Mon
mardi s'est réveillé gelé, ou du moins je me suis réveillée
gelée, et malgré une grande tasse de café brûlant à en perdre
toute saveur, malgré une station prolongée, corps arqué au dessus
du radiateur qui commençait à chauffer, malgré une friction
énergique en sortant de la douche, c'est avec un oeil torve que je
regardais le panier où se prélassait une dernière petite bintje.
Ai entassé vieux débardeur de soie, col roulé de coton, chandail
de laine mousseuse, collant de laine, pantalon de gros velours,
bottes, manteau, grande écharpe de lainage remontée sur ma bouche,
enfoncé mes cheveux en chignon dans un bonnet de grosse laine, pris
mon couffin et m'en suis allée, sous un ciel blanc translucide...
pour constater, au bout de quelques pas que je m'étais trompée,
qu'il faisait froid, bien entendu, mais nettement moins que ces
derniers jours…
ce
qui faisait l'objet des conversations joyeusement neutres autour des
étals, ce qui m'a mise de trop bonne humeur, et j'ai un peu plus
dégarni mon porte monnaie, un peu plus chargé mon couffin et mon
sac que l'avais décidé (bon, ça durera plus longtemps, et ce sont nourritures simples et goûteuses)
émergeant
des halles pour trouver un ciel délicatement et gentiment bleu.
La
pluie est venue, brièvement dans l'après-midi, pendant que je
tâtais la dernière proposition de l'atelier de François Bon sur le
tiers livre http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4293,
que je m'embarquais, suivant une idée qui m'était venue en
cheminant, que je m'embarquais, m'arrêtais après le premier
paragraphe, constatant que je me fourvoyais, que je fermais le
fichier, pour un jour, plusieurs jours, ou un abandon...
pendant
que je reprenais PIQUETURES
de
Christine Jeanney, le dernier texte publié par les QazaQ
http://www.qazaq.fr/pages/piquetures/,
relisant avec attention, pour, voulant choisir un passage à poser,
demain soir, sur mon second blog, dépasser - ce qui est toujours le
risque que je cours avec la densité qui sous-tend le charme de son
écriture - le plaisir immédiat, pour éviter de négliger ce qui se trouve sous les associations de
mots et d'idées, de passer au large d'allusions, de ne pas goûter
totalement la profondeur pudiquement renvoyée hors de la lumière.
Il y a bien entendu, pour
excuser éventuellement cette lecture charmée mais légèrement
dénuée d'attention, ce qu'elle annonce d'entrée
Chaque
fragment existe de façon autonome et peut être lu comme tel.
Chaque fragment autonome existe aussi en regard des autres, et peut-être lu comme appartenant à un ensemble, un peu à la façon d'un dessin formé de lignes et de vides qui existent séparément mais qui, une fois réunis, font assemblage, comme ce jeu enfantin où l'on traçait des lignes pour faire se rejoindre des points numérotés: à la fin, au lieu d'identifier la silhouette d'un loup, d'un lapin, d'un avion, on verra se dessiner je ne sais quoi que j'appelle PIQUETURES.
Chaque fragment autonome existe aussi en regard des autres, et peut-être lu comme appartenant à un ensemble, un peu à la façon d'un dessin formé de lignes et de vides qui existent séparément mais qui, une fois réunis, font assemblage, comme ce jeu enfantin où l'on traçait des lignes pour faire se rejoindre des points numérotés: à la fin, au lieu d'identifier la silhouette d'un loup, d'un lapin, d'un avion, on verra se dessiner je ne sais quoi que j'appelle PIQUETURES.
C'est
aussi une forme de saut de puce :
du plus près (la vaisselle, la fenêtre, la rue) au plus loin (des
villes dont je ne sais pas écrire le nom, gens éloignés parce que
vivants là-bas ou y ayant vécu en des temps aussi
éloignés
qu'eux, qu'on
ne peut plus rejoindre,ᅠtemps
et gens inconnus) (peut-être que les sauts de puce, contrairement à
ce que je pouvais penser en écrivant, font du sur place, ou
peut-être que le proche est lointain, et
le lointain tout proche).ᅠ
mais
comment ne pas céder et cheminer au ras du plaisir en rencontrant
des moments de poésie pleine de fantaisie, des thèmes dits
sérieux, grands, et puis la description d'une vaisselle que je vous
recommande, ou la lutte qui se déroule sur la terre, sous les
feuilles de votre jardin, en goûtant le charme, tout personnel, de,
par exemple :
quel est ce
rose si rose
dérive de
magenta du nom
d'une
bataille sur autre
péninsule
rose et vert et pigments..
ou de
la brume
estompe, le découpage des arbres est imprécis, les grands aplats
coups de pinceaux, si bleu si calme comme dit la récitation, des
affiches brandies, marques de doigts, empreintes de pied, minorités
chassées et déplacées, cette terrible rumeur là (non, pas si
paisible)...
et puis comment ne pas
prélever, outre l'endroit, le paragraphe sagement aligné à gauche, le poème qui le suit, s'appuyant sur la droite de la page..
alors ma foi ai fait une
cueillette, un peu au hasard, sans doute un peu trop longue, juste de
quoi culpabiliser en me sentant un peu pillarde (ça se dit, crois
pas, tant pis), vous verrez jeudi si le désirez.
4 commentaires:
Mais non, tu partages c'est différent Tu ouvres d'autres portes comme ce passage des points et des lignes qui se rejoignent
(Adore cette idée -image)
Il y a aussi le piqué ou le piqueté de vos photos qui, rassemblées imaginairement, se relaient, se rappellent et font bon ménage...
grand merci à vous deux
êtes doués pour voir (même ce qui est surtout en vous peut-être :-) )
je m’arrête aux silhouettes de feuilles ..sous le poisson
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