vent qui apporte nuage,
lui tire la langue et m'en va
vers Notre Dame des Doms
pour Le concert du cycle de musiques sacrées pour lequel j'ai eu un
billet, la leçon de musique de
Pascal Quignard
attente devant le porche
dans une chaleur douce et sans trop de vent - à l'abri sommes -
trouver une place vers le
premier tiers de la nef, attente que des candidats arrivent en
quantité suffisante pour remplir l'église
avant que commence
l'alternance entre musique (pour commencer Couperin joué par Luc
Antonini sur l'orgue doré, en trois épisodes : un prélude et
deux fantaisies) et des lectures d'extraits de la leçon de
musique par Didier Sandre
aime
et connais le texte, Didier Sandre est un grand acteur mais avec ma
petite suffisance éhontée j'étais un peu agacée trouvant que son
élocution lente, lourde, trahissait un peu Quignard, qui est grave,
profond (tellement que m'y noie avec plaisir parfois) mais pas
empesé... bon c'est un détail
après
Couperin il y eut des extraits des pièces de viole de Marin Marais
et une Chacone de Monsieur de Sainte-Colombe (et l'interprétation
sensible, et le son velouté, gourmand, de Sylvie Moquet)
et
pour finir en beauté, les deux voix se relayant, se
conjuguant, superbement de Monique Zanetti et Andrea Büchel (suis
sincère) dans la troisième leçon de Ténèbres à deux voix pour
le mercredi saint de Couperin
salut,
sortie
pour voir le ciel se dégager, trouver la force du vent en
descendant, et retour à l'antre un peu avant une heure pour cuisine,
déjeuner, sieste, abandon d'une velléité d'aller assister à un
spectacle qui s'achève le 16 chez Benedetto et nouveau départ (une
étole sur l'épaule au cas où)
et
cheminer, en slalomant entre flâneurs, musiciens, festivaliers en
vestures hétéroclites vers le lycée Saint Joseph,
l'attente dans
le hall (prolongée à cause d'une petite averse brève, perdue,
venue d'on ne sait où, qui finalement n'avais pas mouillé le sol,
juste les sièges...) pour le programme B des sujets à vif (n'ai pas
de place pour les deux derniers programmes et le regrette, parce
qu'en gros je trouve que le programme B mérite que j'ai une revanche –
peut-être est-ce que cela venait de moi..)
photos
de Christophe Raynaud de Lage, une fois encore
les corvidés et
à vrai dire un très bon et assez long moment pendant que le
responsable s'écharnait à trouver place pour tous les candidats
spectateurs : deux corbeaux sur leurs perchoirs, deux corbeaux qui
parlent (si bien que bien entendu ce n'est pas réellement eux, ils
ont un interprète) commentent le public, le festival avec une pointe
de méchanceté très discrète, un beau sens de l'à-propos et pas
mal d'esprit et puis le principal du spectacle (production Viande
Hachée du Caire, Viande Hachée des Grisons en collaboration avec
l'association Poppydog ce qui semblait déjà tentant, même si, moi,
la viande hachée..) spectacle conçu et interprété par Laetitia
Dosch et Jonathan Capdevielle – deux êtres vêtus de noir (elle
très vêtue/dévêtue) deux suceurs de sang, avec l'expérience de
plusieurs siècles de cet état, les rencontres faites – et là
quelques coups de patte – les problèmes pratiques et trash de
cette cohabitation/nourriture avec les vivants, leur amour à
éclipse, un retour à l'animalité, soigné etc... une loufoquerie
lente, désabusée, un univers que j'ai salué, dans lequel ai peiné
à entrer, dans lequel ai renoncé d'entrer, une éternité.. bon
nous ne nous correspondions pas et ça n'en finissait pas.. et du
coup je commençais à avoir vraiment froid, d'humeur un peu out...
ce qui est dommage, je
pense que j'aurais sans cela mieux profité de la réussite
finalement du second spectacle Tâkasûtra,
de son rythme, de l'humour et la performance physique de ces leçons
de technique amoureuse, gymnastique enchaînée de plus en plus vite,
par Sophie Cattani, comédienne, et Herman Diephuis, danseur et
chorégraphe, comme le sont, ensuite, les considérations sur le
désir, le non-désir,, et finalement la petite mort et la mort tout
court (rétrospectivement, j'aime vraiment.. tout en trouvant que
c'est un tout petit peu gratuit, mais très réussi)
partir
le long de la rue Guillaume Puy, de la rue des Lices et de la rue
Jospeh Vernet entre corps plus ou moins transis (moi handicapée en
outre par trois bouffées d'un cigare-coupe-jambes rapidement jeté)
entre les claques des cartons porte-affiches, un petit côté fin de
vacances dans pays sain genre montagne ou Atlantique...
une
attente avec voisins sans grand agrément, que les portes de Calvet
s'ouvrent,
un moment de bonheur en sentant corps reprendre ses
dimensions sous la carresse du soleil couchant, dardé juste sur mon
gradin de bois, à l'abri du vent derrière un tronc de platane..
et
puis le frais est revenu mais me suis recroquevillée un peu, restant
dans le plaisir réellement grand (beau, oreilles et esprit en joie)
d'il se trouve que les oreilles n'ont
pas de paupières,
un spectacle qui est issu du succès de sa première version, comme
un brouillon, présenté l'année dernière dans les Sujets à vif
(le programme pour lequel je n'avais pas de place), conception et
dramaturgie de Benjamin Dupré (merveille de le regarder derrière sa
console vivre au même rythme et à l'unisson des deux interprètes),
d'après la haine de la musique de
Pascal Quignard, avec Pierre Baux, comédien, et Garth Knox et son
alto – intelligence du texte, intelligence de la mise en geste, en
voix, et de la musique (de Benjamin Dupré également).. une belle et
bonne chose qui devrait être retransmise en septembre sur France
Culture.
Retour, endossé deux
cardigans de fin coton, le temps de préparer dîner, et ces notes
comme peuvent, puis leur mise en ligne à l'aide d'un thé chaud.
Suis parfaitement bien, un rien endormie.
7 commentaires:
quignard en scène ..vraiment ça me fait envie... je prends note du rendez-vous FC
bienheureuse de " parfaitement bien"
merci Anna mais là j'écoute le vent et suis dans le désir et la crainte des cinq heures et demie dans la carrière cette nuit
Pascal Quignard tous les jours, on ne saurait s'en plaindre.
Et les corbeaux, bonne idée !
discussion en écoutant les deux corbeaux avec ma voisine, celui qui figure dans le spectacle de Quignard à Villeneuve est-il un corbeau comme le disais, ou un merle comme elle le pensait - avons tranché pour une corneille
Ce serait comme si la vie était douce.
Dérision, dérisoire, mais non car la culture est le meilleur rempart (d'Avignon) contre l'obscurantisme et la barbarie. Merci, mille merci du rendu talentueux de votre quotidien.
En grand souci n'ai pu te lire '( Jean et les abeilles)
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