Pour sortir de ma longue
introspection provoquée entre autres par la lecture des lettres
anciennes et mes relations (admiration pour sa grâce et son
rayonnement, amour et désaccords d'adolescente qui se confirment en
la connaissant mieux) à leur auteur, introspection que voulais
sèche, lucide, aussi objective que possible, et qui, outre
l'inconfort de la chose, revenait à tourner en rond, ai pensé à la
belle affiche du spectacle du soir, et à la vague de textes, romans
et théâtre sur les migrants, thème qui n'est pas nouveau mais qui
prend une force plus grande en cette rentrée, et suis partie à la
découverte de ce qui est programmé cet automne, avec des regrets
comme les spectacles regroupés dans Vaguamondes à La Filature que
ne verrai pas
http://www.lafilature.org/spectacles/vagamondes/?saison=saison-16-17
dont
il cielo non e' un fondale (regrets),
le quatrième mur d'après
le beau livre de Sorj Chalandon (qui ne parle pas vraiment de
migrants mais de la guerre au Liban) etc... sans parler du
spectacle de Dieudonné Niangouna que bien entendu je rêverais tout
spécialement (suis adepte) de voir et qui va se donner à Saint
Denis pour le Festival d'automne) Nkenguegi – et puis fait
un petit retour sur mes souvenirs de spectacles et de lectures plus
anciens, des plongées/redécouvertes, outre les documents des
organismes et surtout de la Cimade, un salut sur Oeuvres ouvertes la
suite de la série de témoignage remis en mots par Laurent Margantin
http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article3592
et ma foi il y en avait
tant que le jour a filé sans que le vois... ce qui malheureusement
ne change guère les difficultés des trajets et des accueils (ou
non-accueils)
et puis, à la tombée du
soir, me suis changée et suis partie vers le Chêne noir et le plus
récent spectacle de Gérard Gélas, la mise en scène de Migraaaants
un texte de Matei Visniec
(affiche et deux photos
provenant du site du théâtre http://www.chenenoir.fr)
comme ce texte
Ils viennent du
Pakistan, d’Afghanistan, de Somalie, d’Erythrée, de Syrie,
d’Irak, de Lybie, du Mali, d’Algérie, du Maroc, d’Haïti et de
beaucoup d’autres endroits où la vie n’est plus compatible avec
l’idée d’avenir. Ils sont des millions. Combien de millions ? On
ne sait pas. On les appelle «migrants» et ils ont une seule chose
en tête : la volonté d’arriver en Europe.
En l’espace de
seulement cinq mois l’Europe a paniqué. Les responsables
politiques mais aussi l’opinion publique ont compris que sur la
planète il y a environ 80 millions de personnes qui vivent dans des
régions en guerre et qui ont le droit, en principe, de demander la
protection internationale, donc l’asile politique en Europe. Les
frontières ont commencé à se refermer, le symbole du fil de fer
barbelé a ressurgi des entrailles cauchemardesques de l’histoire.
L’Europe ne sait pas ce qui lui arrive, ne sait pas ce qu’elle
doit faire, et la tentation est grande de renier ses valeurs pour
arrêter les millions de candidats à l’exil qui sont en route. Se
cacher derrière la pensée politiquement correcte afin d’éviter
de voir les réalités de ce monde et d’assumer l’action, ce
n’est plus pardonnable. Cette pièce se veut une proposition pour
une aventure artistique collective ayant comme but au moins une chose
: casser l’indifférence (Matéi
Visniec)
Nous allons donc
recréer sur scène, dans la simplicité que j’affectionne, un
univers de bouées de sauvetage, de bâches bleues, et les vagues de
la mer en continu.
Et nous y croiserons
des passeurs, des gens des Balkans, des marchands de rêves, un
président de la République totalement déboussolé, un conseiller
plus que cynique, une chanteuse voilée, des prostituées, un jeune
homme à qui on propose de vendre ses organes pour se payer la
traversée, et tant d’autres migrants…
Pour ce faire j’ai
réuni une troupe de sept beaux comédiens qui tous savent pourquoi
nous montons cette pièce et pas une autre (Gérard
Gélas)
une
série de scénettes jouées par sept acteurs qui cumulent les rôles
(un très bon qui est principalement ou me semble-t-il uniquement un
passeur à grande gueule et à principes, comme une rareté), un
plateau nu (juste deux bouées abandonnées au premier plan gauche)
un écran sur lequel est projeté le plus souvent un rivage, qui
parfois sert de paroi translucide derrière lequel passent des
silhouettes (pour les Balkans), qui est parfois neutre, ou éclairé
de couleurs violentes pour les scènes avec majorettes débitant des
slogans aux salons de la détection de présences ou des clôtures et
barbelés, une jeune femme qui avec son portable projette sur l'écran
du fond le titre de la scène à venir, des enchaînements rapides,
mais tout de même peut-être des boulons à resserrer et un
contraste un peu trop brutal entre les scènes majorettes et le reste
qui donne envie de les supprimer – et un texte qui dit à peu près
tout, a des moments de joli cynisme et présente de belles âmes qui
s'ignorent, mais fait un peu revue, manque un tantinet de force (ou
nous sommes blasés)
dans
le foyer, au dessus des tables des dîneurs ou buveurs, une jolie
exposition de Corinne De Battista
http://www.debattista.info/gallery2/main.php
dans
l'après-midi, j'avais découvert aussi le joli
(et mieux)
site de Matei Visniec http://www.visniec.com/accueil.html
(prix Jean Monnet de Littérature Européenne 2016 pour le
marchand de premières phrases roman,
aux Editions Jacqueline Chambon La
première phrase d'un roman est le cri irréfléchi qui provoque
l'avalanche… C'est l'étincelle qui déclenche la réaction en
chaîne… Une première phrase n'est jamais innocente....
4 commentaires:
Certains migrants n'auront pu, hélas, prononcer une première phrase.
Quand on pense que certaines municipalités (Nice, par exemple) refuse l'accueil, on se demande parfois dans quel pays - celui des Droits de l'Homme ? - on vit !
là il s'agit, même si le passeur leur conseille vivement de dire qu'ils fuient la guerre et change leur nationalité, de migrants c'est à dire de ceux qu'une ville ne peut officiellement accueillir (seulement aider les associations à le faire)
Pensées migratoires qui donnent à réfléchir sur soi et sur l'autre, migrants de l'intérieur comme migrants de l'extérieur. Merci.
c'était la première.. je pense que cela va prendre force
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