commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juin 19, 2016

passer par la maison

Pourquoi je me laisse ainsi passer à côté du monde ? disait Anh Mat dans son billet du jour (aime de plus en plus ce qu'il écrit) http://lesnuitsechouees.blogspot.fr/2016/06/433.html et question qui se pose aussi, mais avant de m'en soucier il devient nécessaire que répare les rouages de carcasse, m'occuperai ensuite du moral et l'esprit, tout ce qui se désagrège, se crispe, me donne désir de sommeil profond... choisis de faire petite cure dans l'espoir plus ou moins illusoire d'y parvenir.
Mais en attendant, parce que mon dernier passage est tout frais, je me permets de vous recommander de faire visite à la maison témoin http://www.maisonstemoin.fr vous y trouverz des sourires, du cinéma, de beaux textes, et les petites vignettes textes incisifs et petites photos sur lesquelles cliquer de Isdid..
et je reprends, comme ça, beaucoup beaucoup trop longuement, (vous prie de m'en excuser, de picorer, ou passer votre chemin), mes deux derniers passages.
au salon
poser nouvel oeil (le 17 juin)
Elle disait «j'aime pas ces meubles, je ne me vois pas dedans»
je disais «oui, peut-être... moi non plus au fond, mais vous savez c'est le décorateur avec les conseils des commerciaux, ça doit être ce qui se fait – oubliez les»
elle disait «je peux pas»
et lui, agacé, un peu, pas trop, et qui ne voulait pas le montrer mais ça se voyait un peu quand même, bien sûr «superpose les tiens ou plutôt ceux que nous choisirons, parce que, hein...»
elle «oui, y en a pas beaucoup»
«quasiment pas, mais là qu'est ce qui te gêne, ce sont les meubles ou leur disposition ?»
«tu as raison, au fond, sans doute cette disposition, c'est tellement...»
«.. prévisible» et commençant à pousser le canapé «on n'a qu'à changer.. tu le mets où ?»
«dans le couloir»
«mais on ne pourra plus passer»
«mais si, tu vas voir» et à moi «vous m'aidez ?»
j'ai ouvert le bec ou écarquillé les yeux, ça revient au même, et on a poussé toutes les deux, on a eu du mal pour le franchissement de la porte – lui il aidait pas, il s'était assis par terre et il riait. Il est venu voir, oui, on passait, un peu de biais et si personne n'était assis mais on passait.
Nous, oui moi aussi, on triomphait.
Alors on a continué, tout valsait, on s'arrêtait parce qu'on riait trop, on reprenait.
C'était pas mal à la fin, en tout cas ça surprenait.
On a regardé, on s'est regardé avec de grands sourires
et puis ils m'ont aidé à tout remettre en ordre, parce que, bien sûr, ils n'achetaient pas la maison.
Entrée
de l'autre côté de la rue – 8 mai
Face au grand terrain loti, maintenant largement ouvert sur la rue, le mur d'enceinte de l'ancienne propriété ayant été abattu pour laisser voir le parc, ou ce qui en reste, et les premières maisons du lotissement, dont la notre, la témoin, jeux de parallélépipèdes blancs animés de grandes verrières, c'est toujours l’alignement de petites villas, un peu hétéroclites, leurs barrières, leurs tout petits jardins assez touffus pour que la vie du nid, l'aisance un peu étriquée de leurs propriétaires, soit préservée.
J'aime bien nos maisons.. elles ne sont pas totalement indignes, même si c'est un ton en dessous, en mineur, des architectures de villas du début du 20ème siècle qu'admirais tant quand, il y a très longtemps, j'étais étudiante en architecture, ou tentais, cela n'a pas duré, de l'être,.. cette pureté presque brutale, ces proportions qui se mariaient dans mon petit panthéon à celles des bâtiments cisterciens du sud ou aux églises romanes d'Auvergne, dans la plénitude de leurs proportions, dessins dans l'air, des formes et pierres aux formes et béton.. mais aux heures où je m'ennuie, et même si je dois meubler les moments creux par diverses tâches, pour le cabinet, sur l'ordinateur de mon coin bureau dans l'entrée, ou un peu à cause de cela, les moments d'ennui ne manquent pas pendant les heures d'ouverture, surtout en semaine, je regarde avec de plus en plus d'amitié, de l'autre côté de la rue, juste en face, encadrée par les deux pans du mur de clôture qui ont été conservés, habillés de vigne vierge, pour donner l'image d'une entrée au lotissement, encadrée de nouveau par les deux piles de son portail, une petite villa que je me refuse à dire kitch – on n'injurie pas ses amis, non, je pense coco, c'est mon terme pour le ridicule attendrissant.
Elle n'est pas très grande, blanche rehaussée de gris doux et sage, le gris imitant le bon ton, elle est carrée, surmontée d'un petit triangle abrité par un auvent roux, triangle habillé d'un panier fleuri et soutenu par deux petits putti sans ailes, gentiment déhanchés et posés sur le vide. Le rez-de-chaussée s'ouvre par une porte cintrée, de même largeur ou étroitesse que les deux fenêtres qui l'encadrent. Le premier étage, légèrement moins haut pour respecter les règles, reproduit la même disposition. L'étroite porte fenêtre centrale ouvre sur un balcon arrondi supporté par deux autres putti, qui se regardent en se balançant, ou le prétendant, sur de lourdes guirlandes. Il y a des volets sages, des petits carreaux aux fenêtres et deux lanternes. Elle est délicieusement prétentieuse et un peu sotte, mais avec mesure.
Je ne vois jamais personne entrer ou sortir par la porte ouverte sur une ombre mystérieuse, les volets du bas sont ouverts, ceux du haut entrouverts pour que la chaleur ne rentre point. J'imagine deux petits vieux, Philémon et Baucis, endormis sur un grand lit derrière la porte fenêtre, ou attendant, souffle retenu, que leur fin vienne à eux en souriant.
Et il y a presque toujours l'un ou l'autre des visiteurs pour la regarder vaguement rêveur.
L'autre jour, pendant que sa petite femme, charmante la petite femme, et pleine de projets, furetait de pièce en pièce, l'époux, ou non, qui lui avait délégué le choix, très chic l'époux, plutôt assorti à notre maison témoin, juste un peu trop chic, peut-être, comme son auto, est resté planté sur le seuil, semblant s'ennuyer un peu, et avant de la suivre quand elle est sortie en disant nous allons réfléchir, m'a demandé si je pensais que la petite maison, là, en face, était en vente.
Lui ai souri et dit que je ne croyais pas. 

6 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Il y a longtemps que je n'ai pas fait un tour "à la maison"...
Merci d'en ouvrir les portes !

Brigetoun a dit…

il n'y a plus guère de Piero Cohe Hadria et Isdid
brusque envie hier de les aider à maintenir en vie

jeandler a dit…

C'est toujours mieux en face. Le désir de l'autre rive.
J'avais ainsi une grand-mère qui ne jurait que par ce que faisaient ses voisins. Ce n'était pas de l'envie, seulement mettre en évidence son évidente modestie.

Claudine a dit…

il y a une vogue aux USA pour les tous petits espaces de vie, ça doit être consécutif à la crise immobilière de 2007.
beaucoup de gens, de tous âges, se construisent de toutes petites maisons sur roues (la législation des états impose un m2 minimum pour une maison, alors ils construisent des caravanes). Une réalisatrice américaine, Kirsten Dirsten, chasse tous les modèles possibles et imaginables et les propose en vidéo sur YouTube. Elle a aussi filmé des intérieurs parisiens, bordelais (une ancienne écurie je crois), barcelonais, suédois...
vous savez le plaisir qu'on a de vous lire et vous relire...
à bien vite

Brigetoun a dit…

merci, vais partir en chasse de ces petites maisons de Kirsten Dirsten et de leurs traces sur internet

Marie-christine Grimard a dit…

Donne bien envie d'y refaire un petit tour...