Au réveil ranimer
l'appétit qui m'était venu dans la tombée de la nuit d'hier pour deux spectacles l'un à 14 heures aux Halles et, s'enchaînant
naturellement comme distance et durée, au Théâtre du bout de là à
côté duquel je passe souvent sans jamais y être entrée, «Rire
barbelé» adapté d'un texte de Germaine Tillion, comédie musicale
qu'elle a écrite et jouée avec certaines de ses camarades à
Ravensbruck... ma foi, même si finalement je n'y suis pas allée, je
reprends la vidéo de présentation, juste pour marquer son existence
et puis
découvrir, un peu après six heures, la vidéo n°26 de l'atelier
d'été de François Bon, avoir des mots qui venaient en écoutant,
qui se révélaient hors de propos en avançant dans l'écoute et
batailler vaguement avec crâne mien et des phrases.
Trouver une
ossature sous la douche, poser une phrase et m'arrêter à la
jointure pour repasser une robe, un pantalon, sentir la fatigue
revenir en vague, préparer déjeuner pour une heure totalement
insolite tout en sentant ma volonté devenir calme ruisseau.
Alors tirer un
trait sur le spectacle (dommage, mais tant pis) de quatoze heures,
faire sieston et partir avant trois heures... en passant plage de
l'horloge voir par l'entrebaillement du portail de Jean Vilar un bout
d'une file d'attente d'une placidité gracieuse, être attirée,
découvrur qu'il s'agissait de la dernière des représentations de
«Paroles de Gonz'» un petit spectacle petite jauge que j'avais
décidé de négliger n'ayant jamais réussi à avoir de place pour
ses prédécesseurs. L'admission s'est arrêtée à moi, me préparais
à reprendre chemin vers au-bout-là-bas et puis une jeune femme est
venu dire : si on trouvera une place pour la dame, alors j'ai
suivi
pour me
retrouver au fond d'une salle fournaise, coincée entre deux grands
et jeunes gars pleins de prévenance mais non moins grands et larges,
voyant autant les deux chignons devant moi que les
acteurs-diseurs-danseurs, prise de panique par instant, mais fort
contente d'être là, partie de l a sympathie public-acteurs (et puis
ça dure un peu moins d'une heure)
fruit du travail de
Nadjette Boughalem en collaboration pour les ateliers d'écriture
avec Ema Dei et pour la petite chorégraphie, la «fluidité des
mouvements» avec Nabil Hemaïzia et des habitants de Champfleury (un
quartier d'Avignon) épatants de conviction, de talent et d'une
petite touche d'auto-dérision renvoyée à la face des puissants ou
installés de ce monde.
Paroles de Gonz' sont
ces paroles d'hommes à qui l'on a appris à ne pas être la gonzesse
mais bien le gonz, l'homme, le mâle, le combattant.... Du quartier
de Champfleury où elle a été longtemps animatrice, la metteuse en
scène a amené au théâtre un grand nombre d'habitants. Par le
travail de ce qu'elle nomme une pratique urbaine et contemporaine,
Paroles de Gonz' a donc été un espace où chacun a pu traverser son
émotion à partir de la question : comment « être » sans être
désavoué par les siens ? (la
photo est comme il se doit de Christophe Raynaud de Lage)
Sur
quoi me suis échappée seconde, avec une petite grimace d'excuse en
passant devant elle, pour respirer dans le jardin, m'enfoncer dans son sol..
et
m'en suis revenue, à travers les suceurs de glace, vendeurs de
ballons hideux, troupes fatiguées et familles plus ou moins lasses et heureuses.
Ecrire
une seconde phrase, abandonner... parce que ne me sentais pas au
mieux. Préparer dîner, lire quelques contribution à l'atelier d'été,
enfiler jean et vieille et aimée tunique légère après une douche
rapide…
et suis repartie, munie d'un de mes derniers billets du in
vers le cloître des Célestins, la première des trois représentations du dernier spectacle de Raimund Hogue (avait fait l'impasse, à tort si j'en crois Arnaud Maïsetti, en partie à raison si j'en crois des gens rencontrés qui l'aiment et l'avaient déjà vu interpréter – mieux à leur avis – ce spectacle, sur les représentations qu'il donnait, également aux Célestins, de «36 avenue Georges Mandel» peut-être plus émouvant et qu'il interprète seul – ce n'était pas vraiment un choix mais une question de gestion de calendrier)
vers le cloître des Célestins, la première des trois représentations du dernier spectacle de Raimund Hogue (avait fait l'impasse, à tort si j'en crois Arnaud Maïsetti, en partie à raison si j'en crois des gens rencontrés qui l'aiment et l'avaient déjà vu interpréter – mieux à leur avis – ce spectacle, sur les représentations qu'il donnait, également aux Célestins, de «36 avenue Georges Mandel» peut-être plus émouvant et qu'il interprète seul – ce n'était pas vraiment un choix mais une question de gestion de calendrier)
Là
«Canzone per Ornella» c'est une pièce qu'il a écrite pour Ornella
Balestra, danseuse de Béjart une
« offrande musicale » où l'art de
l'interprète consiste en une présence
attentive aux effets de la musique et du temps, aux résonances
imaginaires d'une voix et d'une mélodie. Ornella Balestra … est
une de ces danseuses qui incarnent au plus haut point le mélange
d'intensité et de rêverie propre à la danse de Raimund Hoghe.
Ici il entremêle pour sa danseuse les
textes de Pier Paolo Pasolini et les musiques des pièces déjà
traversées et celles qu'il reste à parcourir, jouant de sa capacité
à jongler entre virtuosité et divertissement, présence sibylline
et figure cinématographique.
Et
après avoir recopié, une fois encore, paresseusement, la
présentation de ce spectacle sur le site du festival (d'où provient
également la photo de Rosa Frank) je me bornerai (enfin
pas exactement bornerai, mais il y aurait beaucoup plus à dire) à
les
Célestins et les platanes (qui ont chanté et dansé avec à propos)
la lumière et les cigales aussi pendant la première demi-heure
parce qu'il avait fait le choix de commencer à 21 heurs 30 et de
bénéficier ainsi d'un peu de crépuscule... le plateau étant alors
peu éclairé, avec juste quelques spots qui mettait de l'or dans
l'eau du petit bocal carré avec lequel il se promenait,
s'allongeait, repartait jusqu'à se planter à la lisière de
l'arcade centrale (ils n'avaient pas touché au cloître qui était
le seul décor) pendant qu'elle arrivait, longue robe noire souple,
cheveux dorés, talons très hauts lentement sous la galerie aux
pierres légèrement dorées par un éclairage orienté vers les
voutes
que
la magie était là avec la bande son constituée de textes et
musiques interprétés par Milly, Giglioli Cinquetti, Chavela Vargas,
Marle Dietrich, Victoria de los Angeles, Judy Garland, Dalida,
Georges Delrue, Bobby Solo, Charles Aznavour, Leonard Bernstein et
peut-être surtout (même si ne comprenais que mal, cela n'avait pas
la plus légère importance) Pasolini
dans
la danse économe, les gestes amples, simples, d'une grace infinie de
la danseuse, dans sa façon de marcher comment marchent les danseuses
de Pina Bauch, son éclat, son assurance, ses fragilités, dans les
moments de danse «de salon» avec ou sans Luca Giacomo Schulte qui
sert avec flegme, précision et talent d'utilité, dans les rapports
entre Raimund Hoghe et Ornella Balestra, dans la très jolie scène
où elle lui «apprend» à danser etc....
et
que j'étais toute heureuse en applaudissant,
en sortant parmi le
bruissement des voix, en rentrant.
5 commentaires:
Sieston pour Carcasson Bridgeton en mission
Ce dernier spectacle..pour Ornella me ravit d'après tes mots et images cela m'aurait plut, impression que le public et certains spectacles se fatiguent
oui la ville est lasse, même si les danseurs de hop-hop étaient encore rue de la République hier soir il me semble (l'ai juste coupée en haut) et puis c'était dimanche
et la plupart des troupes du off jouent jusqu'au 29 (veut y aller mais suis vraiment à bout de rouleau…
enfin suis arrivée à faire mon texte pour l'atelier - là j'espère qu'il ne fera pas trop chaud devant l'ordinateur en août parce que j'ai bien un mois de lecture en août (je shunte deux tès appréciés sauf par moi et très longs…)
toujours amusant de comparer les critiques de spectacles du festival à la radio avec les récits ici
c'était méchant ? (je n'écoute jamais et lis rarement les critiques) tant mieux, ça m'agace toujours d'être consensuelle
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