Repasser un tee-shirt,
deux tuniques, défriper une robe trop compressée dans la penderie,
préparer sauce tomate et casserole avec dés de pomme et de poivrons
pour compléter un fond de bocal de pointes d'asperges (pour les
pâtes), un petit tour internet (pas trop ça me donne chaud et me fatigue),
et partir presque fraiche à temps pour espérer avoir une
place chez Golovine (en fait très en avance, et j'ai attendu
longtemps assise devant la porte en compagnie des danseuses et
danseurs ou acteurs qui se retrouvaient puis en face parce que me
sentais un peu étrangère)
Allais assister à la
géographie du danger un solo
d'Hamid Ben Mahi, le hip-hop quand il se rapproche de la littérature
sans perdre sa force,... adapté d'un roman d'Hamid Skif.... un
migrant dans une chambre de bonne, non plus simplement l'exil mais le
rejet, sa peur, sa peur qui devient animale, le lâcher prise.
L'homme assiste à sa propre chute, résigné, presque
soulagé. Un invisible
Tout un environnement
de danger l’entoure, alors plutôt mourir dans l’oubli d’une
chambre étriquée que vivre dans la crainte. Les gestes du danseur
deviennent alors répétitifs, le fond sonore perce les tympans,
l’explosion approche et l’homme tombe au pied des spectateurs
anéantis. Hamid Ben Mahi le performeur rappelle au passage qu’un
homme qui meurt sans la compassion de ses semblables, c’est une
humanité vouée a disparaître. Notes
reprises, je l'avoue, sur
https://www.boiteaculture.com/avignon-off-la-geographie-du-danger-au-golovine/
parce que paresseuse suis, parce que je trouve ça juste (si ce n'est
que une fois assise ai dodeliné passablement)
Retour
rapide (notant en passant qu'une troupe dont le spectacle chez Golovine est paraît-il fort beau a un sens tout particulier du partage de l'espace d'affichage) déjeuner, début de sieste un peu après quinze heures dont
j'ai émergé avec un rien de flou qui m'a incitée à rester cool
cool (en fait j'ai écouté d'une oreille à l'attention fluctuante
le débat improvisé par les députés à l'assemblée à propos du
traitement de l'histoire du faux policier – faut dire
qu'intervenant en plein examen d'une modification de la constitution
pouvant remettre en cause la séparation des pouvoirs....)
Et
puis douche, robe large de bonne boutique, suis partie vers le palais, rencontrant un oloé abandonné en route, dans la perspective un peu démoralisante de grimper vers la porte de service,
enfin presque (je continue à ne pas comprendre comment, lors de la
prévente, pour ce soir comme pour le dernier spectacle de la cour,
mon désir de premier rang a été réduit à cela... tant pis), pour
déboucher tout en haut du gradin, dominant la dégringolade de
peuple jusqu'aux privilégiés des premiers rangs, nettement trop
loin pour apprécier les subtilités des danseurs d'Emanuel Gat, mais
près du ciel et à même de goûter le squelette de sa chorégraphie
(les lumières, la chorégraphie de Story water et
les deux photos retenues portent sa signature ) et, ce qui
m'intéressait surtout, sans trop perdre de la musique interprétée par l'ensemble
moderne (que j'ai tant aimé suivre avant d'être coupée par mon
départ en terre de musique contemporaine quasi absente)
sauf
que... comme des guichets de vente étaient ouverts j'ai tenté le
coup et pendant que j'attendais un homme, se disant trop fatigué, a
proposé à la vente un billet – j'ai vu C pensé troisième rang,
dit banco, payé le prix d'achat alors qu'il voulait me faire un
prix, donné mon billet à une jeune femme en la prévenant que
c'était très très haut
et suis montée par le grand escalier,
l'envie d'assister au spectacle reprenant de sa vigueur... bon
arrivée dans le couloir j'ai vu que ma zone se situait à gauche,
dans les hauts, regardé le billet vu que oui c'était zone C mais
rang P, me suis maudite et j'ai grimpé, avant de me trouver devant
l'épreuve de redescendre une vingtaine de marches abruptes, si
paniquée que j'ai trouvé un bras secourable...
Finalement
je gagnais tout de même bien au change... et puis deux voisines
charmantes entre moi et l'escalier en cas d'envie de départ, me suis
carrée dans mon siège, prête à regarder (en fait ce fut surtout
écouter)
Au
surplus je reprends le début du texte de présentation
Une histoire c'est
comme l'eau
Que tu fais chauffer
pour ton bain
Elle porte les messages
entre le feu
Et ta peau »
(ici
ce serait plutôt comme l'eau que tu mélange d'eau froide pour la
faire couler sur ta peau, mais ça n'importe pas)
Comme l'eau du poème
soufi – donnant son nom à la pièce – porte les messages du feu,
le corps est le véhicule entre Emanuel Gat et la danse. Story Water
réunit sur le plateau de la Cour d'honneur du Palais des papes
danseurs et musiciens pris sous les feux d'une même lumière,
intensément blanche, qui sublime via les mouvements, une histoire en
temps réel, jamais exactement la même chaque soir. Tous sont
emportés dans le même présent par la musique mathématique et
méditative de Pierre Boulez, sauvage et physique de Rebecca Saunders
et celle composée par le chorégraphe et les musiciens selon les
procédés d'une danse où chaque interprète propose à l'ensemble
de s'accorder.
A vrai
dire pendant un long moment les mouvements des deux groupes de cinq
danseurs sur le plateau m'ont laissée assez ou très froide, j’étais
dans le plaisir de retrouver l'Ensemble Modern, regroupé sur la
droite, jouant Dérive 2 de Boulez... et puis au bout d'un
moment j'ai découvert des touches d'humour et une architecture plu
séduisante de la chorégraphie des dix danseurs réunis... Puis
après un moment de danse silencieuse, un nouveau passage au noir
l'installation d'un pupitre au centre du plateau, arrivée d'un
contrebassiste et la découverte passionnée pour moi de Rebeca
Sanders que ne connaissais pas et de sa musique qui pour moi valait
la soirée... alors je dois dire que n'ai plus eu qu'un regard vague
ou pas de regard du tout quand n'étaient pas entre la contrebasse et
la table de mixage en rive de l'orchestre, et que j’étais
parfaitement heureuse…
Puis la dernière partie : d'abord des
lettres blanches sur le mur rappelant les conditions de vie des
gazaouis, pendant que les danseurs dans des tenues colorées
hétéroclites interprétaient des danses d'inspiration folklorique
(un peu trop Europe centrale comme saveur pour le rapprochement, mais
c'était ma réaction personnelle) avant qu'elles s'intensifient avec
claques sur mollets er genoux sur une musique composée par le
chorégraphe et l'ensemble, des passages sous le titre de danse
terminant de façon joyeuse.
Sortie
sous un ciel qui semblait serein... et pendant que je notais cela
fort orage sur la ville, avec quelques grêlons et une Brigetoun en
chemise de nuit sortant sous un déluge pour libérer le plein
écoulement de la cour-terrasse (bouchonnage et nouvelle chemise de
nuit... m'en vais dîner)
5 commentaires:
On voit que vous aimez voir les vues hautes
mais je préfère les bues proches sur une scène (sourire)
Amusant une de tes photos au final ressemble à une fresque antique
Plaisir de revoir, grâce à vos photos, la Cour d'honneur toujours aussi magique : dernier spectacle que j'avais vu là, c'était justement de la danse - durant de la nuit à l'aurore - avec la troupe de Anna Teresa de Keersmaeker...
Arlette merci… facile en fait
Dominique mais là la magie (sauf cette musique) étaient nettement moins grande (et j'avais trouvé que cette magie du jour naissant était déjà un peu moins grande que celle du crépuscule sur les Célestins l'année précédente avec la même)
Enregistrer un commentaire