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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, juillet 20, 2018

Avignon – festival – jour 14 – un Antigone méditerranéen et certaines n'avaient pas vu la mer.

Matin, partir un peu avant dix heures, flâner, mais pas trop... ai du accélérer, le long du fleuve (à contre courant du fleuve d'autos),
en savourant (tant pis pour vous, il fallait glisser vite le long des photos) sa beauté jusqu'au tournant des remparts vers l'intérieur des terres, et la scierie l'ancienne scierie) après avoir regardé, aux petites heures, une vidéo – longue et pas indispensable mais qui m'a suffisamment retenue pour que je la mette ici si cela vous intéresse – ou du moins le lien, puisque je n'arrive pas à faire mieux, elle est au milieu des photos sur http://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2018/antigone (il s'agit d'un résumé de ce que sont les ateliers théâtre d'Enzo Verdet et Olivier Py - interviennent également la directrice du centre pénitentiaire et le directeur du service d'insertion et de probation - de la réaction des prisonniers acteurs et spectateurs, des conditions etc...)
Arrivée dans l'ambiance détendue de la scierie où co-existent le lieu destiné au Festival, un théâtre du off, des toilettes en containers bien en évidence, et une buvette dont le café très chaud n'est pas vraiment à mon goût mais qui semble m'aimer avec un peu d'excès...
Une place au premier rang dans la clim, et comme la dernière fois un déplacement à quatre vingt dix degrés pour avoir vue latérale (tout aussi bonne) et température plus brigetoun-compatible... me suis mise en écoute bienveillante et ce fut presqu'immédiatement un plaisir bien plus fort que ne m'y attendais..
Texte de résentation sur le site (et photos de Christophe Raynaud de Lage comme presque toujours)
Créon, leur oncle aux manoeuvres de la cité, rend alors son premier arbitrage : honorer la mémoire d'Étéocle et laisser Polynice sans sépulture. Antigone n'accepte pas. Au-delà du jugement social, son frère a droit à la dignité et elle fera tout pour lui rendre son honneur en un geste : éparpiller la poussière sur son corps gisant. C'est pourquoi ce texte-symbole a rencontré si fortement les questionnements des acteurs-détenus du centre pénitentiaire « qui ont profondément compris cette idée qu'un homme reste un homme, quoi qu'il ait fait ».....
avec (ça ça vient de la vidéo) parmi les thèmes qui ont retenu les détenus : la dignité et : Antigone n'a pas posé de question de genre parce que dans la révolte – plus difficile pour Ismène, mais choisi par des acteurs plutôt virils ce choix différent prend de la force.
Mais ce qui faisait la force de mon adhésion c'était de voir, d'entendre, le très beau et grand Créon au crâne et son accent qui disait mon île natale, la fougue maladroit de l'Antigone en survêtement, son débit, sa voix venu des cités d'Avignon, de Toulon, des quartiers de Marseille, qui faisaient de leurs débats et du texte de Sophocle quelque chose de vivant, corporel, et très méditerranéen... (Ismène elle avait une cinquantaine d'années sages et un accent plus purement provençal... etc... avec plus ou moins de talent tous participaient à cet ancrage du débat venu de la Grèce ancienne)... il y avait aussi, dans un trop petit rôle un ébouriffant Tirésias...
Retour dans les rues chaudes, déjeuner, lavage de cheveux et longue sieste avant d'entreprendre lecture de quelques contributions parmi la masse qui devient impressionnante de celles répondant à l'atelier de François Bon http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211 (de belles découvertes.. je m'oublie pour ne pas être impressionnée, sauf cet étonnement persistant, presque émerveillé, ce soutien de voir que suis lue)
avant de me changer en dadame et de partir vers le cloître des carmes
et un spectacle de Richard Brunel (adaptation et mise en scène) à partir d'un roman de Julie Otsuka (traduit par Carine Chichereau) certaines n' avaient jamais vu la mer, l'histoire de milliers de japonnaises envoyées, au début des années 20, aux Etats-Unis. Elles y retrouvent un mari et ont pour rêve de mener une vie idyllique dans le pays de la ruée vers l'or. Les espoirs sont vite effacés... l'écrivaine déroule le fil d'une histoire liant étroitement deux continents jusqu'à la seconde guerre mondiale et qui aura pour résultat de stigmatiser une communauté jusqu'à son invisibilité. Richard Brunel pour faire entendre ces parcours multiples réunis dans un même destin, … s'entoure de comédiennes et comédiens, de leurs différences, et les conduit sur le chemin de la choralité, du « nous » pour mieux souligner la succession des disparitions, et interroger ce paysage américain qui absorbe autant qu'il rejette. (comme nous étions le soir de la première les deux photos que j'ai raptées sur le site, doivent dater de la création, à la Comédie de Valence je pense, et sont de Jean-Louis Fernandez
Un décor modulable (les cabines du début avec les kimonos pendus correspondent au premier épisode, le voyage de ces jeunes filles (pour la plupart) vers des maris qui ne seront pas ce qu'elles croyaient, et, comme plus tard les containers de produits agricoles ou les machines à coudre glissent tout doucemet et naturellement hors du plateau, un texte remarquable, tout de rythme comme le serait un choeur, mais plein de vie, une polyphonie des acteurs et surtout des artistes prenant en charge dans la même phrase des nous différents puisque les situations (y compris dans la nuit de noce ou les enfants plus tard ou...) sont différentes et même parfois contrastées glissent à un je pour qu'une voix isolée reprenne un noys etc... et qui sont toutes parfaitement et discrètement touchantes malgré ce presque anonymat... ça et le ciel superbe j'étais parfaitement heureuse, trise bien sûr mais heureuse,
dommage que la dernière partie, parce que prise en charge par Nathalie Dessay personnifiant les américains inquiets et désolés de la disparition (avant l'oubli) de leurs voisins, blanchisseurs, jardiniers japonais, soit juste un peu trop longue (ou était ce un début de fatigue cez moi-) mais comme en même temps c'est bon... juste un bémol
applaudissement
sortie dans la ville qui n'avait plus que des ilots d'animation et retour.

8 commentaires:

casabotha a dit…

Si j'étais un os, j'aimerais augmenter Carcasse

Dominique Hasselmann a dit…

On oublie trop souvent qu'Avignon est une ville sur l'eau ou proche de son flot large...

Merci pour ces photos qui nous donnent la fraîcheur que l'on cherche dans le dédale des théâtres et au milieu de la débauche d'affiches dont le papier se retrouvera bientôt recyclé pour l'année prochaine... :-)

jeandler a dit…

Un bon cru ce "Jour 14" si je ne me trompe !

Brigetoun a dit…

Dominique, l'est pourtant bien là le fleuve (et les dimanches des avignonnais se passent volontiers sur les rives de l Barthelasse (nous protège aussi de la sècheresse et des coupures d'eau du moins je crois)

Pierre c'est ce qui m'a semblé (par contre le billet fait un four - sourire)

Caroline a dit…

J'ai la chance de voir le fleuve de mes fenêtres au dessus des remparts, mais la plupart du temps, Avignon ignore le Rhône car elle est toute tournée vers l'intérieur. D'ailleurs, les rives ne sont qu'on qu'un flot d'automobiles et ne donnent pas envie de s'y attarder, contrairement aux autres villes qui ont la chance d'avoir un fleuve. Il faut aller sur la Barthelasse pour jouir de son passage. Aucun plan d'urbanisme pense à éliminer cette circulation. Bien triste.
Quant à Antigone, j'aurais tant aimé voir cette pièce ! Merci pour ce compte rendu.

Brigetoun a dit…

Xaroline et moi qui ne le vois pas mais en suis si près j'y pense rarement… mais là comme trajet vers la porte Saint Lazare ça s'impose, pas plus long et tellement plus calme (margé les vélos qui sévisse,t maintenant aussi sur le petit sentier le long du Rhône et le flot des voitures
Oui Antigone ! et aussi le spectacle du soir… une bonne journée hier mais s tu voyais le tas de repassage (bon je le vois pas) et l'habitation à remonter sur mon cheval ce matin (sourire)

Claudine a dit…

Tiens, ma fille cherchait justement l'Antigone d'Anouilh hier !

Brigetoun a dit…

mais là c'est Sophocle, assez différent (méditerranée … et en outre je pense qu'avec l'Antigone d'Anouilh la question du genre se serait posée davantage