l'année prend de l'âge
en souriant, le ciel était clair, la lumière caressait les façades
et les corps quand sortaient de l'ombre des façades, mais la caresse
commence à être bien fraîche, et sa fraîcheur est venue bien
rapidement.
Aller et retour
teinturier/blanchisseur avec linge et quelques vêtements d'hiver
trop délicats pour que me risque à les défriper moi-même, en
ruminant mon envie grandissante de déserter internet où me sens
médiocrement à ma place, malgré la crainte, ce faisant,
d'accélérer les ravages de l'âge, cette petite obsession mauvaise
(reprends ma petite vidéo puisqu'elle a déjà été vue...)
me suis
replongée dans des mémoires manuscrits, que ne peux diffuser, et
pour rajeunir un peu paumée, je recopie un portrait publié par les
cosaques des frontières (là surtout je me sens de moins en moins à
la hauteur au milieu de ces auteurs)
http://lescosaquesdesfrontieres.com
Les deux
enfants
Il y avait ces
quatre familles que l'on rencontrait généralement ensemble, en
groupe, sur cette petite plage, sans très bien comprendre ce qui les
liait (en fait c'était, pour deux des pères, l'appartenance à la
même escadrille, et puis un cousinage, et puis un long voisinage).
Cela faisait
une petite société, aimablement ouverte aux apports extérieurs,
jusqu'à être un noyau autour duquel semblait s'amalgamer toute la
vie sur ce bout de sable, et ceux qui restaient en dehors ne
pouvaient s'empêcher de regarder, discrètement, vers eux.
Pourtant ils
n'étaient pas bruyants, ni arrogants, ils n'affirmaient pas leur
importance, ils étaient tranquillement, naturellement, chez eux, et
inconsciemment attirants, forts de leur ensemble, de ce qui était
entre eux, secret mais soupçonné, des accords, désaccords,
divergences, intérêts, goûts, souvenirs, amitié, amour,
histoires....
Ils étaient
beaux, ou un peu moins, ou promettaient de l'être plus tard, ou ne
le promettaient qu'à ceux qui avaient yeux indulgents, ils étaient
spirituels ou taiseux, ils étaient de tous âges, et cela créait
des sous-groupes, il y avait un père qui savait raconter de
merveilleuses histoires, un autre qui voulait toujours intervenir,
diriger, et qu'on neutralisait, une mère que l'on disait fofolle,
une jeune fille qui chantait des comptines, une adolescente à
livres, des gamins à courses folles (mais en prenant soin de ne pas
s'attirer de remarques), des fugueurs pleins d'idées, des êtres
minuscules branlant sur leurs pieds dodus dans le sable mou et puis
il y avait ces deux là.
Ils se mêlaient
aux jeux, mais finissaient toujours par se retrouver l'un près de
l'autre, il riait un peu plus qu'elle, elle parlait peu mais se
faisait écouter, et ils ne se parlaient pas, du moins pas quand ils
étaient avec les autres... ils semblaient ne pas en avoir besoin,
ils réagissaient, se déplaçaient ensemble.
Ils ne se
parlaient que dans les moments où ils se tenaient, un temps, à
distance, tournant le dos, et alors ils parlaient bas, elle tête un
peu levée vers lui, et il fallait qu'une mère les appelle pour
qu'ils reviennent tranquillement, silencieusement, vers le groupe.
Ils se tenaient
là tous les deux devant la mère, et elle se tournant vers l'amie de
passage, a présenté
- Marie, ma dernière fille
- et son amoureux
a dit la
dame...
Ils n'ont rien
dit, ils n'ont pas rougi, il a reculé et s'est éloigné, elle, elle
regardait la femme fixement, gravement, jusqu'à lui faire baisser
les yeux.. alors elle s'est assise et a pris dans le sac de sa mère
un petit gâteau qu'elle a rongé en regardant la mer.
Technique mixte
de Catherine Olivier
11 commentaires:
Des mémoires à remanier ? Une version pour lecteurs avides...
non … une partie des mémoires de mon grand père (assez passionnantes mais qui doivent rester privées)
j'adore la vidéo, natures mortes d'automne...ainsi que le texte, même déjà lu sur les cosaques... belle journée à vous
merci
par chance les Cosaques sont tous des écrivants uniques et donc précieux...
justement, Anna, je ne suis pas un écrivain
Images lumineuses,
somptueuse vidéo
le texte à l'unisson
sans âge ni saison.
merci
Jolie vidéo, images qui volètent...
j'ai un peu hésité - c'était un petit médicament
des mots et des images comme pharmakon, quelqu'un avait dit cela ;-)
Enregistrer un commentaire