Journée claire, vent
frais très modéré avec brusques foucades
encore gelée par le
contact de l'entrée dans le jour j'ai découvert une petite fleur
inconsidérément épanouie en avance (seule sur les branches)
et me suis gardée
d'annoncer aux fleurs du rhododendron la mort prochaine qu'annonce
la fuite de leur teint de rose
M'en suis allée un peu
avant seize heures, sous un ciel très légèrement voilé,
vers le cloître Saint
Louis, avec petite prière rituelle pour la survie de ses platanes,
pour voir la dernière exposition organisée par la
Maison des arts contemporains d'Avignon http://www.mac-a.org
Pascale
Kuenz, commissaire de l'exposition, a réuni cinq artistes,
présentés à l'entrée de la salle du rez-de-chaussée en un petit
regroupement circulaire, comme sur un manège immobile qui ne garde
de mouvement que celui de petits papiers, portraits etc.., (ici
Claude Quentelo) rassemblés sous le titre de Traces
Ephémères ou
durables, ritualisées, sacrées, données à lire, signes, écriture
première…. Empreintes et traces provoquent questionnements et
interprétations. De l’étonnement à l’intention, elles mettent
la réalité à distance et induisent un nouveau regard sur les
objets.
En explorant les
techniques d’empreintes, on prend conscience du phénomène de
marquage, de la relation cause-effet entre un élément choisi et le
signe créé par action sur un support. Formes multiples, elles sont
des images en devenir….
Et si,
pour les quatre femmes, Claude Quentelo donc, Anne Carpena, Hélène
Courset et Florence Gosset, le portrait, avec un petit texte de
présentation au verso, est pendu près d'une petite oeuvre posée
sur un mini chevalet, pour Michel Delhaye il s'agit du premier des
quatre (je crois) mobiles colorés qui se succèdent devant les
fenêtres.
Sur la
petite feuille ramenée de l'exposition
permettre au présent
de retarder l'inévitable oubli :
une empreinte que l'on
garde, une trace que l'on retrouve et qui se prête à un travail
permanent de mémoire et d'intériorisation du monde.
Avançant
dans la salle, Anne Carpena http://annecarpena.wix.com/
Un journal
d'impression.. Une empreinte mémoire.. une vision qui émarge des
songes.. Dessiner l'instant, trace du temps...
Place à l'inconscient
et au dessin d'une trace qui s'incise dans la matière et se mordore
pour prendre corps. C'est dans la continuité de la ligne que mon
travail s'inscrit sous forme d'un parcours dessiné, gravé, imprimé.
De trait effleuré au
trait incisé, du vide au plein, du réel au rêve, je reconvoite la
trace, la transforme, la révèle
trois
versions de Voluptarem 2/la dévoration (encre taille douce et
pastel sur japon marouflé sur toile) – la troisième outragée par
un reflet de lumière
comme
l'est la démasquée.
Et,
sur le mur face aux fenêtres, à sa suite, une facette de l'oeuvre
d'une des trois artistes que j'ai préférées, si délicate que les
photos sont un petit défi et ne permettent pas de goûter pleinement
le tracé, le geste du pinceau, Claude Quentelo
http://www/quentelo.com
Haïkus volants
triptyque – encre de Chine,
pigments alu et bleu sur toile
des ondes vibratoires,
une force architecturale et musicale animent les oeuvres d'une
artiste qui sait faire résonner longtemps les silences, susciter
durablement les émotions, éveiller de multiples réminiscences.
et
Hélène Courset (la seconde des trois)
Dans une démarche
sensible et abstraite, j'inscris sur le blanc de la toile
d'innombrables traces noires ou colorées : lignes et rythmes,
maillages ou tressages, animent ainsi l'espace et cherchent leur
équilibre..
Ces
sensations visuelles, fragments poétiques de séries improvisées
puis sériées, traduisent l'indicible du réel qui m'entoure
http://www.artmajeur.com/fr/artist/courset
la
dernière des oeuvres présentées dans cette salle posant elle aussi
un défi à mon appareil qui a peiné à saisir ces coups de pinceau
sur verre presque ton sur ton, avec l'handicap supplémentaire du
reflet de la fenêtre.
Tout
le fond de la salle est occupé par celle qui finalement est ma
préférée (des trois préférées, donc) Florence Gosset
sur sa page Facebook
Empreintes sur papier de soie, sur toile ou sur bâche…Les
monotypes de Florence Gosset s’accrochent sur les murs mais aussi
aux branches du jardin
avec
donc, pour le papier de soie un accordéon de six grandes empreintes
intitulé Garde à vue et toute reproduction est une trahison
de ces oeuvres où joue la lumière (empreintes sur les deux faces
avec légers décallages)
et
pour les acryliques sur bâche deux forêts de bouleaux
et
puis je reste pour ce soir à la porte de l'escalier montant vers les
étages, les oeuvres, trop paresseuse pour trier la masse de photos,
d'autant que mon appareil avait un hoquet prononcé...
mais,
j'abuse de l'endurance des passants, et pose ici une vidéo que j'ai
comise à partir du début d'un «ce serait» édité par les
Editions QazaQ http://www.qazaq.fr/livres-et-auteurs/
(devriez piocher autre chose dans la déjà belle collection), que
j'en avais passablement honte mais que, revenant pour tenter de
comprendre comment la supprimer, j'ai constaté quelle avait été
vue et avait même été marquée de quelques like (alors un
peu étonnée l'ai vue d'un autre oeil, l'ai diffusée sur twitter et
Facebook et la reprend ici...)
et maintenant m'en vais voir si internet s'est un peu
réveillé
et puis m'installerai pour la soirée, le début de la
nuit, avec un cadeau reçu (remerciements chaleureux réitérés)
pour m'y promener à loisir, avec attention
après ces premiers vers
Tu
reviens toujours, mélancolie,
O
douceur à l'âme solitaire.
Pour
sa fin s'embrase un jour doré.
Humblement
devant la douleur
S'incline
celui qui s'est fait patience.
Résonnant
d'harmonie et de tendre folie.
Vois
! Il va faire noir déjà...
et, de fait, il fait noir.
8 commentaires:
Merci pour cette visite et toute la lumière qui émane de vos partages !
et grand merci pour votre passage en cette période d'internet désertique..
Comme les traces éphémères, comme le rayon de soleil d'un instant qui se joue sur ta photo , et que " les mains" que tu proposes essaient de retenir dans un embrassement très fort au son profond de ta voix
Très beau billet Merci
merci
(pour les mains, le souvenir de la Brigitte pré-adolescente en plein mysticisme)
Il y a de l'éternité dans l'éphémère...
caché dans les replis de l'inconscient.
Me réfugie en ce moment dans la nouvelle biographie de Montaigne de Christophe Bardyn. Parfait pour des temps troublés que nous traversons. Je n'en décolle pas.
à mettre dans mes intentions de lecture.. pour plus tard (finances et temps)
Des femmes artistes, il est bien qu'elles soient mises sur les cimaises (on ne réclame pas la parité obligatoire) et ces traces saisies - ou joliment resaisies par vous - qui leur donnent un nouveau prolongement, comme votre vidéo brève et profond.
merci pour la vidéo
programme du jour, lavage cheveux repassage et ne sais comment les deux salles 1er et 2ème étage de l'exposition
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