avant dernière sortie
hors les murs et de nouveau en début d'après-midi et de nouveau
vers une clim, la plus redoutée, et de nouveau avec grand désir
d'aimer le spectacle
prendre un bus un quart
d'heure avant l'horaire prévu
pour arriver assez tôt
pour profiter de la fraîcheur après l'ardeur sur la ville et avant
la clim, pour lire le programme de salle..pour ne pas obtenir un café
parce qu'il n'était pas temps
peu à peu les spectateurs
désireux d'assister à la version que Kirill Serebrennikov donne des
âmes mortes de Gogol. (J'ai
commencé par écrire une pièce. Ce n'était pas une tâche facile
car il fallait condenser et concentrer en une forme assez réduite
(un peu plus des 2 heures 25
prévues) un très long texte poétique sans
suivre, comme il est de bon ton
en Russie l'adaptation de Boulgakov.) sont arrivés, sont entrés...
j'attendais désirant ne pas rester trop longtemps dans la partie
haute où était ma place avant que la trompette autorise à changer
et à dégringoler jusqu'aux premiers rangs.
(photos
Alex Yoku)
Et
puis voilà que ne sais que dire
texte
du programme vu sur le site qui, outre la notoriété de
Serebrennikov et la célébrité du texte (que n'ai pas lu) m'avais
décidée
Dans la Russie des
années 1820, Tchitchikov homme ordinaire mais astucieux, cherche
fortune et applique une idée peu commune : acheter à très bas
prix les titres de propriété de serfs décédés mais non encore
enregistrés comme tels par l'administration, pour les hypothéquer
et en retirer bien plus d'argent qu'ils n'en valent en réalité. Au
fil des tractations et des transactions de ce personnage, Nikolaï
Gogol construit une oeuvre monumentale en forme de galerie de
portraits dont la trivialité d'abord drôle devient vite
inquiétante. L'écrivain semble nous dire que le pire n'est pas que
les âmes vivantes marchandent celles des morts... mais qu'elles se
révèlent toutes corrompues par le jeu, l'alcool et la cupidité.
S'inspirant de cette oeuvre historique qui attira tant de haine à
l'auteur qu'il la renia, le metteur en scène Kirill Serebrennikov
fait défiler les habitants de la ville de « N. » dans un décor
de contreplaqué qui laisse résonner les travers de l'humanité de
toutes les époques, de la Russie à toutes les régions du monde.
Castelet pour dix acteurs qui, comme des pantins, endossent les
innombrables rôles du roman ou misérable cercueil pour des âmes
aux intérêts si morbides qu'elles sont dénuées de vitalité,
cette boîte est le théâtre d'un humour grinçant et d'une
choralité absurde. Un espace-temps où les relations humaines sont
sans perspective sur le moindre changement.
La
clim était en panne, la salle semblait devoir être pleine, me suis
installée avec tout de même une légère appréhension puisque
j'étais au milieu d'une très longue rangée de sièges... dis à
carcasse la paix.. m'a confirmé que oui, que d'ailleurs cela valait
la peine, et qu'au pire il y aurait un entracte (ce qui n'était pas
le cas, et en effet ça aurait coupé l'élan du spectacle).
Seulement
voilà, au bout d'une dizaine de minutes ou un peu plus ai constaté
que je peinais à entrer dans l’atmosphère assez joyeusement, mais
à mon goût un peu trop languidement, folle par lequel ils nous
mettent dans le bain, donc un soupçon d'ennui, donc un réveil
carcasse, qui ne m'a plus quittée jusqu'à la fin.. Alors bien
entendu j'ai apprécié le mélange de fantaisie, d'effets de
surprise et de rigueur dans la précision des déplacements, admiré
les acteurs, la souplesse de leurs changements de tenue et de ton,
les travestis sans trop d'ambiguité, j'ai ri parfois, moins que mes
voisins, du moins au début ensuite les rires se faisaient plus
rares, effet de la satire sans doute devenue plus sensible, j'ai
beaucoup aimé certaines images, comme des petits clins d'oeil vite
saisis, j'ai tout de même saisi l'incessant jeu du trompeur/trompé,
mais j'ai eu quelques trous où devais redresser corps avant
avachissement visible, l'humour a souvent échoué à me dérider et
somme toute j'ai trouvé ça très long... estimant tout de même que
je n'étais sans doute pas dans des conditions idéales.
Sortie
rapide (après premier salut) mais il y avait déjà un fort troupeau
à l'arrêt du bus... interrogé voisins et verdict moitié c'était
extraordinaire, sans autre précision, et moitié me suis endormi
souvent... ne dois pas être complètement la seule ou nous
souffrions tous des chaleurs ou nous étions majoritairement bien
trop latins pour apprécier... et comme c'était la bousculade pour
monter dans le bus quand il est arrivé, comme il était évident que
tous ne pourraient entrer et qu'une moitié devrait attendre le
suivant, ai pris un cachet de magnésium
et
m'en suis allée sur le trajet finalement assez court, surtout aux
heures où les ombres sont venus se poser autour des arbres et
bâtisses, me retournant de temps en temps pour regarder avec début
d'inquiétude les nuages qui s'en venaient vers la ville, portés par
un très léger vent, juste suffisant pour mettre une idée d'acidité
dans la touffeur de la route.
Parce
que pensais à la suite du jour :
faire cuire patates et lorue, arroser très vite, noter ceci et le mettre en ligne, une douche, une robe dadame sympa, un veston en secours,
et m'en aller vers la cour d'honneur ce qui est incompatible avec un ciel menaçant - en fait nous avons eu un bref passage de pluie suffisamment fine pour que danseurs, musiciens et publics l'ignorent superbement – pour assister à Babel 7.16 de Sidi Larbi Cherkaoui (flamand-marocain) et Damien Jalet (franco) belge faisant suite à leur Babel de 2010
faire cuire patates et lorue, arroser très vite, noter ceci et le mettre en ligne, une douche, une robe dadame sympa, un veston en secours,
et m'en aller vers la cour d'honneur ce qui est incompatible avec un ciel menaçant - en fait nous avons eu un bref passage de pluie suffisamment fine pour que danseurs, musiciens et publics l'ignorent superbement – pour assister à Babel 7.16 de Sidi Larbi Cherkaoui (flamand-marocain) et Damien Jalet (franco) belge faisant suite à leur Babel de 2010
La pièce convoque le
choc des langues et des corps porteurs de différentes nationalités,
la diversité et la difficulté à être dans la coexistence et
confronte l'unicité à la communauté. Elle questionne notre rapport
au changement où la technologie modifie constamment nos empathies et
nos connexions. Babel 7.16, tout comme la pièce originale, met en
scène des danseurs qui partagent avec humour leurs héritages
immuables mais en métamorphose constante. Danser cette
contradiction, c'est comme explorer les mots par le corps, éviter
l'écueil de l'indicible grâce au geste et à l'action. Dans le
mythe initial, il est dit que Dieu ne voulait pas partager son
territoire, les hommes, eux, voulaient se rapprocher de Lui. « Le
partage est une décision, une attitude, face aux événements
traumatiques notamment. Ces instants où l'extrême solidarité se
confrontent à la peur de partager ». En invitant au plateau
l'intégralité des danseurs qui ont fait de Babel une référence
chorégraphique, les deux chorégraphes issus d'une Belgique flamande
et francophone, divisée et unitaire, ont placé la masse, l'histoire
et le territoire dans la Cour d'honneur du Palais des papes. Dans le
centre des centres, là où les murs continuent à nous raconter des
histoires de prérogatives et d'immuabilité du pouvoir et de la
religion mais subliment et accueillent le vivant dans sa complexité.
Photos
Christophe Raynaud de Lage
alors
le mur et un décor très léger de cages ou espaces limités par des
tubes, que les danseurs déplacent et manient – un groupe
d'instruments (dont de superbes et très grands tambours) de chaque
côté du plateau et 6 musiciens et deux belles chanteuses (qui font
partie des, je crois, vingt-trois danseurs Ce nombre s'est
développé au fil des tournées et raconte notre rapport à la
migration des peuples) des danses qui se propagent comme des
vagues, du hip-hop, de l'affrontement, des regroupements, une volonté
d'hégémonie de l'anglais, une afformation des différentes langues
et civilisatiins, des chants repris, un très beau et violent duo,
pas mal de rires, une parodie de l'argent tout puissant, une femme
robot et les rapports avec les humains ordinaires etc... un etc qui
couvre sans doute l'essentiel
des
applaudissements nourris
et un
retour un peu après minuit (une fois encore la durée estimée était
nettement dépassée)
2 commentaires:
Encore une journée sans limites pour le plaisir...
c'est gentil Pierre, mais comme le raconte ce ne fut pas exactement le cas
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