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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, juillet 22, 2016

Avignon – festival – jour 16 – Calvet, expo amie, manque sagesse, la dictadura de la cool hystérique à Aubanel et la douceur tragique de la pleureuse aux Célestins


un moment de prudence, et une tendance à traîner au réveil, abandon d'une velléité de spectacle dans le off... m'en suis allée, quelques minutes avant 11 heures vers Calvet, marche entravée par l'arrivée des troupeaux de touristes aux formes amples et à la démarche languide qui reviennent, la fin du festival approchant, parce que j'avais vu, sans chercher de précision, écrits d'acteurs – Adami... et ce fut un plaisir, plaisir que je devrais, mais ne le ferais sans doute pas, on verra, renouveler dans les deux prochains jours…
il s'agit en fait des répétitions, depuis le 20, et jusqu'à la lecture finale à 20 heures le 23, par une brochette de jeunes acteurs sélectionnés par l'Adami, sous la direction bienveillante, ferme et précise de Sivadier d'un montage de textes de Vilar, Maria Casarès, GeorgesWilson, Py, Niangouna, Kantor etc... et c'est un régal
un petit public, une petite vingtaine de personne, en paresseux mais attentif plaisir..
retour, déjeuner, une trop courte sieste, et un départ plein d'appréhension, en bonne chaleur, pas si excessive pourtant, vers la clim tueuse d'Aubanel, avec un petit doute sur ce qui avait bien pu m’amener à prendre un billet pour ce spectacle (la dictadura de la cool), qui se joue depuis plusieurs jours, dont je n'ai pas entendu parler
sans prendre mon trajet hors foule (même si je me navre de voir qu'Avignon cette année, en accord avec l'état du monde et de pays, est un tantinet moins encombré et frénétique que d'ordinaire, mon fort intérieur trouve qu'il y a bien assez de monde comme cela) pour passer par la place des Carmes
et ma dernière chance de rendre visite à la petite exposition de l'amie Martine Belay-Benoit langues de terre – elle était bien là, regardant d'un oeil exaspéré un vélo déposé, pour une minute simplement, depuis plusieurs heures devant sa fenêtre-vitrine (il était encore là plusieurs heures plus tard, alors que juste en face, de l'autre côté de la place, un râtelier de vélo était aux trois-quart vide)
petit tour à l'intérieur, retrouvé quelques anciennes têtes, loué les nouvelles et puis me suis attardée sur de toutes petites têtes qui n'appartiennent pas à la série, et comme suis en état de moindre résistance, ai cédé à mon goût pour deux tronches (dit fraternellement) encapuchonnées déjà repérées, et ma foi – vais plus avoir de sous pour le off la semaine prochaine mais comme plus de force non plus... – me les suis offertes. Michel Benoit me les a bien soigneusement enveloppées et suis passée les prendre en sortant du spectacle.
Aubanel donc (un des deux lieux que je redoute, l'autre étant Benoit XII – ai censuré les spectacles qui s'y jouaient, certains semble-t-il très bons, sauf le dernier.. au programme de demain), attente un peu plus à l'abri de l'astre bien trop ardent, mais longue attente tout de même, assez sympathique au demeurant... place au deuxième rang, clim supportée avec effort (payé ensuite) et surprise plutôt agréable
photos Christophe Raynaud de Lage
Sous-titré « Nous nous conformons à notre non-conformisme », le nouveau spectacle de La Re-Sentida se penche sur une catégorie sociale qu'elle considère dominante aujourd'hui : les bobos (contraction de bourgeois-bohèmes). Le metteur en scène chilien, Marco Layera, conscient d'en faire lui-même partie, interroge le potentiel et l'intégrité de ce groupe social devenu classe qui souscrit en tout point au capitalisme comme mode de vie et de communication, dans ses rapports au monde et au marché, mais revendique un héritage culturel et des valeurs dites à contre-courant. Pour examiner ce paradoxe constitutif, avec sa compagnie, il instaure une fiction : le soir d'un 1er mai à Santiago du Chili, alors que les mouvements protestataires enflent dans la rue, des membres de l'élite culturelle de la capitale sont réunis chez un ami dont ils célèbrent la nomination au poste de ministre de la Culture. Mais, désabusé, celui-ci s'enferme dans sa chambre et refuse de participer aux réjouissances. Ce qu'il voit désormais est l'hypocrisie de son entourage, un art d'une confortable autosatisfaction et l'impossibilité criante de produire un quelconque changement…
bon sujet, mais peut-être un peu trop habituel entre nous les plus ou moins bobos.. traité avec rythme, montant vers l'hystérie.. avec, pour souligner le constat, l'attitude du nouveau ministre de la culture qui ne se contente pas de s'enfermer dans sa chambre mais en fait intervient auprès de sa femme, des invités, surtout une, pour les punir de ce qu'ils sont, de ces bons sentiments affichés, ou des douleurs n'existant que sous forme de performances.. et décevant la petite cour par les nominations annoncées, contournant radicalement leur milieu. Mais ce faisant il ne sort pas de la méchanceté que le groupe applique à tout ce qui lui est extérieur, se contente d'échanger une image de la culture contre un autre, et, si finalement j'ai plutôt aimé cela, il m'a semblé que même en ajoutant l'évocation finale d'une révolution très sanglante et mondiale, et malgré la belle entente de la troupe, c'était un peu juste (pourtant ne durait qu'une heure 25 mais dont suis sortie sur les rotules)
retour, hésitation, ne pas arroser, noté ceci, 
démailloté (long) les deux bonshommes, hésité parce qu'anéantie ou presque.. 
mais repartie, tout doux tout doux vers les Célestins, parce que ma marche était bien trop hésitante, jambes avançant à coup de dents serrées et de volonté, une place en grimpant comme pouvais jusqu'au milieu des gradins - et le second spectacle Leïla se meurt d'Ali Chahrour, aussi beau, ou plus encore, que Fatmeh (photos Christophe Raynaud de Lage que je trouve ce soir, et que je prends en remplacement de celles de la production préparées ce matin)
copier simplement le texte du site
Au Liban, les pleureuses ne sont plus nombreuses. On les trouve encore au sud du pays et dans la plaine orientale de la Bekaa. Elles sont pourtant la pierre angulaire d'un rituel aussi religieux que social : les condoléances. Au cours de ces cérémonies pour lesquelles elles composent des poèmes à la mémoire de disparus, elles les disent en se lamentant, déterminées à faire pleurer leurs proches dans la grande tradition chiite. « Une esthétique de l'intime » que les guerres et la situation économique ont transformée, comme le pouvoir qui oblige désormais les familles à célébrer l'héroïsme des grandes figures collectives, substituant ainsi le devoir à l'émotion. Pleureuse, c'est le métier de Leïla qu'Ali Chahrour, soucieux de revenir aux références régionales de sa danse, a invitée sur scène avec lui et ses musiciens. Il lui a demandé de partager son expérience en chantant sa relation à la mort et, à travers elle, cette culture de deuil. Pour ce duo, le chorégraphe a pris le temps d'observer chez Leïla « ce qui la met en mouvement, elle dont le corps porte cette tristesse. » Il a ensuite imaginé une partition délicate capable de se glisser dans les interstices de cette plainte poétique qui apaise les âmes.

alors.. une beauté qui m'a permis de lutter contre la fatigue qui m'arrivait en vagues.. une cérémonie qui nous impliquait (ou le croyions) deux musiciens All Hout et Abed Kobeissi, et deux interprètes, Leïla Chahrour, force massive, douceur et fermeté, sa danse lente, les pétales semées sur le corps qui git (et dansant, pleurant toutes les morts, c'est elle que le titre fait mourir) et Ali Charhour lui même, dansant, comme danse sa longue écharpe blanche, dansant comme danse Leïla, suivant ses mouvements, qui ne tiennent pas du théâtre, ou incarnant la victime.
Dès la fin, durcir en petit moteur mes dernières forces, et retour, dans l'incapacité à être autre chose qu'un désir que carcasse et le souvenir de ce jour atteignent l'antre, comme pouvais, lancée, avec tout de même deux petites pauses contre mur (et comme  étais incapable de penser photo, je garde la trace de ma seule tentative avortée)

5 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Les têtes sculptées font aussi partie d'un théâtre guillotiné.

Claudine a dit…

Quelles belles têtes
Bonne nuit

Brigetoun a dit…

Dominique, et c'est pour cela que les grandes têtes de Martine tirent la langue

jeandler a dit…

Avais d'emblée reconnu les sculptures.
Trop de choses à voir.
Ce soir, Arte diffuse les Frères...tard, très tard.

arlette a dit…

Pas original de dire... que ces têtes sont belles !!! et les spectacles... Bravo, tu dois saturer !! Courage