ciel gris mort et carreaux
mouillés en émergeant tardivement du sommeil
vaquer entre efficacité
et distraction
et partir vers trois
heures et demie, sous ciel pur et en belle lumière,
pour aller au théâtre
des Carmes, chez André Benedetto (qui reste avec nous par son nom
ajouté à celui de son théâtre), pour un spectacle organisé, dans
le cadre d'un week-end de spectacles autour du vivre ensemble un peu
partout en France, voulus par des conteurs et artistes à
l'initiative de Dominique Declerc parce
que nous ne pouvons pas rester sans rien
faire...,http://www.sceneweb.fr/xclus-des-artistes-se-mobilisent-contre-lexclusion-a-avignon-paris-le-vigan-lille-nantes/
au profit, ici, de la caisse de solidarité du MRAP et de la
Cimade,
comportant, en première
partie des extraits d'un texte d'André Benedetto à propos de
frontières et de barbelés (ces barbelés invisibles qui sont un peu
partout) «Partout dehors dedans les barbelés fleurissent» - entre
lecture et brouillon de mise en scène - par Charlotte Adrien, Claude
Dijan et Kristof Lorion, sur une musique de Sébastien Benedetto, les
acteurs prenant de l'assurance peu à peu..
Ô voyageur venu de
loin avec un seul espoir en tête. Héros d'une épopée que personne
ne chante à sa juste mesure, nouvel Ulysse, je te salue et tous les
autres avec toi qui t'ont précédé, qui te suivent, toutes et tous
dans leurs habits de misère. Approche un peu. Que j'accroche sur ta
poitrine la médaille du grand mérite et de la valeur universelle.
C'est un soleil. Et il brille sur toi et je te donne la solide
accolade de la reconnaissance à long terme.
…...
Et maintenant, nous
allons nous mettre au travail. En venant nous rejoindre, je sais, moi
petit-fils de métèque, que tu n'avais qu'une seule idée en tête,
ô métèque, celle de gagner ta vie, ton pain, celui de ta famille,
et moi de même. Alors il ne nous reste plus qu'à nous y mettre
ensemble et ça va être dur. Que cette couronne de barbelé fleuri
te rappelle toujours ce que tu as franchi pour retrouver toute ta
dignité. Humaine. Et moi de même. Bravo et en avant! Nous allons
tenter de nous libérer, de nous dégager...
et en
seconde partie des contes, chants, poésie de Aïni Iften, Michel
Roure et Jihad Darwiche, mais comme carcasse tirait un peu, que je ne
savais pas exactement quelle heure il était et que je devais
repasser par l'antre, suis partie un peu avant la fin après un
conte, savoureux comme les figuiers et la figue qui en était le
prétexte, dit par Aïni Iften, et la récitation de deux poèmes de
Mahmoud Darwich, en arabe par Jihad Darwiche (avec un e), en français
par Aïni Iften et Michel Roure, m'éclipsant discrètement (place
prévue pour cela) pendant les applaudissements,
avançant
les yeux fixés sur les nuages en les soupçonnant de vouloir se
rapprocher.. ai sermoné carcasse, préparé dîner en notant ceci et
en faisant trop cuire ma morue, fait un petit tour sur internet, et
suis repartie
vers
le théâtre du Chêne noir pour le second des spectacles de danse
que j'avais prévus, un spectacle de Sang-Chi Sun, taïwanais
installé actuellement à Berlin, Uphill
qui a
remplacé le spectacle prévu, annulé ou retardé (il semblerait que
là bas aussi des questions de crédit – ici déjà deux des
spectacles de théâtre que devais voir annulés pour cette raison),
un trio dont le programme disait trio
d’une beauté pure et simple, à la frontière entre le jeu, la
provocation et la confiance. La musique, puissante et rythmée,
presque palpable, envahit l’espace. Shang-Chi Sun révèle ici
toute la force et la richesse de son langage chorégraphique. Comme
les cycles de la nature, les situations et les constellations se
répètent mais ne sont jamais les mêmes. Seule demeure le désir de
l’autre, de l’ami, du frère, de l’étranger ou peut-être
aussi de l’ennemi.
mais je suis
ennuyée pour en parler parce que carcasse qui continuait à jouer
des siennes a décidé de courtes, très courtes puisque je ne
tombais pas, absences, et que je réalisais busquement que je
considérais les épaules de l'homme assis devant moi, et puis, ayant
redressé tête et un bon peu du buste, je voyais trois danseurs
groupés, mélangés, se raccorder comme pouvaient au couple
portant/porté devant un personnage immobile au fond de scène, ou à
toute autre configuration, j'essayais un moment d'ajuster esprit et
regard, pendant une dizaine de minutes, plus ou moins, avant la
coupure suivante... ai aimé que, au moins à mes yeux, la
personnalité de chaque danseur (deux de type européen, barbus et le
chorégraphe) soit affirmée, un grand et beau force tranquille, un
moyennement grand être un peu perdu, secoué parfois de ce qui
semblait être de la détresse, et l'humour discret du taïwanais
(formidable danseur de surcroit) mais en gros je pense que l'on peut
dire que je suis passée un rien à côté. De belles choses, l'amorce de sentiments baignant dans une gratuité parfaite, provenant sans doute du brouillard entre eux et moi. Et les stridences de la
musique, contre laquelle on proposait des boules Quies ne m'ont
absolument pas gênée.
Retour dans la
nuit et le froid sans intensité, et là, maintenant, bien entendu,
suis en train de me réveiller complètement.
3 commentaires:
Ces boules Quies que l'on distribue aux concerts (récemment pour Stockhausen à la Cité de la Musique - qui devrait récupérer un jour son nom d'origine après l'affront marketing de la "Philharmonie 2"), c'est comme si on nous donnait des bandeaux noirs à l'entrée d'une expo de Hartung...
Mais quelle activité de votre part !
entre deux sommes - n'arrive toujours pas à me réveiller ce matin
Les ombres révèlent les détails invisibles ( la lanterne) comme bien d'autres choses aussi
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