Tomber dans le jour avec
une innocence de nouveau-né, une interrogation joyeuse, et peu à
peu, écoutant, pensant ou plutôt réagissant sans trop de
réflexion, me laisser envahir par une mauvaise humeur, un dégoût
du monde et de moi...
Sortir dans la ville et
s'imprégner, inconsciemment, au fil de la marche, par la pureté du
ciel, l'amabilité et la modération de l'air, et puis quelques
ombres dessinées, la lumière traversant des feuilles, les couronnes
vertes parcourues de risées,
Céder à
l'auto-indulgence, négliger corvée et chez le petit marchand de
légumes et autres de la rue des Trois Faucons, remplir, en petite
danse d'évitements avec deux autres vieilles courtoises, un panier
de petits plaisirs
Pour achever de retrouver
visage serein et souriant rencontrer un ami...
et retrouver, en arrivant
sur ma place, l'évidence profonde du ciel avignonnais quand le veut
bien (en profiter... parce qu'il devrait nous quitter dans les jours
à venir).
Dans l'après-midi,
tourner une page de mon agenda et redécouvrir qu'un concert est
prévu dans la soirée, à temps pour changer de pantalon, faire un
chignon, le défaire,
attendre avec une petite
troupe (dont un couple de mes contemporains qui m'ont aimablement
retenue au moment où piétinant un peu je trébuchais, et m'ont
conseillé d'adopter comme eux une canne ce qui me tente fort, au
moins pour l'allure) vêtue mi en été mi en hiver (à cause de la
fraîcheur des voutes)
pour m'installer dans le
premier quart de la nef, et assister à un concert réunissant deux
organistes à l'orgue doré et à l'orgue de choeur, le choeur de
l'opéra et cinq solistes dont Ludivine Gombert soprano, presque
mezzo et de plus en plus bonne, Albane Carrère mezzo, Alfret
Bironien ténor (bon je n'aime pas les voix de ténor), un baryton à
la belle voix de miel sombre qui n'est pas assez intervenu pour mon
plaisir Gilen Goicoecha, et Pierre Guiral basse
Ai grimacé un peu au
début du concert, à l'écoute de l'allegro de la symphonie
«Jupiter» de Mozart dans une transcription pour deux orgues, pas à
cause du nom mais parce que (était-ce dû à mon écoute? sans doute en grande partie) je
pleurais Mozart, et que cet allegro me faisait penser à la joie
forcée d'une jeune femme un peu Greuze, mais qui aurait mangé trop
de fraises à la crème, qui se battrait avec elles, avec la mort du
petit chat, Julie qui lui a fait une crasse, la cruche cassée et le
Pierre qui part à la guerre.
Et puis, j'ai oublié en
écoutant la messe en C, K 259 pour orgue seul de Mozart
Suivaient deux nouvelles
transcriptions pour deux orgues de
l'allegretto de la
symphonie n°7 de Beethoven, nettement plus satisfaisante, même si
j'aurais bien conseillé à ce Beethoven un petit cocktail de
vitamines
et (fort bon) l'allegro de
la symphonie en fa majeur de Brahms
avant la récompense, le
très beau moment, une belle interprétation - chanteurs choeurs,
soprano, baryton, en leur mieux - de la très belle (à mon avis)
messe n°2 en sol majeur de Schubert (bon là ce ne sont pas eux mais
c'est aussi beau)
7 commentaires:
Le ciel est bon de bleutendre
oui, mais ce que j'ai aimé c'est le bleu violent sur ma place parce que c'est vraiment Avignon
Oh la belle musique !
Une innocence mozartienne : serait-cela un moment de bonheur ?
Claudine, n'est-ce-pas ?
Pierre cueillons ce que pouvons, un bleu foncé et musique, mais là surtout Schubert (comme souvent)
Comme un petit air de prè-ete dans le presque calme de la soiree avantla cohue
oui mais profiter d'aujourd'hui (mais moi c'est charroi d'une partie de l'hiver) avant la froidure et la pluie de demain (avec une belle musique dedans en principe)… du coup pas le courage de continuer à sortir fresques d'été et puis une envie de robe mais ne supportes plus les sandales à talon de six centimètres ni les tennis… cherche quand j'en ai le temps des bidules entre les deux et ne trouve rien - alors mes vieux croquenots près de rendre l'âme avec des jupes amples et légères, ça le fait pas (sourire, en fait m'en moque… la liberté des vieilles)
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