Devant mon café, sous la
douche, en faisant lessive, en donnant un coup de fer à un vieux
chandail et un pantalon de velours légèrement fripés par le
rangement anarchique de ma penderie, m'adressais à notre président,
le sermonnais du haut de ma sagesse, tentais de lui faire comprendre
les bases de la vie et de la République, et puis, avant que la rage
m'affaiblisse, ai empoigné mon couffin vide et m'en suis allée dans
les rues, qui avaient gagné lumière et perdu un peu tendresse,
joues fraîches dans la brise, nuque roucoulant dans l'air adouci par
un tournant de rue,
ai salué les petites
fleurs issues des serres municipales pour nous faire coin de campagne
printanier, heureuse de l'amélioration de carcasse, des pieds et
jambes qui n'étaient plus que légèrement douloureux et
consentaient à me faire démarche droite et presque ferme...
ai rencontré des jeunes femmes nues qui
hésitaient entre vêtures, pensé qu'il faudrait que je m'en occupe, plus modestement bien entendu, mais ma foi le chandail et le manteau léger m'étaient toujours
agréables et ma flemme de belle taille...
le printemps s'étalait
joyeusement sur les stands, les clients étaient rares et aimables,
me suis autorisé quelques petits plaisirs, et comme il n'y avait
plus de bidon d'huile que de trois litres, trop lourds pour moi, me
suis contenté d'un litre
ce qui me laissait place
et force pour un petit hortensia soldé qui durera ce qu'il pourra
mais me fait fête
mais suis passée sagement
entre les étals des brocanteurs de la place...
Les petites feuilles
délicieusement jeunes contre le bleu du ciel me faisaient rêver
d'avoir même candeur
et le vent léger jouait
avec les masses blanches, les effilochait, les modelait, les fronçait, en faisant écharpes transparentes (les a aussi
laissé se réunir un peu plus tard pour une petite averse)
Me suis replongée dans
les délices du fonctionnement si merveilleusement démocratique de
l'assemblée et la langue si claire, directe, sincère, de nos maîtres, dans l'après-midi.
9 commentaires:
Carcasse sait faire bouger la machinerie des os quand elle le veut cette capricieuse structure.
ele aide un peu les bonnes résolutions (tabac)
Nuque roucoulante !!!Et naïveté en espérance des petites feuilles Voilà un programme des plus réjouissant en ces jours d'incertitude
MERC
Désolée Merci pour le ratage du matin
en fait de ratage… on dirait du Brigitte
vous avez en vous, bien sûr, cette candeur des jeunes feuilles, et la faites verdoyer, chaque fois que le printemps (la nouveauté de la vie) vous atteint (c'est-à-dire : chaque jour, comme le donne à voir ce blog) -
et il me semble que vous avez acquis, par longue science, le pouvoir de sentir et dire (ou était-ce inné ?)
Photos caressantes et air cristallin.
Karim, j'aimerais bien mais il y a aussi beaucoup d'auto-persuasion… puisque je décide de durer, faut bien que je me facilite la chose
Godart c'était occasion à saisir, aujourd'hui l'est pesant et humide (sourire)
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