matin sous petit vent et
ciel bleu, une petite boucle en ville pour le Canard enchaîné
fêtant ses cent ans et autres bidules (dont, honte, une robe très
très vieille dame souriante)
les novices dans
l'affichage apprenaient à leur dépens qu'il faut deux points de
fixation..
et les taïwanais
prenaient de l'avance sur la parade d'ouverture du off.
Navrance et colère contre
la voix qui a manqué pour la motion de censure (pas très étonnée,
spécialiste des critiques s'effilochant), et agacement ou plus
devant les injures qu'ai lues à la volée contre Tous les
socialistes..
Et puis prendre appareil,
se vouloir joyeuse et partir, en notant à quelques signes que nous
sommes entrés dans le festival sur le parcours des troupes du off (à
vrai dire les acteurs des spectacles qui me tentent n'y participent
généralement pas) pour le plaisir de l'ambiance. Attendre
longuement que le gros boudin jaune très très loin de nous
s'ébranle, plaisanter y compris quand bousculée, tenter de ne pas
gêner, et puis parfois se dire et zut, saliver devant des appareils
et leur laisser la place, photographier des dos sans intérêt et
souvent sans charme, m'amuser, prendre moins de photos que l'année
dernière mais encore beaucoup trop – alors avec les moins
mauvaises bricoler une petite vidéo (sui m'a bousillé mes photos sur You Tube,
arroser pendant qu'elle
s'enregistre, me changer, mettre jean, tee-shirt bleu pâle et la
veste de smoking blanche achetée hier (oui j'ai pas été sage trois
fois – par chance plus beaucoup de choses à ma taille...) et m'en
aller, avec attente, petite interrogation parce que j'avais admiré
la mise en scène, la direction d'acteur, la perfection d'un
spectacle de Ivo Van Hove mais avait été gênée de la neutralité
avec laquelle il se mettait au service d'un livre qui m'a semblé
détestable (the fountainhead d'après le roman de Ayn Rand, posant
sur un problème sa vision un rien tordue et très
néo-conservatrice).
M'en aller donc vers le
palais des papes, la cour d'honneur, les comédiens de la Comédie
Française et les Damnés le
spectacle qu'il a tiré du scénario de Visconti (aveu, je n'ai pas
vu le film ce qui en l’occurrence n'a guère d'importance) –
voir des files d'attente serpentant, aller de l'une à l'autre, en
regardant les gens monter au compte-goutte (contrôles beaucoup plus
sévère, même si à la fin, pour ne pas retarder davantage le
spectacle ils se sont relâchés – et vexée je n'ai pas eu droit,
moi seule ou presque, en ma qualité de petite vieille bien
inoffensive, droit à la ballade le long de mon corps de la machine
détectrice), ai trouvé un couple charmant (beaux de surcroit) qui
sans que je demande rien, a décidé que nous étions amis de
toujours ce qui m'a permis de resquiller pas mal de places…
Les Damnés donc (photos
de Christophe Raynaud de Lage) que dire, que c'était un superbe
travail, qu'on en avait plein les yeux (et même une escadrille des
plumes versées pour se coller sur le goudron imbibant la peau de
Sophie von Essenbeck ) et que le mistral tombant des murs me frigorifiait, me
concentrait sur ce qui était devant moi, réduite à l'état d'un
récepteur sensitif.. ah oui, de superbes acteurs aussi
devant le mur un écran
sur lequel étaient projetés quelques courtes séquences d'actualité
et des vidéos en direct, gros plans d'acteurs qui parfois étaient
hors de vue (plateau borné à gauche par une série de coiffeuses
avec des portants pour les vêtements à l'arrière plan, précédés
de matelas en mousse.. et à droite par une estrade pour l'orchestre
– sauf quand ils jouent sur une passerelle au dessus de l'écran –
à côté d'un cercueil que l'on distingue mal, mais la vidéo y
supplée dans lequel s'allongent les personnages liquidés, plus ou
moins en sang, mais toujours très agités par le début de leur vie
de mort) qui parfois superposaient leur visage en gros plan à un
personnage auxquels réagissaient et sur lequel ils influaient, vidéo
en couleur ou traitée, en noir, en sépia un peu flou, image comme
rongée par un acide parfois,
vidéo aussi –
enregistrée auparavant - pour la nuit des longs couteaux montrant le
groupe des SA dont font partie Konstantin von Essenbeck et son
ordonnance lesquels rejouent leur partie, un peu décalée, sur le
plateau, vidéo se promenant jusqu'au balcon de la chapelle en
suivant Sophie à la recherche de son fils.. vidéos qui est loin de
se borner au tic habituel des mises en scène en panne d'inspiration)
Dans le petit programme de
salle Ivo Van Hove dit Dans mon travail, j'essaie toujours de lier
une grande théâtralité à l'exploration de zones psychologiques
complexes et d'émotions raffinées (raffinées
mais qui n'en sont pas moins brutales, avec ce mélange entre des
moments de courtoisie contrainte et de déchaînements d'une grande
violence) Ce qui est intéressant dans les
Damnés, c'est qu'on y expose des psychologies non pas
«brutes» mais «perverties». Pour souligner la violence des
personnages, on fera, paradoxalement, appel à la sensualité des
corps ; la chair sera mise en valeur.
… et
sur la pièce, ou le scénario Pour moi, c'est la
célébration du mal. C'est comme un rituel de mort....
et
bien entendu cette montée du nazisme, la façon dont, à corps et
coeur défendant, sauf deux convaincus ou qui le semblent, par
ambition, par intérêt, par peur, par goût du pouvoir ils sont
presque tous gagnés (les autres, ou ceux qui ont donné barre sur
eux, ayant droit soit à l'exil, soit au cercueil qui attend à
droite de la scène)
salut,
tenter de remettre jambes contractées en marche,
redescendre à
l'abri du vent vers l'antre (un peu avant une heure) et tenter de
noter à chaud ma réaction.. piteusement.
17 commentaires:
merci pour ce compte rendu -apparemment, on ne peut plus voir de pièce de théâtre sans qu'on nous inflige la nudité des acteurs : ainsi va le contemporain, sans doute...- et bon festival...
Je vous souhaite un bon festival
Merci Brigitte entre ce que je lis et ce que tu vois c'est ubtout éclairant
Le paradoxe, quitte à faire de la vidéo, aurait été de projeter en arrière-plan, le film de Visconti : on aurait pu faire la vraie comparaison.
Ce dispositif que vous décrivez me laisse sceptique (entend-on bien les acteurs ou est-on sans cesse perturbé par les images qui s'étalent ici ou là ?)...
Enfin, "votre" festival est désormais bien parti !
merci Claudine (un rien bousculée au moins les premiers jours)
Belle ouverture et belles promesses à venir !
Bon festival à vous...
Dominique il n'y a qu'un écran et centré, en accompagnement ou contrepoint avec l'action
non pour une fois la vidéo est vraiment partie du spectacle
par contre, petit agacement, ils ont tous des micros accrochés au crâne, ce qui se généralise (à moins que le spectacle ait été enregistré hier soir, il doit être retransmis ces jours ci)
Je regardais ce qu'à bien voulu nous montrer la télé de ce début de festival en pensant à toi qui t'apprêtais pour quelques bons jours à venir. Je te souhaite de bons et agréables moments.
grand plaisir à entendre votre voix durant le festival - merveilleux festival à vous !
ana nb
merci (une journée très pleine devant moi- je go
J'attendais une performance annoncée mais... je suis dubitatif devant ce compte-rendu.
Pierre si, fort et beau.. tenir compte de l'état lors de la rédaction (faim, sommeil, froid, encore dans le spectacle et essayant de trier)
Colère et deception de n'avoir pas pu avoir de place alors que j'ai essayé dès l'ouverture de la billetterie internet.
19730 spectateurs ... et moi et moi et moi ?
Avez-vous des conseils pour le OFF?
a) je ne sais pas ce que vous aimez
b) j'essaie de ne pas être tentée dans le off, je réalise que carcasse va me faire renoncer à des billets que j'ai pris
c) je dirais (mais ne m'en voulez pas si vous n'aimez pas) l'Adamov de Timar à 11 heures au théâtre des halles vu ce matin, et là vraiment
bonjour Brigitte.
beau off!bon voyage.
belle photo encore et les morceaux de la psychologie qu'on tire ici.
Madeleine
La nudité des acteurs sur scène est devenue une chose banale, qui permet finalement de mieux les connaître, d'avoir une plus grande proximité avec leur intimité. Mais ce n'est pas la première fois, loin de là, que des membres de la troupe de la Comédie-Française expérimentent la nudité...
il n'y en d'ailler que fort peu et parfaitement naturelle cette nudité
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