réveil très tardif et
pas vraiment lucide
la maladie du sommeil
sévit au premier étage d'une petite maison d'Avignon, derrière la
porte en face sur le palier
émerger difficilement et
sans grande envie de..
coincer la porte fenêtre
que le mistralounet veut ouvrir, et ramasser les feuilles (les
platanes sont inépuisables) qui ont voleté jusqu'à la cuisine
vaquer – déjeuner –
trouver encore un peu de sommeil qui traîne
et puis, espérant que le
crâne fonctionne à peu près, tenter de répondre à partir d'idées
qui flottaient dans mon esprit en ouvrant le billet, en lisant les
contributions – sans que cela ait quoi que ce soit à voir avec les
textes, me suis bornée à les admirer – à la proposition de
François Bon la bande son ça se raconte aussi
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4132
(si l'accès est libre aux non-abonnés, devriez l'être) avec mon
pauvre petit vocabulaire qui ne m'aide pas pour caractériser les
sons..
et
puisque mon crâne ne trouve vraiment rien à noter sur cette
journée, avant d'aller voir un épisode de plus du feuilleton d'Arte
à partir de lettres, livres, journaux intimes de tous pays pendant
la guerre de 14-18, je recopie ma contribution, dans la série,
«outils du roman» à penser directement en terme de
structure http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4293
(et j'en ai profité pour lire les dernières contributions)
1
si j'étais une potière,
je chercherais inlassablement la forme parfaite, pas pour l'élégance
ou pas directement, un peu pour l'honnêteté – ne pas laisser mes
mains farder de fantaisie leur maladresse naturelle – plus
simplement parce que c'est le seul but admissible, arriver à obtenir
l'ampleur juste proportionnée de la courbe d'une cruche, l'harmonie
entre la largeur et la hauteur d'un vase tube, la tension des lignes,
et la forme qui serait la plus aimable aux mains auxquelles sont
destinés les objets – je partirais en quête de la meilleure
argile, du meilleur bois, je chercherais la meilleure température de
cuisson, la couverte la plus mate sans ostentation, tous les gestes
les plus humbles, les plus simples mais avec le petit espoir
tremblant de les sublimer par l'évidence de l'oeuvre achevée.
2
si j'étais
potière, une fois que j'aurais imposé ma production aux plus
proches, je la confierais à mon amie pour sa boutique, rejoignant
son écurie de céramistes et potiers, et j'insisterais, si ce n'est
pas son premier réflexe, pour qu'elle l'installe au fond, ou sur un
côté, à distance des merveilleuses fleurs translucides de l'une,
des recherches de matière bourrues et chatoyantes de l'autre, par
humilité un peu – persuadée que je suis qu'avant d'en arriver à
leur art elle, lui, se sont imposé le long effort de posséder
parfaitement les bases de la technique – ou plus sincèrement par
humilité affichée, pour leur confronter l'artisanat le plus pur,
avec le secret désir qu'après l'admiration devant ces réussites,
cette fantaisie, les visiteurs restent devant mes objets comme devant
une évidence. Mais c'est avec sincérité, et un rien d'avidité,
que j'interrogerais les artistes, que je tenterais de comprendre les
techniques employées, l'intention, le désir qui les ont guidés.
3
Ils seraient
donc là, ces pots, ces vases, ces coupes, dans leur sobriété
parfaite, simples mais uniques, avec la proposition faite aux
éventuels acheteurs de prendre le temps d'un échange, d'un dialogue
pour que leur objet ne soit pas celui qui est là, devant eux, mais
celui qui leur correspondrait, dont la forme, la teinte, la ligne
résulteraient de leur désir tel que nous le découvririons
ensemble, et, parents entre eux, ils seraient tous différents, tels
que, par delà, malgré, leur fragilité, ils deviennent leurs
compagnons discrets au long de leurs jours.
4
Et
je regarde mes mains, et je touche l'orgueil insensé de mon rêve,
et je pense à notre goût pour le butinage, à notre goût pour la
nouveauté, l'éclat, et je réalise l'irréalité absolue de ce
projet.
9 commentaires:
Ou comment le projet irréel devient réalité sur le tour de l'imagination...
le tout est d'y croire (et de temps à autre tout de même tenter de passer à l'acte)
Laisser les mains pétrir la glaise et être étonné par ce qui vient de naître sous ses yeux !
Belle proposition et créativité de l'esprit
Tout pareil. Je me borne à admirer les textes. Là, le vôtre
Je me demande si vous ne venez pas de dire quelque chose sur une sagesse qui serait un état d'équilibre intérieur parfait entre la matière et l'esprit. Mais c'est dire tout autant entre conformisme et liberté, les passions et l'amour ... Sage sujet d'écriture.
faisons comme pouvons
tu ne pétris plus la glaise ?
j'en ai de la vieille… pas très envie.. et puis il fait bien trop froid
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