réveil en plusieurs
étapes et départ un peu en catastrophe,
en slalomant un peu, pas
trop, les rues sont encore assez vides, vers le Lycée Saint Joseph
de nouveau,
attente en tête ou
presque de la file, piapia sur les spectacles vus et retrouver le
jardin de la vierge envahi cette année par un manteau vert, pour le
programme A des sujets à vif (n'ai pu avoir de place ni pour le C ni
pour le D, ils sont devenus bien trop populaires)
photos de Christophe Raynaud de Lage,
comme d'habitude
La vie des formes texte
de Célia Houdart avec Renaud Herbin marionnettiste et une
marionnette de Paulo Duarte et Mathias Baudry
la façon dont naissent
les figures et les personnages des fictions qu'ils inventent. Chacun
à leur manière – écrivain et marionnettiste –, les façonne
dans la matière, en observe les formes et les agissements, curieux
de les voir se faire et se défaire. Mais à la fois créateurs et
observateurs de ces nouvelles vies, ils rappellent qu'il est avant
tout question d'en éprouver la surprise et s'étonnent eux-mêmes de
l'étrangeté du monde animé.
Elle,
derrière une planche sur tréteau au fond, ou circulant, lit son
texte qui part des alluvions, de la constitution des sols, des
pierres rares, des marionnettes etc..
lui
maniant, agissant avec la très grande marionnette, qui se meut
uniquement par contact, qui est extrêmement souple, mais comme le
serait un humain qui s'abandonne, et c'est beau et tendre
et
Membre fantôme de
Erwan Cracker (sonneur de cornemuse) et Mickaël Phelippeau (danseur)
la rencontre entre ces
deux artistes au penchant commun pour le kig ar farz et les fest-noz
permet de nourrir un déplacement et un apprentissage de l'un à
l'autre. « Apprendre veut dire : regarder où il met ses doigts,
mémoriser les touches qu'il enfonce comme on repère les traces d'un
animal qu'on traque. » Peter Szendy
sympathique
et séduisant, surtout en première partie, quand Mickaël Phelippeau
danse, vêtu en femme, cheveux au vent, tel un être dont le sexe n'a
aucune importance – amitié que l'in croit percevoir, plaisir qui
entraîne sourire plus que rire
salut
retour
par petites rues vides ou presque à cette heure du mitan, petits
groupes devant les théâtres, petits groupes s’interrogeant sur la
suite de leur programme, achat à la volée pour contrer un désir
trop onéreux du chant d'un fantoche lusitanien de Peter Weiss
(me rajeunit), musiciens au coin de la place de l'horloge.
Chaleur
insupportable dans la cour, et sieste derrière volets clos, avant
d'émerger, de bricoler dîner, de se doucher, changer de tee-shirt,
remettre jupe
et
aller attendre devant les remparts un car pour Villeneuve.
Soleil
sur le noble village, l'allée, ma désolation devant les jeunes
arbres, bien beaux pourtant, remplaçant vieux amis,
attente
longue en bordure de l'herbe, panique clim jugulée en la partageant
avec un semblable, se carrer, se préparer et la rive dans le
noir – une performance des ténèbres de Pascal Quignard, avec
Pascal Quignard et Marie Vialle (plus une chouette effraie vivante et
en ombre chinoise et un corbeau en vie et ombre chinoise)
photos
Christophe Raynaud de Lage
sur
le programme Tout
débute par une disparition ; celle d'une femme, Carlotta (en
fait Carlotta Ikeda, la danseuse), qui
emporte avec elle un mouvement qu'on ne pourra plus montrer, des voix
qu'on ne pourra plus entendre. La perte irrémédiable et le manque
qui s'ouvre produisent bientôt un geste : l'écriture. La question
« Où es-tu ? » ne pouvant plus se dire, l'écrivain décide
de livrer ce qui blesse son âme à celle qui sait le lire : la
prêtresse, celle qui chante, celle qui danse, celle qui vit hors du
temps. Pour apaiser les morts et bercer les vivants, ils entrent
ensemble sur la rive des ombres. Là, les animaux sont rejoints par
les hommes, les chants deviennent sauvages, les touches d'un piano
poussent des ululements, le regard d'un rapace convoque une peur
d'enfant. De possessions en métamorphoses, tour à tour maîtres et
assistants, Marie Vialle et Pascal Quignard rappellent des disparus,
visitent des peines et des zones primitives où le langage n'est plus
seulement articulé, où la musique n'est plus seulement sonore, où
le jour et la nuit ne sont plus des repères. Par les moyens du rêve
et dans l'obscurité, l'auteur et la comédienne éveillent des sens
que la mémoire voudrait croire oubliés mais que le coeur
reconnaît : ils reviennent d'un ailleurs, du temps d'avant la
lumière.
Que
dire de plus, que cela fonctionne, grâce au texte, grâce à eux
deux et à leur complicité, que j'étais tendue d'attention
heureuse, et puis en rester à une vidéo d'un extrait, trouvé en
rentrant, en cherchant des photos
ajouter
la voix de Marie Vialle et ce qu'elle en fait, dédiée à celle qui
manque, cette danse des ténèbres, ankoku butoh - je crois que le
théâtre vise toujours à invoquer des revenants dit Quignard
dans le programme de salle -, les mots plus rares de Quignard et sa
voix et son écriture, son piano et Messiaen, et tout ce qu'on ne
comprend pas dans la succession des moments, qu'on saisit peut-être,
nous restant assis devant eux dans le noir. L'obscurité impose le
rêve dans la tête des vivants dit encore Quignard.
Applaudissement,
sortie vers la lumière, l'allée, mon petit arrêt comme en arrivant
devant les beaux jeunes arbres pour un petit lamento intérieur à la
splendide allée morte. Et un retour tenue debout par les autres
corps dans le car.
Arroser,
cuire patates. Ebaucher ceci, commencer à le mettre en ligne avant
de réaliser l'heure, de me changer derechef et m'en aller
vers
le palais des papes et Yitzhak Rabin, chronique d'un assassinat
spectacle in memoriam, lamentation, de Amos Gitaï (une
exposition aussi chez Lambert que devrais aller voir, que n'irais
sans doute pas voir.. parce que trop à voir), spectacle qui était
diffusé en direct sur France Culture
avec
deux actrices une israélienne, une palestinienne, Sarah Adler et
Hilam Abbass, une pianiste Edna Stern, une violoncelliste Sonia
Wieder-Atherton, Bach, Monteverdi... (et le choeur du Lubéron
chantant du Ligetti)
à partir des souvenirs
de Leah Rabin, l'épouse du Premier ministre, Amos Gitaï a imaginé
une « fable » débarrassée de tout formalisme et portée par
une distribution d'exception. Quatre protagonistes féminines, quatre
voix associées dans un mode récitatif, « entre lamentation et
berceuse » qui vont remonter le cours de l'Histoire et de la
violence inouïe avec laquelle les forces nationalistes se sont
opposées au projet de paix en déchirant le pays. Quatre
voix prises, comme « dans une chambre d'écho », entre des
images-documents et des extraits de la littérature classique (Jules
César de Shakespeare) avec quelques projections sur le mur des
manifestations d'une violence inouïe et ordurière de la droite (les
plus jeunes des politiques d'alors étant au pouvoir actuellement) et
de la manifestation en faveur de la paix....
Gradins
pleins, assistance attentive et recueillie.
et
en sortant, des garçons assis à l'air abattu qui m'ont fait
comprendre que mes chers portugais devaient être joyeux (mais tout
de même du bruit provenant de ma place en ce moment)
7 commentaires:
Là, dans votre journée si longue, j'aurais bien assisté à la représentation de et avec Pascal Quignard sur scène : ses mots dits ou écrit ont toujours une qualité rare !
Quant à Yitzhak Rabin, j'avais vu le film ayant pour thème son assassinat, très impressionnant.
Quignard oui… failli partir à cause de la clim redoutable (et chaleur extérieure) mais me suis cramponnée, pouvait pas
oui le film, ai hésité à cause de cela (doublon) mais en fait là ce n'était pas tant un documentaire qu'un lamento, un peu comme une veillée, avec la place des femmes
Entre le In et le Off, la ville en fête
plaisir et courage en partage.
merci et pardon, suis un peu à sens unique là…`
et pour le moment je rencontre partout une gentillesse (presque vexante :-) et des attentions pour la petite vieille quand elle ne le demande pas
Aime bien l'oxymore feignasse hyperactif de l'affiche. Revois avec plaisir la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon et son Centre national des écritures du spectacle.
je n'y étais jamais venue dans le cadre du festival, juste, en hiver ou au printemps, pour des lectures en petit comité dans le cadre de résidences
Beau Quignard un moment rare je suppose chance à toi et Merci de tes mots Courage Amie
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