Matin, partir un peu avant
dix heures, flâner, mais pas trop... ai du accélérer, le long du
fleuve (à contre courant du fleuve d'autos),
en savourant (tant pis
pour vous, il fallait glisser vite le long des photos) sa beauté
jusqu'au tournant des remparts vers l'intérieur des terres, et la
scierie l'ancienne scierie) après avoir regardé, aux petites
heures, une vidéo – longue et pas indispensable mais qui m'a
suffisamment retenue pour que je la mette ici si cela vous intéresse
– ou du moins le lien, puisque je n'arrive pas à faire mieux, elle
est au milieu des photos sur
http://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2018/antigone
(il s'agit d'un résumé de ce que sont les ateliers théâtre
d'Enzo Verdet et Olivier Py - interviennent également la directrice
du centre pénitentiaire et le directeur du service d'insertion et de
probation - de la réaction des prisonniers acteurs et spectateurs,
des conditions etc...)
Arrivée dans l'ambiance
détendue de la scierie où co-existent le lieu destiné au Festival,
un théâtre du off, des toilettes en containers bien en évidence,
et une buvette dont le café très chaud n'est pas vraiment à mon
goût mais qui semble m'aimer avec un peu d'excès...
Une place au premier rang
dans la clim, et comme la dernière fois un déplacement à quatre
vingt dix degrés pour avoir vue latérale (tout aussi bonne) et
température plus brigetoun-compatible... me suis mise en écoute
bienveillante et ce fut presqu'immédiatement un plaisir bien plus
fort que ne m'y attendais..
Texte
de résentation sur le site (et photos de Christophe Raynaud de Lage
comme presque toujours)
Créon, leur oncle aux
manoeuvres de la cité, rend alors son premier arbitrage : honorer la
mémoire d'Étéocle et laisser Polynice sans sépulture. Antigone
n'accepte pas. Au-delà du jugement social, son frère a droit à la
dignité et elle fera tout pour lui rendre son honneur en un geste :
éparpiller la poussière sur son corps gisant. C'est pourquoi ce
texte-symbole a rencontré si fortement les questionnements des
acteurs-détenus du centre pénitentiaire « qui ont profondément
compris cette idée qu'un homme reste un homme, quoi qu'il ait
fait ».....
avec
(ça ça vient de la vidéo) parmi les thèmes qui ont retenu les
détenus : la dignité et : Antigone n'a pas posé de question de
genre parce que dans la révolte – plus difficile pour Ismène,
mais choisi par des acteurs plutôt virils ce choix différent prend
de la force.
Mais
ce qui faisait la force de mon adhésion c'était de voir,
d'entendre, le très beau et grand Créon au crâne et son accent qui
disait mon île natale, la fougue maladroit de l'Antigone en
survêtement, son débit, sa voix venu des cités d'Avignon, de
Toulon, des quartiers de Marseille, qui faisaient de leurs débats et
du texte de Sophocle quelque chose de vivant, corporel, et très
méditerranéen... (Ismène elle avait une cinquantaine d'années
sages et un accent plus purement provençal... etc... avec plus ou
moins de talent tous participaient à cet ancrage du débat venu de
la Grèce ancienne)... il y avait aussi, dans un trop petit rôle un
ébouriffant Tirésias...
Retour
dans les rues chaudes, déjeuner, lavage de cheveux et longue sieste
avant d'entreprendre lecture de quelques contributions parmi la masse
qui devient impressionnante de celles répondant à l'atelier de
François Bon http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211
(de belles découvertes.. je m'oublie pour ne pas être
impressionnée, sauf cet étonnement persistant, presque émerveillé, ce soutien de voir que suis lue)
et
un spectacle de Richard Brunel (adaptation et mise en scène) à
partir d'un roman de Julie Otsuka (traduit par Carine Chichereau)
certaines n' avaient jamais vu la mer,
l'histoire
de milliers de japonnaises envoyées, au début des années 20, aux
Etats-Unis. Elles y retrouvent un mari
et ont pour rêve de mener une vie idyllique dans le pays de la ruée
vers l'or. Les espoirs sont vite effacés... l'écrivaine déroule le
fil d'une histoire liant étroitement deux continents jusqu'à la
seconde guerre mondiale et qui aura pour résultat de stigmatiser une
communauté jusqu'à son invisibilité. Richard
Brunel pour faire entendre ces parcours
multiples réunis dans un même destin, … s'entoure de comédiennes
et comédiens, de leurs différences, et les conduit sur le chemin de
la choralité, du « nous » pour mieux souligner la succession
des disparitions, et interroger ce paysage américain qui absorbe
autant qu'il rejette. (comme
nous étions le soir de la première les deux
photos que j'ai raptées sur le site, doivent dater de la création,
à la Comédie de Valence je pense, et sont de Jean-Louis Fernandez
Un
décor modulable (les cabines du début avec les kimonos pendus
correspondent au premier épisode, le voyage de ces jeunes filles
(pour la plupart) vers des maris qui ne seront pas ce qu'elles
croyaient, et, comme plus tard les containers de produits agricoles
ou les machines à coudre glissent tout doucemet et naturellement
hors du plateau, un texte remarquable, tout de rythme comme le serait
un choeur, mais plein de vie, une polyphonie des acteurs et surtout
des artistes prenant en charge dans la même phrase des nous
différents puisque les situations (y compris dans la nuit de noce ou
les enfants plus tard ou...) sont différentes et même parfois
contrastées glissent à un je pour qu'une voix isolée reprenne un
noys etc... et qui sont toutes parfaitement et discrètement
touchantes malgré ce presque anonymat... ça et le ciel superbe
j'étais parfaitement heureuse, trise bien sûr mais heureuse,
dommage
que la dernière partie, parce que prise en charge par Nathalie
Dessay personnifiant les américains inquiets et désolés de la
disparition (avant l'oubli) de leurs voisins, blanchisseurs,
jardiniers japonais, soit juste un peu trop longue (ou était ce un
début de fatigue cez moi-) mais comme en même temps c'est bon...
juste un bémol
8 commentaires:
Si j'étais un os, j'aimerais augmenter Carcasse
On oublie trop souvent qu'Avignon est une ville sur l'eau ou proche de son flot large...
Merci pour ces photos qui nous donnent la fraîcheur que l'on cherche dans le dédale des théâtres et au milieu de la débauche d'affiches dont le papier se retrouvera bientôt recyclé pour l'année prochaine... :-)
Un bon cru ce "Jour 14" si je ne me trompe !
Dominique, l'est pourtant bien là le fleuve (et les dimanches des avignonnais se passent volontiers sur les rives de l Barthelasse (nous protège aussi de la sècheresse et des coupures d'eau du moins je crois)
Pierre c'est ce qui m'a semblé (par contre le billet fait un four - sourire)
J'ai la chance de voir le fleuve de mes fenêtres au dessus des remparts, mais la plupart du temps, Avignon ignore le Rhône car elle est toute tournée vers l'intérieur. D'ailleurs, les rives ne sont qu'on qu'un flot d'automobiles et ne donnent pas envie de s'y attarder, contrairement aux autres villes qui ont la chance d'avoir un fleuve. Il faut aller sur la Barthelasse pour jouir de son passage. Aucun plan d'urbanisme pense à éliminer cette circulation. Bien triste.
Quant à Antigone, j'aurais tant aimé voir cette pièce ! Merci pour ce compte rendu.
Xaroline et moi qui ne le vois pas mais en suis si près j'y pense rarement… mais là comme trajet vers la porte Saint Lazare ça s'impose, pas plus long et tellement plus calme (margé les vélos qui sévisse,t maintenant aussi sur le petit sentier le long du Rhône et le flot des voitures
Oui Antigone ! et aussi le spectacle du soir… une bonne journée hier mais s tu voyais le tas de repassage (bon je le vois pas) et l'habitation à remonter sur mon cheval ce matin (sourire)
Tiens, ma fille cherchait justement l'Antigone d'Anouilh hier !
mais là c'est Sophocle, assez différent (méditerranée … et en outre je pense qu'avec l'Antigone d'Anouilh la question du genre se serait posée davantage
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