Retapée, plus ou moins
(bon les années et les opérations ça ne se gomme pas si vite) m'en
suis allée, hésitant un peu à m'arrêter en passant devant Calvet
pour écouter quelques minutes (mais trop peu, cela commençait en
principe à 21 heures) de la lecture de l'Enfer dans
le calme et le début de fraîcheur de la cour,
poursuivant
rapidement, pour tenir compte de la lenteur relative d'écoulement
des files d'attente en nos temps sécuritaires (dis pas qu'ils ont
tort), vers la cour du Lycée Saint Joseph (un endroit pour souvenirs
très bons, bons, ou au moins intéressants), en attente parce
que le Lenz de Büchner pour moi comme pour beaucoup est un petit
livre chéri, pour assister au spectacle de Cornelia Rainer –
adaptation et mise en scène – basé sur le récit de Büchner
augmenté d'extraits de pièces de théâtre, de drames et de notes
du pasteur Oberlin (l'hôte de Lenz)
portrait d'un homme
souffrant qui ne trouve pas de repos et propose de découvrir une
oeuvre et un auteur trop souvent dans l'ombre de son maître Goethe.
Accompagnant au plus près l'écriture de Büchner faite d'harmonie
et de dysharmonie, la metteuse en scène autrichienne a imaginé,
dans une scénographie spectaculaire, un théâtre musical où la
partition contemporaine nourrie de percussions se confrontera aux
chants religieux que pouvaient entendre Jacob Lenz dans son exil
vosgien. Poids de la religion, puissance de l'univers, violence des
éléments, hypersensibilité des âmes... Lenz ouvre la porte au
romantisme.. disait le programme
Bon
les photos de Christophe Raynaud de Lage (en ai prélevée deux au
surplus voir http://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2016/lenz)
confirmaient que oui, scénographie spectaculaire... et ma foi belle,
et remplissant bien l'espace de la cour, l'unifiant, le recentrant ce
qui n'est pas toujours le cas...
Le
petit livret de salle est plein de ce dont s'est nourrie Cornelia
Rainer, le récit de Büchner, des textes de Lenz, les notes du
pasteur Oberlin, des textes d'autres poètes du Sturm und Drang... de
son amour de la musique, et elle fait s'entrechoquer ou concourir
plutôt ensemble à créer le climat désiré la musique, en direct,
contemporaine et bruitiste de Julian Sartorius (ce qui l'amène à
mettre le couvert en recherchant des sons) dont la casquette, le
tee-shirt circulant au milieu des personnages ajoute à la discrète
stylisation des actions, des chansons populaires allemandes et
françaises et des cantates – ce qui fait que certains échanges
vocaux sont musique, et que par moment, surtout au début quand la
venue de cet être étrange (même avec une lettre de recommandation
et fils de pasteur) vient exciter ce qu'il y a de fantaisie dans la
famille, les mouvements eux-mêmes des personnages sont musicaux. Il
y a de jolies notations comme le passage au français entre le
pasteur, sa femme et Lenz dans les formules de politesse, il y a les
rapports mélanges d'autorité et de rondeur paternaliste entre la
femme du pasteur et la bonne, les timides aspirations de cette
dernière, son côté un peu gipsy (et sa maladie).
Il y a une distribution qui colle au rôle, un pasteur grand, noble mais non pas rigide (il y a en lui une trace d'une fêlure de jeunesse et un réel souci du bien être physique et moral de sa communauté) sa femme assez charmante, digne, courageuse, au premier abord généreuse (mais ce n'est pas de tout repos d'accueillir chez soi un clochard céleste, et de veiller sur les siens – ma foi j'ai vérifié en rentrant, Thomas Vinau a oublié Lenz qui aurait ou faire un soixante-dix-septième clochard céleste, proche de Walser au moins par son amour de la marche et sa tentative de mort dans la montagne (réussie par Walser), moins par le caractère aussi exubérant que l'autre est effacé, un Lenz attendrissant à son arrivée, courtois, et avec le temps d'une excitation extrême, brutalement affirmée au nom de son génie, et de ses refus (et là le spectacle est un peu court qui accélère l'évolution accueil, tolérance, souffrance, rejet de la famille, du village) avec des retours vers des échanges presque calmes, des demandes d'aide suivi de refus instantané auprès du pasteur. Et une volonté, un peu brouillonne mais constante, qui l'amène, avec bien des tentatives et échecs à la fin au sommet de la plus haute des courbes (lesquelles symbolisent des montagnes) comme une étrange réalisation de son désir forcené de liberté (juste avant que le noir se fasse et qu'on annonce sa mort)
Il y a une distribution qui colle au rôle, un pasteur grand, noble mais non pas rigide (il y a en lui une trace d'une fêlure de jeunesse et un réel souci du bien être physique et moral de sa communauté) sa femme assez charmante, digne, courageuse, au premier abord généreuse (mais ce n'est pas de tout repos d'accueillir chez soi un clochard céleste, et de veiller sur les siens – ma foi j'ai vérifié en rentrant, Thomas Vinau a oublié Lenz qui aurait ou faire un soixante-dix-septième clochard céleste, proche de Walser au moins par son amour de la marche et sa tentative de mort dans la montagne (réussie par Walser), moins par le caractère aussi exubérant que l'autre est effacé, un Lenz attendrissant à son arrivée, courtois, et avec le temps d'une excitation extrême, brutalement affirmée au nom de son génie, et de ses refus (et là le spectacle est un peu court qui accélère l'évolution accueil, tolérance, souffrance, rejet de la famille, du village) avec des retours vers des échanges presque calmes, des demandes d'aide suivi de refus instantané auprès du pasteur. Et une volonté, un peu brouillonne mais constante, qui l'amène, avec bien des tentatives et échecs à la fin au sommet de la plus haute des courbes (lesquelles symbolisent des montagnes) comme une étrange réalisation de son désir forcené de liberté (juste avant que le noir se fasse et qu'on annonce sa mort)
Deux
passages du petit programme
à
propos de l'échec des mouvements littéraires et politiques de
l'époque j'ai choisi des textes de Lenz qui décrivent
cette déception que l'on retrouve chez Georg Büchner. C'est un des
points de conflits entre le pasteur et le poète. La seule
possibilité pour lui de garder ses convictions sont ses écrits.
L'écriture lui reste comme échappatoire, remède..
et à
propos de cette phrase de Lenz «Vous n'entendez pas cette voix
atroce qui hurle tout autour de l'horizon et qu'on appelle d'habitude
le «silence» D'une certaine façon il a vécu dans ses utopies
et dans l'ombre silencieuse de Goethe. Il est mort dans le silence de
son isolement.. Le passé, le présent et le futur le font souffrir
et il cherche à échapper à cette souffrance qui vient des désirs
inassouvis et qui le met dans un état de flottement presque hors du
temps...
salut,
applaudissements unanimes mais en grande parte timide et des c'est
étrange murmurés dans le public se dispersant
7 commentaires:
Ne possédant pas vos cultures livresques et théâtrales, j'apprécie d'autant plus la lecture de vos carnets de bord. Par ceux-ci, vous nous embarquez dans un voyage de découvertes et d'exigences qui fait du bien à l'esprit.
aucune culture ou à hue et à dia et pleine de complexes (sans gravité- à cet égard.. disons des années
Le décor (avec ces toboggans) est impressionnant : mais n'est-il pas surdimensionné par rapport au "petit livre" de Lenz ?
Enfin, ça ne durait sûrement pas onze heures trente...
au contraire (et j'ai aimé ça) il rapetisse et recentre elle plateau qui est trop grand, où tous les spectacles flottent
ah le plaisir de retrouver le festival sur vos pas... je n'y suis jamais allée !
Votre partage m'est précieux, vous me faites tout voir sans frais de déplacement ni d'hébergement que je ne peux me permettre... MERCI !
oj pas tout loin de là - il y a plus de 1000 spectacles du off que n'irai sans doute pas voir faute de sous et de temps (j'évite les heures chaudes e les clins et puis j'ai un programme très chargé pour une petite vieille) et la rue entre 11 heures et neuf heures du soir en gros (en plus je passe le plus possible par petites rues)
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