un peu de repassage : un
pantalon, une chemise en fin coton égyptien que j'aime bien pour sa
simplicité et légèreté et trois robes... avant de renoncer et de
laisser le reste impressionnant du tas tranquille - il était temps
et j'avais trop chaud - d'endosser pantalon jaune et la dite chemise
et de gagner dans un vent qui cette fois était bien frais et sous un
ciel à nuages galopants,
la maison de Vilar
et par le boyau sous
bâtisse et terre, le jardin de Mons, dans lequel, pendant trois
jours (de 11 à 13 heures), l'Adami organise une lecture dialoguée
par huit jeunes comédiens d'un texte original de Jean-Christophe
Dollé et d'autres écrits d'acteurs (ai cru en reconnaître, pour
les avoir déjà entendus avec plaisir, mais sans certitude)
Ombres et parfois
lumières, public assez rare mais attentif, Brigetoun sur le côté
pour ne pas pâtir de sa petite taille, des moments profonds, ou
légers, ou cachant la profondeur sous une légèreté
une tentative plus ou
moins réussie selon les moments de donner l'impression d'une quasi
improvisation, et quelques distractions comme le long harnachement,
pendant qu'une autre lisait un texte sans rapport, de celui qui avait
eu l'idée de lire son texte en survolant le jardin et s'en
repentait...
un agréable moment, et
une Brigetoun sur le chemin de retour se disant que plutôt que de
repasser ce coton, il aurait été plus simple et plus en accord avec
la température de sortir un tee-shirt épais à manches longues. (je fais une collection de jambes, et les regarde en leur jeunesse ferme avec envie, sourire)
Préparer lentement
déjeuner, le déguster, s'enfoncer longuement en sommeil, s'amuser
plus ou moins sincèrement, devant la collection de prises de parole
des députés en discussion générale de la loi de moralisation...
Endosser robe qu'aime pas
beaucoup mais qui est reste d'une fête familiale et donc, à mes
yeux, tenue presque «habillée» et vieille veste de smoking blanc,
plus épaisse que celle que traînais la veille, ne pas trop
débroussailler cheveux, faut pas exagérer, et m'en aller vers le
palais des papes, la cour d'honneur, le dernier grand spectacle,
celui qui dans les temps anciens était consacré à un grand ballet,
celui où se retrouvent rituellement, en plus forte proportion que
dans les autres représentations, les avignonnais qui étaient partis
en vacance en juillet.
La longue attente en trois
files avant d'accéder à l'escalier (et ma fierté, pour la première
fois j'ai eu droit comme les autres au détecteur de métaux - savent
pas que je suis dangereuse, sont pleins de gentillesse outrancière)
la longue attente que les
gradins se remplissent (j'avais une assez mauvaise place, au sixième
rang, assez loin des couloirs de circulation, mais grâce à Dieu
avec des voisins charmants qui m'ont évité les crispations et la
panique, et du côté où le mistral (assez brusque et bien froid
pour la première fois depuis le début du festival) est à peu près
désarmé...
Cette année il s'agissait
d'une soirée Femme noire qui
se donne le 25 et le 26) autour du poème de Senghor,
«Femme nue, femme
noire
Vêtue de ta couleur qui est vie,
de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre;
la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise,
du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur,
comme l'éclair d'un aigle
Vêtue de ta couleur qui est vie,
de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre;
la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise,
du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur,
comme l'éclair d'un aigle
(premiers
vers repris sur le site du festival... je ne sais sur quel rayonnage
se cache l'anthologie qui le contient... et du coup en sortant me
suis offerte l'ensemble de l'oeuvre poétique telle que la voulait
Senghor) sur une idée d'Angélique Kidjo et Isaac De Bankolé,
accompagnés par le saxophoniste camerounais Manu Dibango, le
guitariste congolais Dominic James et, pour l'afro trap, MHD.
Spectacle
de chansons, musique improvisée, et de cette poésie enflammée...
pas uniquement dans la célébration de la femme reine, mais de la
femme africaine engagée dans l'action,
mère, soeur, fille et amante, qui lance à l'humanité tout entière
le défi de sa beauté, de son intelligence et de sa générosité.
Comment
ne pas céder à l'envie d'écouter cela, de communier un peu à mon
échelle avec cela...
Alors
que dire, un peu une occasion manquée (à mes yeux au moins et à
ceux de quelques uns de mes semblables qui s'impatientaient du refus
des jeunes spectateurs maîtres des couloirs de s'ébranler après
les trois saluts rituels - handicapée j'étais pas de grands
personnages pour les saisir, n'ai capté que des bribes avant...)
parce que vraiment un peu trop tranche napolitaine avec des parfums
dissonants, de brusques changements de niveau..
Commence
par Angélique Kidjo superbe petite silhouette rose et bleu dans une
fenêtre à meneaux disant, mal, platement, les cinq premiers vers
d'une femme noire avant
d'enchaîner sur un chant superbement lancé
poème
repris un peu trop rugueusement (mais il a trouvé par la suite les
inflexions sans excès, les violences et le lyrisme calme que
demandent ces textes tout de même très lettrés, mais au souffle
puissant et aux splendides images) par Isaach De Benkolé soutenu par
la guitare de Dominic James (la colonne vertébrale discrète et belle
du spectacle), qui enchaîne sur l'élégie
pour la reine de Saba
Oui, elle m'a baisé,
banakh, du
baiser de sa bouche
Et ma mémoire en
demeure odorante de l'odeur fraîche du citron, du mimosa indien
Bruiteur des senteurs
en avril. C'était au temps du jardin de l'enfance...
Et un
beau moment, quand Angélique Kidjo, pénétrant sur le plateau,
accompagnée par le saxophone de Manu Dibango lui répond, d'abord
toujours aussi platement en lisant, puis merveilleusement, rendant
ainsi de leur sens aux mots, en chantant..
Une
brusque interruption, une déclaration de la chanteuse disant qu'elle
ne veut pas s'attarder aux malheurs et laideurs mais que cette nuit
soit une cérémonie à l'amour et demandant au public, avec un
insuccès paniqué puis un succès grandissant sans être total, de
reprendre le refrain de son chant, beau, entraînant, un rien trop
wordl musique, debout et en frappant dans les mains, et le public
étant ainsi excité, un retour au plateau nu avec un rond de lumière
et Isaach de Benkolé reprenant la poésie très écrite de Senghor à
un moment d'un lyrisme tout spécialement éloigné de ce que venions
de vivre, avec un temps de battement avant que le public ne le suive
sur ce niveau.
Un
chant profond d'Angélique Kidjo et puis, venant des gradins, le rap
de MHD, fine silhouette jeune descendant la rejoindre sur scène en
proférant, non sans charme, tous les lieux communs, les tournures
banales d'un rappeur très dans le vent sans immense talent...
et
noir revenu, un gigantesque portrait de Senghor projeté sur le mur,
Benkolé assis derrière une fenêtre disant dans la nuit la belle
(mais qui peut provoquer polémique par son trop grand pardon
fraternel, surtout venant, pour ceux qui ont réflexe politique, de
l'ancien président du Sénégal, le grand ami des présidents
français) prière de paix (pour grandes
orgues) dédiée à Georges et Claude
Pompidou avec de superbes passages et la prière répétée à Dieu
pour qu'il pardonne à l'Europe
Seigneur Dieu, pardonne
à l'Europe blanche !
Et il est vrai
Seigneur, que pendant quatre siècles de lumières elle jeté la
bave et les abois de ses molosses sur mes terres
Et les chrétiens,
abjurant Ta lumière et la mansuétude de Ton coeur
Ont éclairé leurs
bivouacs avec mes parchemins, torturé mes talbés, déporté mes
docteurs et mes maîtres-de-science.
Leur poudre a croulé
dans l'éclair la fierté des tatas et des collines...
et
plus loin
Ah ! Seigneur , éloigne
de ma mémoire la France qui n'est pas la France, ce masque de
petitesse et de haine sur le visage de la France
Ce
masque de petitesse et de haine pour qui je n'ai que haine – mais
je peux bien haïr le Mal.
Car
j'ai une grande faiblesse pour la France.
Bénis
ce peuple garrotté qui par deux fois sut libérer ses mains et osa
proclamer l'avénement des pauvres à la royauté...
….
Ô
bénis ce peuple, Seigneur, qui cherche son propre visage sous le
masque et a peine à le reconnaître...
lente
descente des marches, brouhaha rituel malgré le vent frisquet sur la
place, et retour vers les voitures, les hôtels, les demeures et
l'antre.
Demain,
fin du festival in avec, pour moi, Oreste, les Euménides (tremble),
Iphigénie en Tauride et Chrysothémis le petite dernière toujours
oubliée, la seconde partie (7 heures 40, entractes compris) de Santa
estasi – Atridi – otto ritratti di famiglia. Suivront
des petites incursions, j'espère - suis perdue devant la masse même
si certains se terminent - parmi les spectacles du off qui tiennent
jusqu'au soir du 30.
avais inversé, dans le compte-rendu, les noms des musiciens, en corrigeant j'en ai profitais pour ajouter deux des photos que Christophe Raynaud de Lage prenait trois rangs devant moi (et un peu à droite)
7 commentaires:
merci Brigitte pour ces 20 jours à vous suivre de spectacle en spectacle
j'aime
merci à vous
mais moi vais continuer quatre jours
J'ai vu hier soir et votre récit est très proche de ce que j'ai vu, entendu et ressenti...
Merci à vous.
(Une petite inversion des noms des musiciens, le saxophoniste est Manu Di Bango).
ouille, merci
j'ai corrigé les deux erreurs (sur quatre citations) et en ai profité pour ajouter deux des photos que je voyais, devant et un peu à droite de moi Christophe Raynaud de Lage prendre
De loin sa robe était bien jolie!
même impression !
En photo aussi (la robe) !!!
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