Avignon ce samedi matin
était à l'image que je me fais du pays, tristounette..
ai cueilli les couleurs
que trouvais (et ramené quelques pommes que je n'ai pas cueillies)
s'en sont allés les
nuages, la ville a commencé à sécher, et le soir suis montée vers
l'opéra pour le premier des deux spectacles pour lesquels j'ai des
billets parmi les seize de notre petit festival de danse les Hivernales,
(et j'ai eu beaucoup de chance dans ce choix à l'aveugle) spectacle
proposé par la Compagnie Marie Chouinard (Montréalaise), comportant
deux pièces inspirées par Satie et
Michaux – spectacles beaux et intelligents dansés par des gens
minces, jeunes, beaux et «aguerris»
les gymnopédies (sur
les gympopédies 1, 2 et 3 de Satie) donc – un plateau nu, un
rideau au fond, un piano vêtu de toile de coton au second plan
droite, un groupe de formes emmaillotées de toile de coton grège au
premier plan gauche) – une fille collant et haut noir entre, danse
lentement et finit par danser avec le piano, s'assied, joue (se
succèderont au piano deux ou trois des danseuses et un des danseurs)
– des mains sortent au dessus de deux des formes, se mettent à danser, la toile tombe,
deux corps nus se dirigent vers le rideau, se courbent,
sortent.. suivis par deux, par deux, par deux.
Retour
des danseurs vêtus de noir collant – les corps qui se déshabillent
en scène, qui reviennent torses ou jambes nus, en maillots, nus, et
pour la seconde gymnopédie avec l'ajout d'un nez rouge – et une
très belle danse passant de la sensualité, de l'humour, à une superbe violence érotique.
Et
puis quand on croit que c'est fini, après un salut s'enchaînent des
moments de fantaisie très controlée, danses, gags, une fille qui
fait de la musique en se frottant amoureusement sur un clavier posé à
terre, des envols de toile, des entrées et sorties qui
rebondissent... et cela dure, drôle, toujours beau, pour notre grand
plaisir presque aussi longtemps que les gymnopédies.
Un
entracte et Henri Michaux – mouvement à
partie d'une série de dessins (projetés sur le fond de scène) de
Michaux, que les danseurs tentent d'imiter, sur une
bande son remarquable (m'a fait penser au texte de Michaux sur les
sons destinés au Monde visionnaire)
et de quelques cris ou bruits de souffle,
d'un
texte de 1951 que ces dessins accompagnaient et qui sera lu vers le
milieu du spectacle par une danseuse qui s'est glissée sous une
bande du sol en plastique souple, rejointe, en cours de texte, par la
musique que Louis Dufort a composé pour le spectacle
…
Homme non selon la
chair
mais par le vide et le
mal et les flammes
intestines,
et les bouffées et les
décharges nerveuses
et les revers
et les retours
et la rage
et l'écartèlement
et le décollage dans
des étincelles
...
après
cette lecture la danse, l'imitation des dessins, reprennent, mais en
groupe cette fois, et plus violente, plus impulsive..
et
puis, pendant que, dans le noir qui s'est fait, un couple danse dans
une lumière stroboscopique (pas ce que j'ai préféré) une voix off
(Marcel Sabourin) dit la postface de Michaux.
Maladroite
tentative pour rendre ce qui est, à mes yeux, une belle réussite.
(mots idiots, pardon)
3 commentaires:
Belle alliance : la musique des notes de Satie, la musique des mots de Michaux, la musique des pas de danse...
Soirée cultuelle !
beau et intelligent (en plus j'étais à côté d'un grand trentenaire amateur de Michaux et avons sympathisé)
une très bonne soirée
Un billet dense ..sous la pluie
Enregistrer un commentaire