un moment de prudence, et
une tendance à traîner au réveil, abandon d'une velléité de
spectacle dans le off... m'en suis allée, quelques minutes avant 11
heures vers Calvet, marche entravée par l'arrivée des troupeaux de
touristes aux formes amples et à la démarche languide qui
reviennent, la fin du festival approchant, parce que j'avais vu, sans
chercher de précision, écrits d'acteurs – Adami... et ce fut un
plaisir, plaisir que je devrais, mais ne le ferais sans doute pas, on
verra, renouveler dans les deux prochains jours…
il s'agit en fait des
répétitions, depuis le 20, et jusqu'à la lecture finale à 20
heures le 23, par une brochette de jeunes acteurs sélectionnés par
l'Adami, sous la direction bienveillante, ferme et précise de
Sivadier d'un montage de textes de Vilar, Maria Casarès,
GeorgesWilson, Py, Niangouna, Kantor etc... et c'est un régal
un petit public, une
petite vingtaine de personne, en paresseux mais attentif plaisir..
retour, déjeuner, une
trop courte sieste, et un départ plein d'appréhension, en bonne
chaleur, pas si excessive pourtant, vers la clim tueuse d'Aubanel,
avec un petit doute sur ce qui avait bien pu m’amener à prendre un
billet pour ce spectacle (la dictadura de la cool), qui se joue
depuis plusieurs jours, dont je n'ai pas entendu parler
sans prendre mon trajet
hors foule (même si je me navre de voir qu'Avignon cette année, en
accord avec l'état du monde et de pays, est un tantinet moins
encombré et frénétique que d'ordinaire, mon fort intérieur trouve
qu'il y a bien assez de monde comme cela) pour passer par la place
des Carmes
et ma dernière chance de
rendre visite à la petite exposition de l'amie Martine Belay-Benoit
langues de terre – elle
était bien là, regardant d'un oeil exaspéré un vélo déposé,
pour une minute simplement, depuis plusieurs heures devant sa fenêtre-vitrine (il était encore là plusieurs heures plus tard, alors que
juste en face, de l'autre côté de la place, un râtelier de vélo
était aux trois-quart vide)
petit
tour à l'intérieur, retrouvé quelques anciennes têtes, loué les
nouvelles et puis me suis attardée sur de toutes petites têtes qui
n'appartiennent pas à la série, et comme suis en état de moindre
résistance, ai cédé à mon goût pour deux tronches (dit
fraternellement) encapuchonnées déjà repérées, et ma foi – vais
plus avoir de sous pour le off la semaine prochaine mais comme plus
de force non plus... – me les suis offertes. Michel Benoit me les a
bien soigneusement enveloppées et suis passée les prendre en
sortant du spectacle.
Aubanel
donc (un des deux lieux que je redoute, l'autre étant Benoit XII –
ai censuré les spectacles qui s'y jouaient, certains semble-t-il
très bons, sauf le dernier.. au programme de demain), attente un peu
plus à l'abri de l'astre bien trop ardent, mais longue attente tout
de même, assez sympathique au demeurant... place au deuxième rang,
clim supportée avec effort (payé ensuite) et surprise plutôt
agréable
photos
Christophe Raynaud de Lage
Sous-titré « Nous
nous conformons à notre non-conformisme », le nouveau spectacle
de La Re-Sentida se penche sur une catégorie sociale qu'elle
considère dominante aujourd'hui : les bobos (contraction de
bourgeois-bohèmes). Le metteur en scène chilien, Marco Layera,
conscient d'en faire lui-même partie, interroge le potentiel et
l'intégrité de ce groupe social devenu classe qui souscrit en tout
point au capitalisme comme mode de vie et de communication, dans ses
rapports au monde et au marché, mais revendique un héritage
culturel et des valeurs dites à contre-courant. Pour examiner ce
paradoxe constitutif, avec sa compagnie, il instaure une fiction :
le soir d'un 1er mai à Santiago du Chili, alors que les mouvements
protestataires enflent dans la rue, des membres de l'élite
culturelle de la capitale sont réunis chez un ami dont ils célèbrent
la nomination au poste de ministre de la Culture. Mais, désabusé,
celui-ci s'enferme dans sa chambre et refuse de participer aux
réjouissances. Ce qu'il voit désormais est l'hypocrisie de son
entourage, un art d'une confortable autosatisfaction et
l'impossibilité criante de produire un quelconque changement…
bon
sujet, mais peut-être un peu trop habituel entre nous les plus ou
moins bobos.. traité avec rythme, montant vers l'hystérie.. avec, pour souligner le constat, l'attitude du nouveau ministre de la
culture qui ne se contente pas de s'enfermer dans sa chambre mais en
fait intervient auprès de sa femme, des invités, surtout une, pour
les punir de ce qu'ils sont, de ces bons sentiments affichés, ou
des douleurs n'existant que sous forme de performances.. et décevant
la petite cour par les nominations annoncées, contournant
radicalement leur milieu. Mais ce faisant il ne sort pas de la
méchanceté que le groupe applique à tout ce qui lui est extérieur,
se contente d'échanger une image de la culture contre un autre, et,
si finalement j'ai plutôt aimé cela, il m'a semblé que même en
ajoutant l'évocation finale d'une révolution très sanglante et
mondiale, et malgré la belle entente de la troupe, c'était un peu
juste (pourtant ne durait qu'une heure 25 mais dont suis sortie sur
les rotules)
retour,
hésitation, ne pas arroser, noté ceci,
démailloté
(long) les deux bonshommes, hésité parce qu'anéantie ou presque..
mais
repartie, tout doux tout doux vers les Célestins, parce que ma
marche était bien trop hésitante, jambes avançant à coup de dents
serrées et de volonté, une place en grimpant comme pouvais jusqu'au
milieu des gradins - et le second spectacle Leïla se meurt d'Ali
Chahrour, aussi beau, ou plus encore, que Fatmeh (photos
Christophe Raynaud de Lage que je trouve ce soir, et que je prends en
remplacement de celles de la production préparées ce matin)
copier
simplement le texte du site
Au Liban, les
pleureuses ne sont plus nombreuses. On les trouve encore au sud du
pays et dans la plaine orientale de la Bekaa. Elles sont pourtant la
pierre angulaire d'un rituel aussi religieux que social : les
condoléances. Au cours de ces cérémonies pour lesquelles elles
composent des poèmes à la mémoire de disparus, elles les disent en
se lamentant, déterminées à faire pleurer leurs proches dans la
grande tradition chiite. « Une esthétique de l'intime » que
les guerres et la situation économique ont transformée, comme le
pouvoir qui oblige désormais les familles à célébrer l'héroïsme
des grandes figures collectives, substituant ainsi le devoir à
l'émotion. Pleureuse, c'est le métier de Leïla qu'Ali Chahrour,
soucieux de revenir aux références régionales de sa danse, a
invitée sur scène avec lui et ses musiciens. Il lui a demandé de
partager son expérience en chantant sa relation à la mort et, à
travers elle, cette culture de deuil. Pour ce duo, le chorégraphe a
pris le temps d'observer chez Leïla « ce qui la met en mouvement,
elle dont le corps porte cette tristesse. » Il a ensuite imaginé
une partition délicate capable de se glisser dans les interstices de
cette plainte poétique qui apaise les âmes.
alors..
une beauté qui m'a permis de lutter contre la fatigue qui m'arrivait
en vagues.. une cérémonie qui nous impliquait (ou le croyions) deux
musiciens All Hout et Abed Kobeissi, et deux interprètes, Leïla
Chahrour, force massive, douceur et fermeté, sa danse lente, les
pétales semées sur le corps qui git (et dansant, pleurant toutes
les morts, c'est elle que le titre fait mourir) et Ali Charhour lui
même, dansant, comme danse sa longue écharpe blanche, dansant
comme danse Leïla, suivant ses mouvements, qui ne tiennent pas du
théâtre, ou incarnant la victime.
Dès
la fin, durcir en petit moteur mes dernières forces, et retour, dans
l'incapacité à être autre chose qu'un désir que carcasse et le
souvenir de ce jour atteignent l'antre, comme pouvais, lancée, avec
tout de même deux petites pauses contre mur (et comme étais incapable de penser photo, je garde la trace de ma seule tentative avortée)
5 commentaires:
Les têtes sculptées font aussi partie d'un théâtre guillotiné.
Quelles belles têtes
Bonne nuit
Dominique, et c'est pour cela que les grandes têtes de Martine tirent la langue
Avais d'emblée reconnu les sculptures.
Trop de choses à voir.
Ce soir, Arte diffuse les Frères...tard, très tard.
Pas original de dire... que ces têtes sont belles !!! et les spectacles... Bravo, tu dois saturer !! Courage
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