évènements lui ont imposés.
Elle, avec ce manteau qui
évoque l'artisanat, un retour aux étoffes brutes, avec une allusion
à un folklore réinventé, pourrait être, peut-être avec
générosité, ou comme une petite revanche, toute tendue vers une
aspiration au beau, aux mots, aux idées, aspiration un peu vague qui
se suffit à elle-même, jusqu'à ce que sa vie se fixe, jusqu'à ce
que cette aspiration se fasse discrète, colore sa vie, lui donne un
petit rayonnement apprécié par ses amis.
Ce serait la petite
vieille, attendant la fin de l'entracte, bien à l'abri, de l'autre
côté de la vitre, se ressaisissant, se reprochant cette curiosité
et cette malveillance, et se demandant ce qui en elle a provoqué ce
regard.
9 commentaires:
Cocon, coton... ce serait une valse entre ces deux mots...
tout doux, tout doux
J'admire votre énergie littéraire !
euh ! ben justement non
Bel exercice de style ! J'admire l'agilité de ta pensée imaginative
Bravo
Arlette, pourtant suis très en panne !
délicatesse pour ces inconnus et cet homme frôlés du regard et le regard ne faiblit pas, bienveillance comme concédée du bout des lèvres pour l'autre,la femme, beaucoup de charme pour une presque rencontre, sur le fil
merci pour cette jolie interprétation
Ton sujet vitrine à tes mains dans le dos ...bien joué.
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