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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, août 12, 2016

Après-midi chez Lambert – 2

Mais d'abord ce jeudi matin.. constat que, tant pis, c'était un peu prévu, le billet d'hier ne plait guère.. me dire tant pis (et penser que le constat vient en partie de mon humeur un rien maussade, suis dans un de ces jours où carcasse est d'une paresse contre laquelle lutter)
m'en aller dans beaux restes de mistral (mais nous n'avons pas ici d'incendie menaçant – je réalise qu'il y en a eu étonnamment peu de grande importance cette année autour de la mare nostrum, ou j'étais honteusement distraite) et sous ciel bleu légèrement jaspé
pour un petit marché dans les halles où manquent des étals, où manque un tantinet le choix, où manquent, délicieusement à mes yeux, les clients – une sieste comme un trou profond, une petite plongée dans Novarina et revenir à internet pour trouver le commentaire et le lien de Christine Jeanney sur le billet d'hier... contrairement à ma première réaction, lire tout de suite, en tentant de réagir – Adel Abdessemeb, à part les thèmes, même si sont assez consensuels et non pas choquants comme indiqué, et un plaisir du trait, de l'humour grinçant souvent, n'est pas dans ce que j'ai vu hier ce qui m'a le plus retenu.. dire pourtant que le côté lisse, presque industriel, gigantesque objet en pastique, est assez adéquat pour représenter la violence infligé avec froideur aux peuples, même si la douleur, elle, est échevelée - le premier billet, l'article du Monde de 2012 et les notes qui suivent... y rêver un peu et puis ouvrir la série de photos restantes, décider de me limiter à Andres Serrano (en déplorant que mes photos soient si mauvaises), et donc, en hors d'oeuvre
à Adel Abdessemeb puisque, en bas de l'escalier, ce sont deux de ses oeuvres qui, dans la grande galerie donnant sur la cour, introduisent à la violence infligée qui est le sujet de Serrano, un christ dessiné à grands traits vivants dont la tête souffrante est faite de métal tordu, et une colombe-porte-arme.
rester un peu en suspens, dans le à-quoi-bon, d'autant que mes photos me semblent spécialement navrantes, et puis poser la très décourageante – pas facile, faut dire , dans la lumière soigneusement pauvre de cette salle intérieure – capture des trois grandes photos de prisonniers encagoulés et les premières tentatives de capter les gravures de Goya (33, dont beaucoup que je ne connaissais pas, venues du Musée d’Oldenburg en Allemagne - « Pourquoi peignez-vous de telles horreurs ? » avait demandé son domestique à Goya. « Pour demander éternellement aux hommes de ne pas être des barbares », lui avait-il répondu) qui accompagnent la série, intitulée Torture, à propos de laquelle je me borne à copier, comme je viens de le faire pour Goya, une partie de la présentation qu'en fait Eric Mézil, le directeur de la Collection Lambert
Andres Serrano présente sa dernière série sur laquelle il a commencé à travailler en 2005 à la demande du New York Times Magazine. Grâce à sa rencontre avec l’organisation a/political dont le siège est situé à Londres et les ateliers de production à Maubourguet, à l’ouest de Toulouse, l’artiste a reçu tout le soutien logistique pour produire les oeuvres qui, comme toujours avec Andres Serrano, sont au coeur de l’actualité internationale.
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Torture d’Andres Serrano débute par les guerres de religion d’un autre temps obscurantiste, celui de l’Inquisition du Moyen Âge qui a sévi jusqu’à l’aube du Siècle des Lumières (à vrai dire, cela se limite aux instruments photographiés dans la première des salles qui vont suivre). L’artiste s’est ensuite engagé dans une cartographie photographique des lieux symboliques de la torture au XXe siècle : ceux des camps de la mort qui servaient l’idéologie nazie où six millions de Juifs furent déportés et tués ; ceux de la Guerre froide avec les prisons et les bureaux d’interrogatoire de la Stasi où la torture est machiavélique et psychologique ; ceux qui rappellent les pires moments en Irlande du Nord où après le fameux Bloody Sunday, certains prisonniers furent isolés du monde par une cagoule portée en permanence.
Ce questionnement photographique replace en filigrane l’humain au centre de cette démarche de l’artiste qui nous renvoie aux heures sombres de l’Espagne, du Pays Cathare, de l’Allemagne, de la Pologne, puis de l’Irlande et enfin de l’Orient et du fameux Axe du Mal, projet qui a justifié l’action de George W. Bush après les attentats du 11 septembre.
Et pour le reste, vais me limiter à quelques images de chacune des salles, comme ici, donc, la dureté cruelle de l'invention humaine et du métal opposé aux chairs.
La salle suivante, consacrée aux camps de concentration,
s'ouvre sur la dérision de l'interdiction de fumer à Dachau... 
Puis venait la banalité glaçante des locaux de la Stasi…
Pour la suite, n'ai rien noté, en suis restée à l'horreur et à cette gêne, toujours, ce malaise, éprouvé en ne pouvant freiner le plaisir esthétique né de ces images mises en scène, parfois, en reproduisant, des photos que je me refusais à voir quand elles faisaient la fierté des bourreaux, sans la médiocrité de leur vision.

Juste noté que cette femme, la seule dans ces salles, est une prisonnière au Soudan.

Et puis, cette vidéo, découverte aux heures d'insomnie du petit matin, qui montre l'élaboration des photos réalisées pour le New York Time inspirées par celles des soldats américains en Irak,
et de celles qui ont suivi, avec le soutien de a/political … et toute l'ambiguïté qui est sans doute ce qui donne force à son oeuvre.

3 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

On peut être aussi "torturé" par des photos : jusqu'où peut aller l'artiste, that is the question !

Brigetoun a dit…

là il partait sécurisé, puisque c'était une commande

Godart a dit…

Mais silence ne veut pas dire abstinence de la lecture de votre blog. Seulement un droit parfois à la paresse où au trop plein d'occupations. Sujet difficile et qui interpelle que celui que vous nous proposez aujourd'hui. Dans le petit film, Andres Serrano explique le danger ou l'ambiguïté de l'esthétisme pour mieux dénoncer l'horreur de la barbarie, de la torture et comble de la bestialité humaine : l'humiliation (ces corps contraints à des poses indécentes ). Propos non consensuels auxquels il me semble j'adhère à condition de ne pas en faire une exclusivité.