Après le déjeuner j'ai
cru sentir que j'avais froid.. et j'ai découvert que mon radiateur,
sans prévenir, avait décidé de mourir.
Renoncé, cette fois encore, à tenter de
faire intervenir l'agence et le propriétaire,
recherche téléphonique (le précédent fournisseur n'existe plus)
pour trouver, hors les murs un remplaçant, et la possibilité d'une
livraison.
Ai pris manteau, bonnet,
ai gravi la marche qui est symbole de porte, de seuil pour ma
chambre,
ai vérifié l'angle du
bonnet sur le pas de la porte de mon cagibi de douche,
ai ouvert mon horrible
porte blindée,
ai descendu l'escalier
raide, passé la porte sur rue, attendu un taxi, rencontré gens
charmants, choisi le nouvel appareil, pris rendez-vous pour ce
mercredi en fin de matinée (restera à trouver quelqu'un pour
évacuer l'ancien)
et m'en suis revenue, le
mistral faiblissant, se faisant de moins en moins rude dans ses
taloches, pour s'endormir presque complètement quand j'ai atteint
les remparts au bout d'une trotte le long d'une avenue ingrate
pendant trente cinq minutes...
et un quart d'heure plus
tard ai retrouvé la porte de l'antre, sans envie de chercher idée
pour paumée.
Alors, pour rester dans
les portes, je reprends ma contribution, pauvrette, au dernier
atelier en ligne de François Bon
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4307
les portes
pour mars
Une grande pièce claire ;
très grande ; trois fenêtres donnant sur un jardin à l'abandon ;
abandon méditerranéen ; pas de fouillis végétal, un peu d'herbe
rase pelée, et des bouquets d'alfa, quelques marches écornées, une
terrasse en béton ; quatre petits lits, tailles échelonnées comme
celles des enfants, perpendiculaires à un mur ; un grand espace vide
périodiquement encombré de jouets, objets, petites chaises ; une
grande porte vitrée donnant sur le hall, la vie des adultes ; la
poignée à la hauteur de l'aînée ; je la tire, je me glisse ;
glisse vite à travers des années ; une toute petite pièce pour
deux adolescentes ; ouverte sur les hauts de Lamalgue quand étaient
sauvages ; un saut de loup et la colline au niveau de l'appui ; un
blockhaus, des plantes de maquis, des fleurs d'ail, parfois un
matelot et les gamins des immeubles ; nos deux lits parallèles ;
lieu de complicité et de bagarres de mots et parfois de corps que je
perdais immanquablement ; le bonheur du jour à partager pour nos
devoirs ; et la porte, banale la porte, blanche, avec un bec de cane
; comme toutes les portes de l'appartement d'ailleurs ; comme les
quatre portes du couloir où sortir ; au coeur d'un parallélépipède
blanc ; et la porte toujours ouverte au bout ; pas toujours mais
quand était fermée c'était signe qu'il fallait faire détour par
la cuisine sur le côté ; ma mère recevait, canapé près de la
porte fenêtre sur le large, petite table, une rose mourante et un
plateau whisky et thé ; sinon traverser la lumière du séjour ;
vide dans la matinée, ou des passants ; l'appartement, le plus petit
de ceux que fréquentions, était le repère des amis ; entraient,
s'installaient ; une porte ouverte sur le petit carré, table pour
téléphone, un rayon de livres, la porte de la cuisine, face à
celle du palier ; et la porte de l'appartement sans différence avec
les autres, si ce n'est qu'elle était fermée la nuit ; une cage
d'escalier lumineuse ; marches de pierres blanches ; grandes fenêtres
; vitres entourées de fer peint en vert, comme la rampe rigoureuse ;
comme le métal de la porte vitrée donnant sur... devrait être sur
de la terre, des agaves, un parking et une route dégringolant,
depuis le groupe d'immeubles blancs, entre les pins, vers la mer ;
depuis ce groupe d'immeubles que les plus jeunes officiers appelaient
l'oflag suis propulsée par les années jusqu'à une chambre du Paris
bourgeois ; moyen-bourgeois ; immeubles fin dix-neuvième dans ces
petites rues qui dans ma mémoire sont noires de la suie des trains
qui n'existaient plus, près du Pont-Cardinet ; murs beiges qui
furent blanc cassé sans doute ; une cheminée de pierre noire comme
dans les pièces privées de second ordre ; une table carrée pour y
poser planche à dessin devant la fenêtre à petits carreaux masquée
par un store de raphia ; la porte est blanc vieilli, divisée en
panneaux comme des centaines de portes ; une poignée ronde en cuivre
; un couloir étroit, sans fin, sur lesquels ouvrent quatre portes
semblables et la porte vitrée de la cuisine ; les rares amis qui y
pénétraient disaient que ce boyau appelait un film d'horreur ; une
porte généralement ouverte, tapissée du même papier rappelant
vaguement du bambou déroulé ; porte ouvrant sur la partie
réception, conçue pour les relations, la famille, hors les intimes
les plus proches ; la clarté, les fines moulures ; un large hall sur
lequel donnent d'un côté la porte simple de la chambre principale
et les portes vitrées du salon et, en face, de la grande salle à
manger assombrie par son vitrail dissimulant la cour ; une console ;
une bibliothèque basse restauration ; au fond, derrière une grande
portière en tapisserie, la double porte donnant sur le palier et le
nombre ahurissant de verrous dont un est en fonction, outre la
serrure ; un escalier d'ampleur mesurée, des panneaux, un carrelage
vaguement orientaliste, un tapis rouge sombre à liseré noir ; une
rampe de bois vernis douce à la main ; une cage d'ascenseur en fer
forgé et une cabine en bois aux portes battantes ; une porte en
biais pour la loge de la concierge ; une porte vitrée qui n'est pas
encore commandée par un bouton, qui se referme automatiquement ;
mécanique raide que l'on nomme groom ; un hall qui a juste la taille
raisonnable pour ce type d'immeuble ; des pilastres peints en faux
marbre veiné de rouge sombre et une double porte de bois verni ;
commandée par un bouton, elle, et qui s'ouvre sur la petite rue mal
nommée rue du Printemps.
7 commentaires:
Ah!! les portes ... qui se ferment , qui bornent l'espace
qui oppressent Vive les ouvertures même en courant d'air
D'ailleurs, Stanley - chat ne supporte pas les portes fermées
parle pas de courants d'air ! j'ai froid
Le radiateur, porte de la chaleur...
L'occasion de vous dire combien j'aime vos textes, ici, et vos photos successives. Bonne journée.
Dominique, une porte qui diffuse.. (enfin j'en ai un petit dans la chambre, dont on sent la chaleur en se collant à lui) - heureusement il fait moins froid dehors
PHILGIDO, merci… devrait s'améliorer le jour
des flashs de mots qui suggèrent scènes, portes après portes, j'espère que vous avez chaud maintenant avec le nouveau chauffage ! ;-)
livré il y a trois quart d'heures - ai mis plus d'une demi-heure pour le monter - pas beau - trop long mais chauffe
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