Dans le froid qui
recroquevillait les silhouettes,
dans la ville grise qui
retenait la pluie (du moins en cette matinée où je trottinais, le reste du jour fut imbibé d'humidité),
où seules quelques
vitrines ou bonnets mettaient des notes de couleur, souhaitait que le
sort qui avait frappé de maladie les musiciens programmés en
octobre leur soit clément, l'hiver maintenu.
Et puisqu'aucun nouvel
avis de report n'était venu, m'en suis allé, la nuit venue, bien
emmitouflée pour affronter la file
d'attente-ouverture-des-sacs-et-manteaux dans le vide de la place,
écouter Gauthier Capuçon et Frank Braley jouer quatre des sonates
pour violoncelle et piano de Beethoven (le projet étant
d'enregistrer la totalité).
Pour
Menahem Pressler qui avait subi le même sort, son passage est prévu
avec le printemps en des temps plus cléments.
Queue
dans le froid comme prévu, humour policé et de bonne humeur un rien
crispée, mais un rien, des échanges.
Installation
et leur entrée, la silhouette longue, le visage long et les cheveux
longs de Frank Braley et son attention non exempte d'humour quand il
s'agissait de s'accorder, le jeu de mèche de Gauthier Capuçon et la
beauté de son violoncelle Matteo Goffriter sur le bois sombre duquel
ricochait la lumière, lui faisant taille fine et belles hanches, et
puis le plaisir de leur accord, le plaisir de
- la
sonate n°2 – lyrisme de l'adagio sostenuto - le bel allegro molto,
éloquence du violoncelle, son passage ondulant soutenu par la
vivacité du piano etc.. - le gai rondo final
- la
sonate n°3 qui reste ma préférée même après avoir entendu les
belles sonates suivantes, plus tardives et innovantes – le très
bel allegro ma non tanto, mélancolie du violoncelle, la réponse du
piano, son thème énergique lançant la deuxième partie, la lente
montée du violoncelle sur les notes graves du piano – le scherzo
allegro molto – le très bref, lent, adagio cantabile et le superbe
allegro vivace final
un
entracte à tuer et puis
- la
sonate n°4 dont un journal de l'époque disait qu'elle appartenait
au goût le plus inaccoutumé et le plus étrange et que
j'aime presque autant que la précédente à moins que ce ne soit le
contraire – le cour, harmonieux andante – l'allegro vivace avec
son énergie et l'étonnante coda – le court adagio qui reprend le
thème de l'andante – le très bel allegro vivace que j'ai écouté
sans pouvoir détailler mon attention
- la
sonate n°5 – l'allegro con brio, énergie, sauts, rapidité du
premier thème et le second, plus doux, amorcé par le violoncelle –
l'adagio con molto sentimento d'affetto, l'introduction grave par le
violoncelle etc... - et la formidable fugue finale
Saluts
et en bis la Méditation de Thaïs de Massenet, romantique à
souhait, que j'aime modérément, mais superbement jouée.
Retour
sous un embryon de pluie avec un parapluie qui se demandait s'il
était utile.
Je n'ai pas trouvé
d'interprétation de ces sonates par les deux instrumentistes alors,
pour les entendre jouer ensemble, la sonate n°2 de Mendelssohn
et pour Beethoven, une
interprétation par Paul Tortelier et Eric Heidsieck de la sonate n°3
9 commentaires:
Un grand merci pour la retransmission de ce concert qui a dû être magnifique avec des musiciens aussi sexy que leurs instruments... Et le dialogue piano-violoncelle est tellement romantique !
un romantisme maitrisé par Beethoven, heureusement (pas un amour fou pour les débordements du romantisme plus tardif quand il se fait vaporeux)
Tes choix- musique nous enchantent Merci
Suis plus attirée par le théâtre et ses propositions , c'est un tort! cela donne un savant compromis en te lisant
Quel courage pour affronter les frimas! Même pour des musiques d'hiver, je ne l'ai pas. Des quatre saisons, je préfère Vivaldi.
La musique fait passer le froid (sauf les frissons de plaisir)...
@ brigetoun : Vous pouvez écouter Renaud Capuçon en ce moment sur France Inter...
j'étais loin d'être seule et Capuçon/Beethoven avaient amenés un public qui remplissait presque le théâtre (alors que d'habitude pour la musique de chambre…)
Dominique, malheureusement je m'étais rendormie pendant que France Musique meublait l'antre (perdu l'habitude de France Inter)
par les frimas courageuse mélomane tu es.
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