orage vers quatre heures
du matin, et pluie, une cuillère de miel et me rendormir en pensant
quelle chance, c'est le jour où ne vois que des spectacles à
l'intérieur, ai pensé voilà qui va désarmer la clim de Benoit
XII, l'une de celles sur lesquelles fais une fixation, seulement
voilà, malgré ma rage, ma honte, malgré les ménagements pris avec
carcasse (passé l'aspirateur parce que tout de même ça faisait
trop longtemps, mais regardé le petit repassage avec réserve, me
bornant à défriper pantalon et chemise) au bout de cinq minutes de
station debout et d'activité je sentais que c'était pas encore
ça, vraiment pas encore ça...
Comme, parce que décidée à couper un peu, j'avais enfin regardé la vidéo
de François Bon annonçant le cinquième atelier de l'été, et lu
son billet, en passant aspirateur, en nettoyant un peu, en douchant
et coiffant Brigetoun, y pensais, alors peu à peu j'ai tenté, relu,
piqué petit somme, relu, envoyé (et immédiatement trouvé deux
corrections à faire, suis exaspérante) pour un résultat, qui, ma
foi est ce qu'il est, comme l'avais fait pour le précédent (devriez
prendre temps, si vous ne l'avez fait de lire les propositions et les
contributions)
4 – Artaud en juste
100 mots
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4342
Décollement du
cerveau, ou cru tel, sensation il y a pourtant qui joint les mots
mains et tétanisées, mais sans qu'une étincelle réveille
l'engourdissement du crâne, un monde souriant pour les yeux enfoncés
mais les images sont sans réponse, sans pensée... Cette nuque aussi
qui semble vouloir se casser, crâne tombant en arrière, la main qui
masse pour calmer sent les tendons raidis.. un flux de salive comme
une colle dans la bouche et ce goût de vase. La fatigue que sont ces
bruits qui se fraient chemin dans les brûlures du crâne, comme
flèches froides, et des mains qui croient trembler, qui tremblent
peut-être ou dont le message est mensonge
5 – la route rouge de
Rimbaud http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4344
Les herbes sèches et
la terre poussiéreuse du jardin croulent sur les dalles qui
entourent la maison, sous le soleil en feu. Les roues des patins qui
coincent grincent et les petits pieds en galopade claquent. Ils
fuient. Le dernier, le garçon, les petits boutons entre les jambes
ouverts, n'a pas voulu d'aide. Il chougne et bave dans foulard de
soie qui traîne derrière lui. Elles n'ont pas envie d'en rire.
Elles regardent le foulard, le foulard de maman.. Ils ont fui. Contre
portail sur la rue, maison derrière. Ils sont contre le portail dans
l'odeur des asphodèles, de la chaleur et de la pisse de chats. Ils
sont loin de ce petit cri brusque, du bruit de pleurs, du petit
reniflement plein de larmes de la mère. La peur est revenue,
l'oubliée. Ce n'est pas le père, ce n'est pas son bateau. C'est
juste un nom, un nom familier mais rien qu'un nom. C'est ce mot
étrange, mort, et c'est la cassure du monde. Ils sont là, avec une
envie de jeu pour renouer le jour. Les bruits de la rue, un chien, un
claquement de tissu, effacent l'incompréhensible gémissement. Il y
a enfin un pas calme, une voix qui les appelle doucement, presque un
murmure, une tante, le jour qui reprend, où ne pas faire de bruit.
Seulement c'était
toujours carcasse absente - jambes tremblantes, mains gourdes et
raides - pendant que je préparais nourriture (besoin de faire chair),
c'étaient des assauts de la fatigue des jours passés et ce fut, au
moment où vers midi, le ciel nous tombait bruyamment sur la tête,
mon troisième renoncement (hors les billets non achetés dans le
off, les velléités).
Pourtant, regardez si vous
êtes curieux, ce qu'en savais de Hearing, à priori, qui
était ce que montrait et disait le programme, sur le site du
festival http://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2016/hearing
jour blanc, vide,
soigneusement et délicieusement vide, dormir en musique ou sur des
phrases que ne comprenais pas, regarder dans le vague avec yeux flous
et puis
m'en suis allée, vers
neuf heures, découvrant en chemin que n'avais pas encore récupéré
toutes mes forces, par des rues que le festival semble avoir presque
déserté, sauf à l'entrée de certains spectacles, vers le Théâtre
des Halles,
le jardin où étions
quelques uns à jouir de la fraîcheur du soir, la chapelle (navrant,
nous étions dix, il est vrai qu'elle est fort petite mais..) pour
voir, écouter deux acteurs, Jo A Yang et Jo,g Ook Yang, du Yangson
Project dans contes du jour et de la nuit à
partir de trois histoires courtes de Maupassant, le lit 29,
à la campagne et idylle
parce que j'aime Maupassant, parce que j'ai aimé les spectacles
coréens auxquels j'ai assisté pour leur poésie et leur justesse
(d'autant plus choisis par Alain Timar qui travaille avec des acteurs
coréens)
(photo provenant du site
du théâtre)
le programme disait
Instantanés de la vie, analyse des moments
critiques, cette création arrive à saisir avec simplicité mais
grande efficacité l’ironie de la vie et le côté sordide de l’âme
humaine.
Court
spectacle, et saveur du mélange et de l'accord entre le charme cruel
du normand et le jeu de l'acteur, juste un peu plus expressionniste
que le serait un conteur français, juste parlant un peu trop fort peut-être
pour l'exiguïté de la chapelle (et assez beau pour que son
triomphant je suis beau par
quoi débutait le lit 29 appelle
un sourire d'assentiment), rendant merveilleusement à la fin le
souffle haletant, la plainte et la rage d'Irma (son ancienne belle
qui violée selon elle par les prussiens s'est vengée en en
contaminant le plus possible) et la gêne du jeune coq moqué par les
autres officiers.. ou le jeu de l'actrice, curieusement vêtue en
nonne pour raconter l'histoire des deux familles de paysans, celle
qui a refusé de vendre le petit dernier, celle qui a consenti, avec
la puissance de mime d'une conteuse de place, un côté pitre assumé
qui n'empèche pas les nuances dans l'expression des sentiments.
Pour
idylle cette histoire
de la grosse femme et du jeune homme assis dans un train entre Gènes
et Marseille, sur deux chaises côte à côte, ils miment les
mouvements du train puis prennent insensiblement en charge leurs
personnages, et côte à côte toujours, ils sont avec une verdeur
stylisée celui qui tête, celle qui est soulagée..
applaudissements,
sortie, et retour en tombant encore un tantinet dans des trous, dans
les rues qui sont maintenant simplement celles d'une ville au coeur
de l'été, avec des terrasses pleines de dîneurs, à onze heures,
avec des policiers – il semble que leur nombre ait été augmenté
depuis Nice - en ballade tranquille, et quelques familles sur la place
de l'horloge.
6 commentaires:
Si c'est bientôt la fin du "in", il va être difficile d'être à l'abri...
Bon courage en voix off.
oui il y a encore six jours du off après le in
on verra (parce qu'à vrai dire je me faisais un peu peur hier soir dans la rue et pendant le court spectacle.. enfin là programme halles - plus rien à manger - et cet après midi les très belles semblent-il quatre heures et demi d'Eschyle et Py dans les ruines de la collégiale de Villeneuve (s'il ne pleut pas) - bon me recouch
magnifiques, aurais aimé voir maupassant !
Et en plus le temps d'écrire !!! sans oublier les halles ;-)))
Bravo Brigitte
Courage et merci pour la chronique de la vie d'une festivalière si fidèle. Pas si aisé que cela à vivre.
J'ai beaucoup, beaucoup aimé les Coréens d'Alain Timar, à la fois dans les contes de Maupassant et dans "tous contre tous" d'Arthur Adamov, qui a une résonance actuelle étonnante.
Le In terminé, vous allez pouvoir voir du Off.
beau tout
et Maupassant
et tout et tout
suis en cours de retour, bonne soirée, Brigitte
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